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«2001, l'Odyssée de l'espace »: 50 ans plus tard

Ce film fait quelque chose de rare dans le monde du cinéma, il respecte l’intelligence de son auditoire.
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MGM

Une rétrospective des grands films de l'année 1968 se termine ces jours-ci à la Cinémathèque québécoise. Il y avait un grand absent dans la liste de films choisis: 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick.

Pourtant le cinquantenaire de ce chef-d'œuvre a été célébré en grandes pompes lors du dernier Festival de Cannes, alors qu'une copie restaurée en 70 mm a été présentéepar le réalisateur anglais Christopher Nolan en présence de proches de Stanley Kubrick et d'une pléiade de stars du 7art. Tous s'arrachaient les rares billets disponibles pour cette unique représentation.

J'ai, pour ma part, vu ce film pour la première fois en 1980 au défunt cinéma York sur la rue Sainte-Catherine à Montréal lors d'une multiple «re-sortie» de ce film mythique. J'étais enfant et je croyais voir un genre de Star Wars avec des monstres de l'espace et des robots. Ce ne fut pas vraiment le cas et c'est le moins que l'on puisse dire... il y avait même un entracte!

Dans 2001, il y a effectivement un genre de robot me direz-vous, mais il n'y a pas grand chose d'autre pour occuper un enfant. Je n'y avais absolument rien compris. Mais telle était l'originalité de 2001: c'était un film de science-fiction pour adultes et c'est pour ça qu'on en parle encore aujourd'hui.

Le film a donc 50 ans, mais il n'a pas vieilli, parce qu'il ne ressemble à rien de ce qui s'était fait avant... ni depuis.

Un film d'exception

Il faut dire que peu de films de science-fiction ou d'horreur deviennent des chefs-d'œuvre du cinéma. Les experts et les critiques boudent plus souvent qu'autrement ce type de films pour différentes raisons. Ils sont soit trop commerciaux, pas assez originaux ou encore trop invraisemblables.

J'aime penser que l'objectif de Stanley Kubrick, au moment de la sortie du film, était de faire «travailler» l'auditoire... que celui-ci arrive à trouver un sens unique à son œuvre, un spectateur à la fois.

Bref, ils sont trop «quelque chose» et pas assez «autre chose». 2001 est l'exception qui confirme la règle. Ce film est franchement trop différent pour qu'il en soit autrement et 50 ans après sa sortie initiale, il demeure une énigme dans l'histoire du cinéma. Il s'agit d'un film qui n'aurait jamais dû être tourné compte-tenu de son style unique et difficile d'approche à une époque de grands bouleversements sociaux dont les impacts se mesurent encore aujourd'hui.

Hal, le robot-lentille

La nouvelle copie anniversaire présentée à Cannes est actuellement en tournée à travers le monde. Cette semaine, elle est à New York et revoir ce film 50 ans plus tard c'est constater à quel point il a bien vieilli et qu'il est, outre son titre, vraiment hors du temps.

En vérité, ce film fait quelque chose de rare dans le monde du cinéma, il respecte l'intelligence de son auditoire.

Un peu comme la musique des Beatles qui semble appartenir à une catégorie bien à soi, ce film défie le temps et les tendances. Il continue de susciter l'étonnement mais, il faut le reconnaître, tout ça était bien mal parti au moment de sa sortie.

Très mal reçu par la critique de l'époque, 2001avait après tout comme personnage principal un robot-gérant de vaisseau spatial appelé Hal 9000 qui n'était essentiellement qu'une voix apposée à une lentilleNikon 'Nikkor' 8-millimètre... de quoi troubler n'importe quel critique de cinéma en quête de performance d'acteur.

En vérité, le personnage principal de ce film c'est l'être humain et le sujet du film c'est son évolution.

Film de science-fiction, documentaire ou film de philosophie

Véritable leçon de cinéma, 2001,l'odyssée de l'espace, nous enseigne le rôle de la rigueur, de la préparation et de la recherche dans la production cinématographique. Film de science-fiction, documentaire, film de philosophie ou peu importe le qualificatif qu'on lui appose, ce film est en vérité une expérience artistique très personnelle en ce qui a trait à lui donner une identité et une sens.

J'aime penser que c'était l'objectif de Stanley Kubrick au moment de la sortie du film. Il voulait faire «travailler» l'auditoire... que celui-ci arrive à trouver un sens unique à son œuvre un spectateur à la fois. En vérité, ce film fait quelque chose de rare dans le monde du cinéma, il respecte l'intelligence de son auditoire.

En ce qui me concerne, 2001 est surtout un spectacle merveilleux pour les sens, au-delà du sens réel et du message profond de son scénario. Voir ce film c'est un peu comme aller au musée et le sujet de l'exposition est «Demain». Et le demain de 2001 ne semble pas vouloir devenir hier, car il continue de nous émerveiller, de nous surprendre et d'être pertinent... même après 50 ans. Je nous souhaite simplement tous qu'il soit présenté sur un écran québécois quelque part d'ici la fin de l'année.

Bon anniversaire Hal!

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