Nids de poule à Montréal : 2015, la pire année d'entre tous selon les cyclistes

Le mois de juillet est à nos portes, mais l'état des routes de Montréal a plutôt des airs de printemps. Cyclistes, chauffeurs de taxi et garagistes sont unanimes : cette année est la pire qu'ils ont connue.

Un texte de Marie-Ève Maheu

Bruno Lajeunesse fait visiter Montréal à vélo aux touristes depuis sept ans. Avant le départ, le guide de « Ça roule Montréal » leur expose quelques règles de sécurité. « Montréal, c'est la capitale des nids de poule. Soyez très prudents! » lance-t-il à la douzaine de cyclistes réunis autour de lui.

Le guide dit devoir être de plus en plus vigilant pour éviter les chutes parmi ses groupes.

« J'ai l'impression qu'il y a plus de nids de poules cette année et que c'est plus long d'en venir à bout. »

— Bruno Lajeunesse, guide cycliste

Un constat que partage la présidente de Vélo Québec, Suzanne Lareau. « Je ne comprends pas qu'à la fin juin, on ait encore des trous béants dans l'asphalte. Je n'ai jamais vu la chaussée en si mauvais état. »

Les petites rues, prisées par les cyclistes, sont particulièrement endommagées, selon elle.

Voitures endommagées

Les chauffeurs de taxi sont aussi découragés. Abdel, qui sillonne la métropole depuis 14 ans, estime que presque aucun arrondissement n'est épargné. Les pires selon lui? « Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Le Plateau-Mont-Royal, Outremont, Hochelaga, il y en partout. Saint-Laurent, où j'habite, c'est l'enfer aussi! »

« Quand je dévie pour éviter un trou, je tombe sur un autre. Il y en a plein, plein. Il faut qu'ils fassent quelque chose. »

— Abdel, chauffeur de taxi

Rocco, avec ses 40 ans derrière le volant, est plus cynique. « La ville est pleine de trous. Ça n'a jamais été aussi pire. Mais ça ne sert à rien d'en parler. On ferme les yeux, pis on roule pareil! »

Le propriétaire du garage Roland dans Centre-Sud, Jacques Fortunus, constate l'impact sur les voitures. « Il y a beaucoup de jantes de pneu bosselées, de pneus crevés, de ressorts cassés. » Il estime que sa clientèle a augmenté d'environ 50 % par rapport à l'an passé.

La Ville en désaccord

Le responsable des infrastructures au sein du comité exécutif de Montréal, Lionel Perez, ne croit pas que cette année soit pire qu'une autre, même si l'hiver très froid a été dur sur les routes. « Il me semble que c'est ce que j'entends chaque année. Mais ce n'est pas notre constat. »

Il souligne que la Ville a ajouté 1 million de dollars à son budget pour colmater les routes cette année. Il est maintenant de 2,7 millions.

« On a fait le plus d'opérations dans l'histoire de la ville de Montréal, parce qu'on savait qu'il y a avait un besoin. À ce stade-ci de l'année, il peut y en avoir encore. On invite la population à contacter le 311 et nos équipes iront les remplir. »

La dernière opération mécanisée de la ville centre a eu lieu mi-juin. Plus de 100 000 nids de poule ont été colmatés depuis ce printemps. Le prochain blitz aura lieu à l'automne. Entre temps, ce sont les arrondissements qui poursuivent le travail.

Mais il n'y a pas que les nids de poule, soutient M. Perez. La Ville prévoit aussi dépenser 170 millions de dollars cette année pour réparer la chaussée, par rapport à 100 millions l'an passé, souligne le conseiller dans Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. « Il n'y a aucune administration dans le passé qui a investi autant que la nôtre pour réhabiliter et reconstruire nos rues. On va voir un impact au cours des prochaines années avec une nette amélioration. »

Les principaux utilisateurs de la route peinent à y croire.

Abonnez-vous à notre page sur Facebook

Suivez-nous sur Twitter

INOLTRE SU HUFFPOST