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30 ans d'aide aux victimes d'actes criminels

Il y a 7 ans déjà, un inconnu, une arme blanche à la main, m'agressait sexuellement sur la rue.
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Andréanne Rioux, artiste multidisciplinaire, nous propose une œuvre symbolique inspirée du processus de rétablissement de l’intégrité personnelle effectué grâce au passage à travers les différents services offerts par les CAVAC. Dans cette œuvre, elle choisit d’illustrer la sérénité retrouvée par les personnes victimes d’actes criminels à qui des ressources et des services ont permis de mieux répondre à leurs besoins spécifiques. Ainsi, bien que le processus de développement personnel, représenté par l’arbre, ait été fragilisé par un acte criminel, la qualité des services assure un toit, une sécurité et un support face à la gamme d’émotions que la personne victime est susceptible de vivre à travers son processus de guérison. La lumière, quant à elle, éclaire dans l’obscurité des différentes démarches nécessaires au respect des droits de la personne. L’individu, accompagné dans le casse-tête de ces démarches par différentes ressources travaillant ensemble à la mise en place des conditions qui favorisent le rétablissement de l’intégrité personnelle, retrouve alors sa sérénité, son équilibre et sa paix.
Intégrité (2015), toile par l'artiste Andréanne Rioux
Andréanne Rioux, artiste multidisciplinaire, nous propose une œuvre symbolique inspirée du processus de rétablissement de l’intégrité personnelle effectué grâce au passage à travers les différents services offerts par les CAVAC. Dans cette œuvre, elle choisit d’illustrer la sérénité retrouvée par les personnes victimes d’actes criminels à qui des ressources et des services ont permis de mieux répondre à leurs besoins spécifiques. Ainsi, bien que le processus de développement personnel, représenté par l’arbre, ait été fragilisé par un acte criminel, la qualité des services assure un toit, une sécurité et un support face à la gamme d’émotions que la personne victime est susceptible de vivre à travers son processus de guérison. La lumière, quant à elle, éclaire dans l’obscurité des différentes démarches nécessaires au respect des droits de la personne. L’individu, accompagné dans le casse-tête de ces démarches par différentes ressources travaillant ensemble à la mise en place des conditions qui favorisent le rétablissement de l’intégrité personnelle, retrouve alors sa sérénité, son équilibre et sa paix.

Le 24 janvier dernier, le Centre d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC) soulignait sa trentième année d'existence. Notamment en compagnie de l'honorable Herbert Marx – à qui nous devons l'adoption, en 1988, de la Loi sur l'aide aux victimes d'actes criminels et, de fait, de la création du premier CAVAC cette même année –, de la ministre Stéphanie Vallée et d'une centaine de partenaires et collaborateurs aux réseaux des CAVAC. Au cœur de cette journée, la présentation de la nouvelle image et des nouveaux outils des CAVAC, mais surtout, l'annonce par la ministre Vallée d'un fond supplémentaire de 25 millions de dollars destiné à l'indemnisation aux victimes d'actes criminels. Enfin, ce fut aussi l'occasion de m'y présenter en tant qu'ambassadrice des CAVAC.

Benoit Malo

Il y a 7 ans déjà, un inconnu, une arme blanche à la main, m'agressait sexuellement sur la rue. Depuis, il va sans dire que j'ai parcouru beaucoup de miles, notamment grâce au soutien et compagnie d'intervenant(e)s du CAVAC. Cela, dans un premier temps, en tant que personne dans le besoin et, dans un deuxième temps, comme collaboratrice lors de certains évènements. Cette année, les CAVAC me font l'honneur de les représenter, officialisant ainsi mon rôle des dernières années ; ce qui du coup me donne la possibilité de mettre à profit plus largement mon épreuve personnelle au service des autres. Afin d'entamer ce mandat, il m'a donc semblé opportun de rendre publics ici les divers éléments présentés lors de la journée d'anniversaire des CAVAC, de même que le message que j'y ai livré. Car, à l'occasion du rassemblement, on m'avait demandé de parler de mon histoire.

Parce que je crois que les questions sérieuses peuvent faire sourire et ainsi, en usant de nouvelles voix/voies, elles peuvent sensibiliser autrement et ainsi trouver une nouvelle écoute.

Pour ce faire, j'ai eu envie de me renouveler et c'est à travers une petite histoire personnelle que je tenté de transmettre un peu de mon vécu. Parce que je crois que les questions sérieuses peuvent faire sourire et ainsi, en usant de nouvelles voix/voies, elles peuvent sensibiliser autrement et ainsi trouver une nouvelle écoute.

L'anecdote s'est déroulée y a quelques semaines à peine. Mon cousin, beaucoup plus jeune, m'a écrit à brûle-pourpoint :

« Si j'avais été à Montréal lorsque tu t'es fait agresser, qu'est-ce que j'aurais pu faire pour t'aider ? »

J'ai pris une journée entière pour réfléchir à sa demande. Il n'y avait aucune autre mise en contexte dans son approche, mais, comme on ne tient pas une correspondance régulière, j'ai senti que c'était une question importante pour lui.

