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28 juillet: c'est la journée mondiale contre l’hépatite

Découvrez la petite histoire de l'hépatite, une maladie qui affecte les humains depuis de nombreux siècles.
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Emplacement du foie dans le corps humain.
magicmine via Getty Images
Emplacement du foie dans le corps humain.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété que le 28 juillet de cette année est la journée mondiale contre l'hépatite. Et il y aura de quoi se réjouir.

Mais voyons d'abord l'organe victime de l'hépatite, le foie.

Le foie

Véritable usine chimique du corps humain, avec un poids de 1,5 kilogramme, le foie est l'organe le plus lourd de notre organisme. Siège de plusieurs centaines de réactions chimiques, le foie est celui qui fabrique le cholestérol dont on a parlé des fonctions, la bile qui permettra la digestion des graisses, la bilirubine, une protéine nécessaire aux globules rouges qui transportent l'oxygène dans les globules rouges, etc.

Le foie est aussi impliqué dans le contrôle des glucides et des protéines, ainsi que le stockage des vitamines liposolubles (qui sont dissoutes dans l'huile) A, D, E, K. Le foie sert aussi de réservoir pour la vitamine B12 et pour le fer.

Autre caractéristique inédite pour un organe humain: le foie a la capacité de se régénérer. On peut en enlever une partie et dans un laps de temps plus ou moins long (selon l'âge, le niveau de santé et la quantité de foie prélevé), le foie refabriquera la partie qu'on lui a enlevée.

Tout comme pour le cœur, les poumons, le cerveau et les reins, on ne peut pas vivre sans son foie, c'est un organe vital.

Quand le foie ne va pas bien, il pourra y avoir des conséquences très graves.

Les maladies du foie dans l'histoire humaine

«La jaunisse: si son corps est jaune, son visage jaune, ses yeux jaunes, si ses chairs deviennent flasques: c'est la jaunisse.» Voici la description de la jaunisse telle que formulée près de 700 ans avant Jésus-Christ sur des tablettes cunéiformes datant de l'apogée de l'empire assyrien.

C'est dans le traité d'Hippocrate que l'on retrouve pour la première fois le mot «ictère» pour décrire cette maladie du foie. Il viendrait de la fouine (en grec: iktos), ce petit mammifère dont les conjonctives sont jaunes. Hippocrate préconisait un traitement qui, comme il l'écrivait, «réussissait dans la plupart des cas». Il s'agissait de ramollir la surface du corps par des bains chauds et lubrifier les intestins et la vessie, car, selon l'illustre médecin, l'ictère est causé par une bile extrêmement agitée qui se fixe immédiatement au-dessous de la peau. Il était aussi d'usage d'appliquer des sangsues à l'anus.

On pouvait aussi comprimer le ventre avec des bandelettes de tissu et faire respirer des odeurs fétides. D'autres auteurs de l'époque citèrent la jaunisse, dont Rufus d'Éphèse et Arétée de Cappadoce. Ce dernier décrivait les symptômes de la maladie ainsi: «La peau prend une teinte verdâtre ou d'un jaune qui tire sur le blanc, si les malades ont une jaunisse plus marquée, le sommeil est assez calme, peu troublé par des rêves.» (Arétée de Cappadoce, Traité des signes, des causes et de la cure des maladies aiguës et chroniques, traduit du grec par M. L. Renaud, médecin, Paris, 1834, p.119).

Il faudra attendre près de 15 siècles pour que cette idée de maladie contagieuse refasse surface.

La première description d'une épidémie de jaunisse où l'on conseilla d'isoler les malades eut lieu à Mayence en Allemagne en 751 de notre ère. L'évêque de l'époque écrivit au pape Zacharie pour l'informer qu'une épidémie d'ictère faisait rage dans sa ville. Le Saint-Père lui conseilla d'isoler les malades pour éviter une contamination encore plus importante.

Il faudra attendre près de 15 siècles pour que cette idée de maladie contagieuse refasse surface. Elle est due à un médecin italien: le docteur Girolamo Fracastoro. Dans son ouvrage, paru en 1546 et intitulé De Contagione et Contagiosis Morbis, il soutient la thèse que les épidémies ne sont pas l'œuvre de la vengeance de Dieu, mais bien d'organismes vivants si petits qu'ils sont invisibles à l'œil nu, organismes qu'il nomme: seminaria contigionis.

Une jaunisse contagieuse

Il faut dire qu'on avait remarqué depuis longtemps que la jaunisse suivait les armées lors des opérations militaires. On parlait même de «jaunisse des camps» (Jean-Louis Payen, L'histoire de la jaunisse: Des Sumériens à nos jours, CHU Toulouse, Journée d'hépatologie de l'Hôpital Henri Mondor, 2001).

Les preuves de l'origine infectieuse s'accumulent

Ce n'est que vers la fin du XIXe siècle que la première observation scientifique permit de relier une infection à une jaunisse et ce fut le fruit du hasard et du sens d'observation d'un médecin allemand, le Dr A. Lürman. En effet, celui-ci, officier de santé publique, vaccina 1289 ouvriers des chantiers navals de Brème contre la variole. Lürman suivit ces ouvriers et remarqua que 191 d'entre eux eurent une jaunisse suite à ces vaccinations. Qui plus est, seuls ceux vaccinés avec un certain lot développèrent la maladie, probablement un lot contaminé. Il publia ses observations dans une revue allemande, mais sa découverte passa quasiment inaperçue (Lürman A., Eine icterusepîdemie, Berliner Klinish Wochenschrift, 1885; 22: 20-27).

Il n'existait pas de modèle animal auquel il aurait été possible de transmettre la maladie, ce qui limitait de beaucoup les expérimentations permettant d'isoler le ou les agents infectieux. La Seconde Guerre mondiale allait apporter l'occasion de contrer ce problème en utilisant des «volontaires» humains pour étudier la maladie. Durant ces expérimentations, on injectait différents produits humains (sang, urine, jus duodénal, selles, mucosités nasales, etc.) provenant de personnes présentant des jaunisses à des individus sains.

À part ces prisonniers de guerre plus ou moins volontaires (ça devait être plutôt difficile de refuser lorsqu'on vous offre le choix entre mourir sur le champ ou «participer» à une expérience), des enfants handicapés mentaux furent aussi recrutés plus tard pour prendre part à des expériences similaires. Après l'analyse de ces multiples résultats, il fut possible dès 1947 de dégager deux types d'hépatites: l'hépatite A, transmise par voie oro-fécale et l'hépatite B, transmissible par le sang et ses dérivés.

La découverte des agents viraux pour les hépatites A et B se fit durant les années 1960-1970. Le concept de virus Non A Non B fut élaboré vers 1975 par Stephen Feinstone, un grand spécialiste américain qui publia ses résultats dans le New England Journal of Medicine. Ce virus prendra le nom d'hépatite C en 1989, grâce aux recherches de Q. Choo, G. Weiner et de leurs collaborateurs.

Les traitements

Dans un prochain article, nous expliquerons les divers traitements disponibles contre l'hépatite. Comme vous le verrez, ceux-ci diffèrent selon qu'il s'agisse de l'hépatite A, B ou C. Et il y a de très bonnes nouvelles.

De nouvelles découvertes nous permettent d'espérer que, dans un avenir rapproché, il sera possible de guérir l'hépatite C et fort probablement de l'éradiquer de la surface de la Terre. Nous y reviendrons.

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