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COVID-19: Votre adolescent ne veut rien savoir? Les conseils d'une psy

Pas facile de cohabiter avec votre ado en cette période? Voici des clés pour engager un dialogue et lui faire comprendre les conséquences de ses actes.

Pas facile de faire respecter les consignes à nos adolescents pendant cette pandémie de COVID-19? Pas facile de leur faire comprendre l’ampleur de la situation sans précédent - et tout simplement d’échanger avec eux sans les confronter?

Nous avons interviewé Joy Wielart, psychologue clinicienne à Paris COD.A.L.I. Fondation Léoplod Bellan, pour comprendre comment (ré)engager le dialogue avec les ados - et cohabiter au mieux ensemble pendant cette période d’isolement, tous confinés avec des règles de vie bouleversées.

«Il ne s’agit pas de provoquer la discussion, mais d’accueillir selon la temporalité, le rythme de chacun, le besoin d’en parler. Les premiers temps sont des temps “hors du temps”, cela bouleverse car rien de perceptible, palpable, n’est advenu. Il faut laisser à chacun le temps d’atterrir. Les décisions récentes prises par les gouvernements peuvent pousser l’esprit à se réfugier dans un espace “hors réalité” (rêveries, déni, contrôle) et à prendre ses marques», explique la psychologue.

Une fois que les jeunes réalisent peu à peu la réalité externe (et seulement si les questionnements arrivent), il faut juste leur (ré)expliquer les choses de façon très pragmatique en s’adossant aux règles données par les dirigeants politiques par les autorités de santé, selon la spécialiste.

Non, ce ne sont pas les parents qui ont choisi ce qui arrive, mais bien une autorité tierce qui a donné ces recommandations d’urgence qui concernent tout le monde. C’est le message à faire passer en premier lieu. Ce qui revient à parler de l’importance de l’acte de confinement et à valoriser l’implication citoyenne à l’échelle mondiale.

«Ils sont fragilisés du fait de l’adolescence déjà en temps normal, mais là nous vivons une situation exceptionnelle, inouïe, il n’y a pas de recette miracle autre que de parler avec des mots simples et d’accuser réception de la parole de son enfant, de ses interrogations, de ses angoisses.»

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Répondre au NON

Si l’opposition est courante à l’adolescence, le parent ne doit pas céder ou négocier même si cela est dur d’être face à un enfant qui vous rejette.

«Nous avons souvent la sensation que nous n’avons pas d’emprise sur eux, mais c’est justement en gardant ses positions et en maintenant un cadre qu’on leur rend service.»

Avoir recours à un tiers est aussi une possibilité selon la psychologue. Une personne de la famille, un psychologue que l’on peut consulter en ligne aussi, un éducateur, un ami... peut nouer un lien avec l’adolescent et travailler à ce que - même s’il continue à s’opposer à vous - il respecte les mesures de confinement.

«Je sais que ce n’est pas chose aisée. Pour les parents, je pense qu’il s’agit de ne pas prendre à cœur les rejets et oppositions, mais d’entendre dans ces mouvements: “Laisse-moi grandir, je ne peux pas te le dire autrement, je suis mal avec moi-même, je n’arrive pas à être bien avec toi qui me rappelle trop qui je suis”.»

Lui et les autres

«L’ennemi c’est l’autre, mais dans le fond l’adolescent sait que son mal-être est au plus profond de lui. Il faut le convaincre que traverser cette période est plus facile avec les autres. Impliquez-le dans “comment parlerais-tu de la COVID à tes petits frères/soeurs/cousines?” Il s’agit de lui donner une position active face à l’évènement plutôt que passive.»

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La prise de conscience du monde extérieur

Revenons à la définition du mot adolescence: période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte, pendant laquelle se produit la puberté et se forme la pensée abstraite. C’est aussi le temps de la prise de conscience.

«Le monde de l’enfance et l’illusion d’être inchangé s’effondre, tout change, leurs émotions, leur corps et par conséquent la perception qu’ils ont du monde. D’ailleurs le monde à l’adolescence est déjà un peu hostile.»

Et les réactions à cette situation sans précédent peuvent être aussi différentes que multiples. Il n’y a plus rien de rationnel, la réalité a rattrapé la science-fiction.

«Dans certains cas, ils peuvent être dans un déni et se croire plus fort que le virus, l’aspect “même pas mal”. Ou au contraire ressentir la nécessité d’être impliqué face à ce qui se passe à l’échelle du monde. Dire leur angoisse ne sera probablement pas possible. Ils peuvent devenir insupportables car face aux angoisses on se défend. Comme on dit: les défauts de chacun seront exacerbés.»

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Les moyens d’action des parents à la maison

- Les écouter quand ils sont prêts à parler.

- Prendre le temps de répondre à leurs interrogations.

- Ne pas leur mentir.

- Maintenir un cadre, c’est leur rendre service.

- Leur donner une responsabilité à la hauteur de leur âge: respecter les lois, c’est être adulte, responsable et c’est à valoriser.

- Éviter de projeter ses propres angoisses sur eux. Par exemple leur dire: «je ne peux même pas imaginer ma vie si tu meurs avant moi» est à bannir!

- Les laisser imaginer et leur donner la possibilité de créer. Que ce soit une chanson, un gâteau, écrire un journal, leur histoire, afin de raconter ce qu’ils vivent pour le partager par la suite. Il s’agit de les impliquer dans des idées, de la plus basique à la plus créative.

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