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Agressions sexuelles sur les campus… que faire avec les agresseurs?

La prévention, c'est bien, aider les victimes, c'est excellent, mais personne ne parle des agresseurs.
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Pendant que tous s'acharnent sur la victime, qui se questionne sur ce qui se passe dans la tête de l'agresseur ?
Getty Images/iStockphoto
Pendant que tous s'acharnent sur la victime, qui se questionne sur ce qui se passe dans la tête de l'agresseur ?

La ministre de l'Enseignement supérieur, Hélène David, oblige les institutions scolaires de niveau collégial et universitaire à créer un projet préventif pour contrer et diminuer les agressions sexuelles sur les campus. Excellente initiative, en effet. David explique qu'elle est une femme et une mère, donc la problématique l'interpelle doublement.

Même si la prévention est la base de toutes bonnes intentions et qu'elle peut éviter de nombreuses conséquences indésirables, ce nouveau projet de loi n'est pas sans rappeler celui sur l'intimidation et la cyberintimidation dans les écoles secondaires. Pourtant, une fois que la rédaction du document est terminée, que reste-t-il à part des écrits ? Est-ce que les agresseurs sont aussi sensibilisés que leurs victimes ?

Il est tout à fait normal d'apporter aide et support aux victimes, mais que se passe-t-il des agresseurs ? Le problème reste entier. « La ministre de l'Enseignement supérieur veut également aider les victimes à ne plus recroiser leur agresseur présumé. Les établissements d'enseignement seront donc tenus d'offrir des "accommodements académiques" au besoin. Par exemple, les étudiants ou les étudiantes qui souhaiteront abandonner un cours ou changer de groupe de travail ou qui auront besoin d'un moment de répit à la suite d'une agression, pourront en formuler la demande. »

La prévention, c'est bien, aider les victimes, c'est excellent, mais personne ne parle des agresseurs.

Comme dans les établissements secondaires, afin de ne plus côtoyer leur agresseur, les victimes changent d'institution scolaire ou demeurent à la maison pendant que les bourreaux, après avoir reçu une petite tape sur la main, continuent de faire d'autres victimes. La prévention, c'est bien, aider les victimes, c'est excellent, mais personne ne parle des agresseurs. Qui fait les manchettes dans les médias ? Les victimes. Nous n'entendons jamais, ou si peu, parler des agresseurs. A-t-on déjà interviewé un agresseur ? Pourtant, combien de victimes expliquent aux médias leur expérience affreuse après l'avoir relatée aux policiers ?

Autre problématique : que se passe-t-il lorsque l'agression provient d'un enseignant ou d'un directeur de département ? Est-ce que l'affaire est étouffée ? Est-ce qu'on décourage la victime à dénoncer ?

Pendant que tous s'acharnent sur la victime, qui se questionne sur ce qui se passe dans la tête de l'agresseur ?

Puis, arrive le sujet bien épineux du consentement. Qu'est-ce qu'un oui, qu'est-ce qu'un non ? Est-ce qu'un oui veut dire oui ou non ? Pourquoi l'étudiante a-t-elle abusé de l'alcool ? Pourquoi l'étudiante a-t-elle laissé monter l'étudiant, qu'elle ne connaissait pas suffisamment, dans sa chambre ? Pourquoi a-t-elle marché seule dans le long corridor ? Pendant que tous s'acharnent sur la victime, qui se questionne sur ce qui se passe dans la tête de l'agresseur ? Comprend-il ce qu'un oui veut dire ? Sait-il que ce n'est pas parce qu'il voit une étudiante seule dans un corridor qu'il doit lui sauter dessus ? Est-il aussi animal pour ne pas comprendre que ce n'est pas parce qu'une femme a bu, tout comme lui, que cela l'autorise à la violer ?

La prévention pour protéger les victimes est une excellente idée, mais à quand la sensibilisation pour les agresseurs à qui les sanctions pourraient leur coûter la poursuite de leur formation, par exemple, ou le congédiement pour les enseignants ? Tant et aussi longtemps qu'on ne fera que s'occuper des victimes, les agresseurs ne verront aucun problème à continuer de violer, sachant que leurs proies recevront les services désirés dans le cas où elles dénonceront.

Avril 2018

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