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A Jalalabad, meeting éclair d'un favori de la présidentielle afghane

A Jalalabad, meeting éclair d'un favori de la présidentielle afghane

Dix minutes et puis s'en va: à Jalalabad, le candidat à la présidentielle afghane Zalmai Rassoul n'a offert aux milliers de sympathisants venus le soutenir qu'un discours bref et sans passion, contrastant avec le statut de favori dont il jouit à un mois du premier tour.

C'est la cohue à l'entrée du stade de Jalalabad, la grande ville de l'est afghan: une foule compacte se presse devant les portes grillagées pour assister au meeting de M. Rassoul, un des dix candidats au scrutin qui désignera le successeur de Hamid Karzaï, à qui la constitution interdit de briguer un troisième mandat.

"Restez calme, tout le monde finira par rentrer!", lance, exaspéré, un membre du service d'ordre juché sur un bloc de béton, tandis que des hommes lourdement armés postés sur les toits des maisons voisines scrutent nerveusement la rue.

L'entrée se fait au compte-gouttes, après moult fouilles et palpations: malgré douze ans d'intervention militaire occidentale, l'Afghanistan est toujours en proie à une violente insurrection des talibans et la menace d'attentats plane sur la campagne électorale.

Après de longues minutes d'attente, Haji Baz Mohammad finit par fouler la pelouse du complexe sportif. Cet homme corpulent de 53 ans n'est pas venu seul: en sa qualité d'"ancien", il a emmené avec lui une vingtaine de personnes de son village.

Ce ralliement de volontaires est fréquent dans les réunions politiques en Afghanistan et reflète le rôle encore prépondérant du système tribal dans l'organisation de la société afghane.

"On m'a demandé de venir avec vingt personnes, alors je suis venu avec vingt personnes", dit-il, expliquant avoir été lui-même invité par un autre "ancien". "Mais s'il avait fallu venir avec 300 personnes, je l'aurais fait aussi!", ajoute-t-il, goguenard, tout en caressant sa longue barbe grise.

Il est midi quand Zalmai Rassoul, 70 ans, apparaît derrière le pupitre, soit trois bonnes heures après l'ouverture des portes.

Vêtu d'une longue chemise traditionnelle afghane, la tête cerclée d'un élégant turban gris et noir, le candidat lit son discours sur un ton monocorde, peinant à réveiller l'enthousiasme d'un public qui a dû patienter longuement sous le soleil.

Comme pour s'excuser, M. Rassoul avertit son auditoire qu'il ne se lancera pas dans de longues déclarations passionnées, exercice qu'affectionnent certains de ses adversaires.

"Je l'ai toujours dit, je ne suis pas un homme de slogan, je suis un homme d'action", dit-il, avant de présenter les grandes lignes d'un "vaste programme susceptible d'apporter des réponses précises et techniques dans tous les secteurs".

M. Rassoul promet ainsi de s'attaquer à la corruption, fléau qui mine les fragiles institutions afghanes et le développement du pays.

"Pour éliminer la corruption, j'appliquerai la loi dans toute sa fermeté, et ferai en sorte que personne ne passe entre les mailles du filet", lance le candidat, qui avait démissionné fin 2013 de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères pour se lancer dans la campagne.

En dix minutes, le discours est bouclé, Zalmai Rassoul s'engouffre dans un véhicule tout-terrain et quitte les lieux sous bonne escorte.

S'il n'est peut-être pas un tribun d'exception, M. Rassoul, qui fait figure de candidat de compromis dans une élection opposant également d'anciens chefs de guerre à la réputation parfois sulfureuse, n'en est pas moins un des favoris du scrutin.

Cet intellectuel polyglotte au profil de technocrate a même le vent en poupe après avoir enregistré jeudi le ralliement de l'un de ses adversaires, Qayum Karzaï, frère aîné du président.

A un mois du premier tour, prévu le 5 avril Zalmai Rassoul, s'impose progressivement comme le candidat du pouvoir sortant, même si le président Karzaï répète à l'envi sa volonté de rester neutre dans un scrutin hanté par les fraudes de la présidentielle de 2009.

Au stade de Jalalabad, la brièveté du discours a fait au moins quelques heureux: alors que la foule se disperse, une nuée d'enfants en haillons se jettent sur les centaines de bouteilles en plastique vides abandonnées sur place.

"On les récupère on les vend", l'équivalent de deux centimes d'euro pièce, glisse Palwasha, une fillette de neuf ans.

eg-mam/bir

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