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Des familles ayant hébergé Edward Snowden à Hong Kong en subissent les conséquences

Des familles ayant hébergé Edward Snowden en subissent les conséquences
Asylum seekers Vanessa Mae Bondalian Rodel, 42, from the Philippines, and Ajith Pushpakumara, 44, from Sri Lanka, who helped hiding Edward Snowden while he was in Hong Kong in 2013, attend a special screening of the film
Bobby Yip / Reuters
Asylum seekers Vanessa Mae Bondalian Rodel, 42, from the Philippines, and Ajith Pushpakumara, 44, from Sri Lanka, who helped hiding Edward Snowden while he was in Hong Kong in 2013, attend a special screening of the film

Des avocats de Montréal demandent à Ottawa de venir en aide à des demandeurs d'asile qui ont hébergé Edward Snowden avant qu'il ne trouve refuge en Russie. Les trois familles qui ont logé le célèbre fugitif lors de son passage à Hong Kong subissent maintenant des représailles de la part des autorités hongkongaises.

Un texte d'Alexandre Touchette

Edward Snowden était à Hong Kong, en 2013, lorsqu’il a fait ses révélations-chocs sur la surveillance électronique menée à l'échelle de la planète par le gouvernement américain. Du jour au lendemain, il est devenu l'homme le plus recherché au monde.

C’est un avocat d’origine canadienne, établi à Hong Kong depuis des décennies, qui a aidé M. Snowden à se cacher avant qu'il ne prenne un avion pour Moscou.

Robert Tibbo représente plusieurs demandeurs d'asile à Hong Kong. Il a demandé à trois familles de réfugiés sri-lankais et philippins d'héberger son célèbre client pendant quelques semaines. Ce pan de la saga Snowden est demeuré secret jusqu’à la sortie du film d’Oliver Stone.

Sachant que ce n'était qu’une question de temps avant que le gouvernement de Hong Kong consulte la liste de ses clients pour les retrouver, Robert Tibbo a décidé de rendre leur identité publique, dans l’espoir que la médiatisation du geste courageux qu’ils avaient posé leur assure une certaine protection.

Des policiers et des fonctionnaires ont malgré tout questionné les trois familles impliquées, qui ont refusé de collaborer à l’enquête.

Victimes collatérales

En juin 2013, Edward Snowden a fêté son 30e anniversaire chez Vanessa Rodel, qui l’a hébergé pendant quelques jours et caché son passeport dans son réfrigérateur. La mère d’une fillette de 5 ans a perdu depuis ce temps les maigres allocations qui lui étaient versées par le gouvernement de Hong Kong, qui interdit aux demandeurs du statut de réfugié de travailler.

Ma situation ici à Hong Kong est très difficile et très cruelle, parce que je ne reçois plus aucun support du gouvernement de Hong Kong, donc je n'ai plus d'argent pour acheter ma nourriture, pour payer mon loyer et mon transport ou quoi que ce soit. Je dépends maintenant des dons et je suis très reconnaissante à mon avocat au Canada qui nous aide gratuitement.

- Vanessa Rodel, demandeuse d'asile

Le gouvernement de Hong Kong est particulièrement dur à l’égard des demandeurs d’asile, qui peuvent attendre plus de dix ans avant que leur cause soit entendue par les tribunaux. Au bout du compte, seulement 0,5 % des demandes sont acceptées et l’ONU a d’ailleurs critiqué Hong Kong pour son traitement de ceux qui sollicitent le statut de réfugié.

Des avocats montréalais interviennent

Informé de la situation par son ancien collègue établi à Hong Kong, Marc-André Séguin a décidé de lancer, avec deux autres avocats, une campagne de sociofinancement, « Snowden’s Guardians », pour venir en aide à Vanessa Rodel et aux deux autres familles d’origine sri-lankaise qui ont hébergé Edward Snowden.

On doit une grande dette à ces trois familles, quiconque a reconnu le service rendu par Edward Snowden a aujourd’hui la possibilité de jouer un rôle dans la suite de cette histoire. Les gens qui avaient le plus à perdre en aidant Snowden sont restés derrière et on refuse de les laisser seuls à pâtir.

- Marc-André Séguin, avocat

À court terme, l’objectif de l’avocat est de sensibiliser les Canadiens à leur cause et de récolter des fonds pour aider ces familles à payer leur nourriture, leur loyer et l'école de leurs enfants. Marc-André Séguin a aussi entrepris des démarches auprès de l'ONU et du gouvernement canadien dans l’espoir que les membres de ces trois familles puissent être accueillis au Canada en tant que réfugiés.

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