Alors... comment mon cousin qui avait à peine 18 ans à l'époque, mais ayant le gabarit d'un joueur de football, aurait bien pu m'aider dans cette épreuve ? Comment aurait-il pu me soutenir dans les semaines et les mois qui ont suivi ce que j'appelle maintenant mon « accident » ? De manière très réfléchie, sincère et tout aussi directe, je lui ai répondu :

« Je crois, tout simplement, en m'offrant de me raccompagner des fois en soirée, quand j'avais envie de sortir, changer d'air, voir du monde... Savoir que j'ai quelqu'un sur qui compter et qui peut m'offrir protection, m'aurait aider à me réapproprier une vie "normale" dans les mois qui ont suivi. Ça m'aurait aidée à sortir de ma coquille plus vite. »

Et là, de m'expliquer le fond de sa pensée :

« Parce que tu sais, dans tout le débat actuel sur l'aide aux victimes d'agression sexuelle, en tant qu'homme proche d'une victime, on ne nous aiguille pas sur la manière d'aider. C'est une question que je m'étais aussi posée à l'époque, si j'avais pu faire quelque chose pour toi. En tout cas, sache que je t'aurais accompagné partout, même s'il avait fallu que je traverse toute l'ile de Montréal à pied et à métro ».

Dans l'échange qui s'est ensuivi, j'ai approfondi ma réponse en lui expliquant qu'en fait, il n'y a pas une bonne façon d'aider une victime d'agression sexuelle. Dans mon cas, par exemple, j'ai d'abord eu un accompagnement exemplaire du corps de police de la Ville de Montréal. Puis il y a eu l'aide du CAVAC, autant dans les moments d'anxiété les premières semaines ayant suivi l'agression que pour m'épauler dans mes démarches plus administratives. Et, j'ai eu un soutien financier de l'IVAC qui m'a permis de prendre le temps dont j'avais besoin pour vivre et comprendre ma douleur, comme j'ai été diagnostiquée avec un choc post-traumatique.

Avec le recul, j'ai réalisé que toute cette assistance provenant de divers professionnels, tout le réconfort que cela m'a procuré en même temps que d'ouvrir mes perspectives sur la complexité humaine, m'a incitée à une démarche proactive pour m'en sortir.

Avec le recul, j'ai réalisé que toute cette assistance provenant de divers professionnels, tout le réconfort que cela m'a procuré en même temps que d'ouvrir mes perspectives sur la complexité humaine, m'a incitée à une démarche proactive pour m'en sortir. Ce qui me permet enfin de qualifier l'ensemble de mon processus, du 15 janvier 2011 à aujourd'hui, de positif. Cela m'a même amenée dernièrement à réaliser que je ne me sentais plus comme une victime, je suis tout simplement une personne grandie d'une expérience passée ; un constat qui me permet d'ailleurs d'en parler et de la partager. En d'autres mots, d'occuper maintenant ce rôle de représentation auprès du CAVAC.

Pour finir cette brève anecdote, je souhaite souligner une réalité implicite dans tout ce que je viens de relater dont nous ne parlons pas suffisamment : subir une agression sexuelle plonge dans un état de mal-être qui se déploie au-delà de la seule atteinte à l'intégrité physique. Oui, ça nous choque tous et ça nous rend toujours tristes d'apprendre qu'une personne a souffert de violence physique, car cela touche facilement notre imaginaire. Toutefois, le plus dommageable, ce sont ses répercussions psychologiques, lesquelles sont singulières pour chaque personne dépendamment de ses antécédents, de son sexe, de la nature de l'agression, et ainsi de suite.

C'est pourquoi j'ai conclu l'échange, entre mon cousin et moi, en appuyant que :

« Selon moi, le mieux à faire en tant que proche d'une victime, toutes situations confondues, c'est d'être à l'écoute des besoins de la personne, de lui offrir de l'amour, ne surtout pas se prendre pour un professionnel, mais, plus modestement, tenter de se renseigner sur les impacts possibles d'une agression sexuelle afin de développer un tant soit peu d'empathie par rapport à ce qu'elle vit. »

À la lumière de ces dernières recommandations et de ma propre expérience, je termine donc en encourageant toutes les victimes, mais aussi les proches des victimes, à utiliser les ressources d'aide professionnelles, telles que les CAVAC. Puisque c'est en profitant du soutien qui nous est offert qu'on peut arriver à s'en sortir !

Outils des CAVAC :

La nouvelle application mobile CAVAC, disponible sur App Store et Google Play, et une page Facebook des réseaux que je vous invite chaudement à suivre : https://www.facebook.com/Le-R%C3%A9seau-des-CAVAC-Centres-daide-aux-victimes-dactes-criminels-237419546786216/

Sans oublier les slams « coup de poing » de David Goudreault, lequel a déjà été intervenant dans un CAVAC de l'Estrie. Pour sensibiliser votre entourage, je vous invite à partager : http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/Ecoutez-l-estrie/segments/chronique/43985/edito-slam-david-goudreault-agressions-sexuelles-allegations-radio-canada-estrie

Benoit Malo
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