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Trois activistes kurdes retrouvées mortes à Paris

Trois Kurdes exécutées d'une balle dans la tête à Paris
afp

ASSASSINAT - Trois activistes kurdes ont été retrouvées mortes dans la nuit de mercredi à jeudi 10 janvier dans les locaux d'une association de la communauté kurde à Paris dans le Xe arrondissement, a-t-on appris de sources concordantes.

"La scène peut laisser penser qu'il s'agit d'une exécution, mais l'enquête devra éclaircir les circonstances exactes de ce drame", a précisé une source policière. Deux des femmes auraient été tuées d'une balle dans la nuque, la troisième présentant des blessures dans le ventre et au front, selon cette source.

Les victimes auraient ouvert la porte à l'assassin

Les corps ont été découverts peu avant 2h00 du matin dans le centre d'information du Kurdistan, situé au 147 rue Lafayette dans le Xe arrondissement, selon la source policière. Aucune plaque ne signale la présence de ce centre d'information du Kurdistan. D'après Léon Edart, le responsable du centre, les victimes auraient ouvert la porte à leur(s) assassin(s).

Selon son récit, mercredi à la mi-journée, elles étaient seules dans les locaux du centre situé au premier étage et pourvu d'un digicode et de sonnettes. En fin d'après-midi, un membre de la communauté a essayé en vain de les joindre. Il a tenté de se rendre sur place mais n'avait pas les clés et n'a pu entrer immédiatement.

Écoutez le témoignage de Léon Edart :

"Selon des sources kurdes, des armes munies de silencieux auraient été utilisées", affirme dans son communiqué la Fédération des associations kurdes de France. Citant la police, la fédération affirme que le crime aurait pu se produire mercredi vers 15H00.

Trois activistes

Sur les trois victimes, une était Fidan Dogan, 32 ans, permanente du centre d'information du Kurdistan, a déclaré à l'AFP le responsable du centre Leon Edart, responsable de la fédération des associations kurdes. Elle était également la représentante en France du Congrès national du Kurdistan, a précisé dans un communiqué diffusé sur place la Fédération des associations kurdes de France.

Selon la fédération, les deux autres victimes sont Sakine Cansiz, présentée comme "une des fondatrices du PKK" (organisation qui milite pour l'autonomie du Kurdistan) et Leyla Soylemez, une "jeune activiste".

La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne a été chargée de l'enquête. Sur place, 200 à 300 membres de la communauté kurde se sont rassemblés devant le bâtiment où les corps se trouvaient toujours.

Les Kurdes représentent une population de plus de 150.000 personnes réparties sur tout le territoire français avec une forte concentration en Île-de-France, en Alsace, en Lorraine et dans les Bouches-du-Rhône, selon une étude réalisée en 2006 par Rusen Werdi, experte de l'Institut kurde de Paris.

Elle est formée de près de 90% de Kurdes de Turquie. On compte environ 6.500 Kurdes iraniens et 4.800 Kurdes irakiens. Le reste est formé de Kurdes de Syrie, du Liban et des ex-républiques soviétiques du Caucase.

Les premiers migrants kurdes sont arrivés dans le cadre des accords bilatéraux entre la France et la Turquie signés en 1965. Ceux-ci - une main-d'oeuvre masculine principalement - ont quitté leur terre pour des raisons économiques et ont longtemps occulté par habitude leur "kurdité".

Les événements politiques dans les différents pays (révolution islamique en Iran en 1979, coup d'Etat militaire en Turquie en 1980...) ont ensuite précipité l'arrivée massive des Kurdes en Europe et notamment en France.

L'ouverture de la France à cette immigration a notamment reposé sur l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, réputée plus sensible à la question kurde.

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