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4 choses que je fais tous les jours pour élever un fils féministe

Ce n'est pas facile d'élever un petit féministe... Pas plus que de l'être soi-même, parfois!
Je n'arriverai peut-être pas à convaincre mon fils que Wonder Woman est trop cool, mais moi aussi, je peux être une vraie super-héroïne à ma manière: un modèle féminin plein de force, avec de vraies capacités.
Je n'arriverai peut-être pas à convaincre mon fils que Wonder Woman est trop cool, mais moi aussi, je peux être une vraie super-héroïne à ma manière: un modèle féminin plein de force, avec de vraies capacités.

Les petits garçons sont adorables. Ils se tiennent la main et se racontent des secrets; ils sont aussi prompts à pleurer qu'à éclater de rire. Les petits garçons ne demandent rien d'autre que de donner et de recevoir de l'amour... Jusqu'à ce que le fléau de la masculinité toxique leur tombe dessus comme un piège se referme sur une souris, en les changeant du tout au tout.

Maman féministe d'un petit de 5 ans, je redoute le jour où il devra devenir «un homme».

Dans mes pires cauchemars — de ceux qui vous réveillent en sursaut, le cœur battant la chamade —, j'imagine un avenir où ma chair et mon sang, comme les garçons de mon lycée autrefois, donneront à une fille l'impression d'être complètement transparente. Un monde où il niera sans vergogne l'existence du privilège masculin, et descendra sur Twitter le remake version féminine d'un film... Il n'y a qu'à voir la capacité de contagion des clichés sexistes dans la cour de récré.

Si une femme de ma trempe, engagée à fond contre le sexisme sur Internet, subit encore les attaques plus ou moins subtiles de la société envers la valeur de mon sexe, comment attendre d'un enfant en pleine construction qu'il ignore spontanément ce bruit de fond?

Ce n'est pas facile d'élever un petit féministe... Pas plus que de l'être soi-même, parfois! Du haut de mes 20 ans d'expérience, je donne encore des instructions simples à mes employés sur le ton de la suggestion. Si une femme de ma trempe, engagée à fond contre le sexisme sur Internet, subit encore les attaques plus ou moins subtiles de la société envers la valeur de mon sexe, comment attendre d'un enfant en pleine construction qu'il ignore spontanément ce bruit de fond?

Mais c'est bien pour ça qu'il faut mener le combat. Et dans cette guerre pour sauver l'âme féministe de mon fils, voici les batailles que j'ai choisi de livrer.

1. Lui apprendre que non, c'est non

À l'âge de 14 ans, j'ai été agressée sexuellement par un groupe d'adolescents. Il serait certes plus commode d'en faire des monstres — mais ces jeunes n'étaient que des garçons comme les autres, comme mon fils. Des garçons qui n'avaient peut-être pas même conscience de la gravité de leurs actions, en cette journée qui a bouleversé le cours de ma vie.

Quelle différence cela ne ferait-il pas si on apprenait à tous les petits, clairement, simplement et en continu, que «non» veut vraiment dire «non»!

Si je ne dois réussir qu'une seule chose en tant que mère, ce sera d'inculquer à mon fils le respect de l'intégrité physique des autres.

Si je ne dois réussir qu'une seule chose en tant que mère, ce sera d'inculquer à mon fils le respect de l'intégrité physique des autres.

À son âge, cela implique de poser des limites claires au niveau du contact et du jeu. La phrase «Chacun est le seul maître de son corps» pourrait devenir la devise de la famille. Mon fils adore qu'on le chatouille, mais à la seconde où il me demande d'arrêter, j'arrête — même en le voyant fou d'excitation et plié en deux de rire. S'il n'a pas envie d'être embrassé ou câliné, je respecte ses désirs, même si je meurs d'envie de l'attraper pour couvrir son petit minois de bisous. Moi dont le consentement a été bafoué, je veux à tout prix lui faire comprendre qu'il a le droit de refuser. Il sait aussi que quand une personne avec qui on a le moindre contact nous dit «non», on doit arrêter immédiatement. En toute situation.

2. Lui apprendre la bienveillance envers le corps de l'autre

En plus d'être bien dans son corps en grandissant, je veux que mon fils respecte celui des femmes et sache remettre en question les normes de beauté de notre société patriarcale.

Pour lui parler du surpoids, je me suis inspirée de l'exemple d'Allison Kimmey, une maman dont le HuffPost américain a récemment parlé suite à son post sur Instagram, où elle expliquait sa réaction quand sa fille l'a traitée de grosse.

Comme Allison, j'ai expliqué à mon fils qu'on a tous de la graisse, pour protéger nos muscles et nous donner de l'énergie. Certaines personnes en ont plus ou moins, mais ça n'a aucune incidence sur leur valeur. L'important, ce n'est pas la quantité de graisse; c'est d'être fort et en bonne santé.

Je m'efforce aussi de montrer l'exemple avec une attitude positive envers mon propre corps, en évitant de le critiquer devant mon fils. Si en grandissant, il considère mes formes comme une marque de force et de beauté, j'espère que son regard sur les autres femmes en sera influencé.

3. Lui apprendre à accepter ses émotions

Les règles de la masculinité toxique voudraient dire à mon fils qu'un garçon ne doit pas pleurer, qu'il n'a pas droit à la vulnérabilité ou à la tristesse et qu'il lui est interdit de mettre des mots sur ses sentiments.

En tant qu'homme en devenir, il doit savoir laisser l'émotion monter en lui, s'exprimer, puis s'effacer. Je m'efforce de ne jamais lui dire «Ne pleure pas» ni «Tout va bien». Je préfère que mes paroles reflètent ce qu'il ressent: «Oui, c'est triste de devoir dire au revoir à des amis. Moi aussi, ça me ferait de la peine», ou «Je vois bien que tu es en colère».

Après la mort de notre poisson Boonga Boonga, j'ai fait un câlin à mon fils en larmes; je lui ai dit qu'il avait le droit d'être triste et de pleurer, aussi longtemps qu'il en aurait besoin. J'ai également ajouté: «Quand il t'arrive quelque chose de difficile, il faut accepter tes émotions, les vivre pleinement, même si ça fait mal.»

Je lui ai appris que quand on laisse la porte ouverte à ses émotions, avec le temps, elles deviennent de moins en moins douloureuses. Et on a pris l'habitude de se demander régulièrement comment on allait. «Comment tu te sens, maman?» m'interrogeait-il, et je répondais: «Je suis heureuse d'être avec toi, et triste parce que Boonga Boonga est mort. Et toi?»

Lui apprendre à accepter la douleur est essentiel pour son futur bien-être émotionnel.

4. Lui montrer la force des femmes

En tant que maman célibataire, j'ai souvent été obligée de «me débrouiller» — qu'il s'agisse de brancher une console de jeu ou de trouver quel tournevis prendre pour changer les piles d'une voiture télécommandée. Ça implique que mon fils me voie accomplir toutes sortes de tâches dans la maison, sans aucune séparation entre ce qui revient à l'un ou l'autre sexe (et il en va de même pour son papa).

Les enfants de mères célibataires «ont souvent beaucoup de respect pour tout ce qu'elles accomplissent», d'après Tim King, fondateur de l'association Urban Prep Academies, qui prépare des garçons afro-américains de familles peu fortunées pour leurs études supérieures — une citation également apparue dans le New York Times. Peut-être est-ce «l'effet débrouille» qui explique en partie cette situation.

Mon fils me voit également gagner l'argent du foyer: d'après une étude, ça signifie qu'une fois adulte, il consacrera plus de temps aux tâches de la maison et à l'éducation des enfants. Mais que vous travailliez ou pas, il existe bien des manières de montrer votre (immense) force à vos petits garçons.

Je sais m'exprimer haut et fort, mais je ne suis qu'une seule voix parmi tout un chœur susceptible de l'influencer.

Je sais m'exprimer haut et fort, mais je ne suis qu'une seule voix parmi tout un chœur susceptible de l'influencer. Certaines lui diront encore que le rose, c'est pour les filles et que les voitures sont pour les garçons, que Wonder Woman n'est pas aussi cool que le dernier super-héros de bas étage qui le fait rêver.

Je n'arriverai peut-être pas à convaincre mon fils que Wonder Woman est trop cool, mais moi aussi, je peux être une vraie super-héroïne à ma manière: un modèle féminin plein de force, avec de vraies capacités.

Ce blogue, publié à l'origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour le HuffPost France.

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