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Une boîte d'espoir et de rêves

Ensemble, nous devons tenter de trouver une solution à la situation en Syrie et à la crise des réfugiés. L'aide humanitaire que nous distribuons n'est qu'une mesure temporaire.
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Lorsque je repense à ma mission dans une Syrie ravagée par la guerre et dans les pays voisins, le Liban et la Turquie, plusieurs moments me reviennent en mémoire. Mais parmi tous ces souvenirs, c'est sans doute celui d'une petite boîte remplie de rêves d'enfants qui m'a le plus marqué.

La boîte, colorée en rouge et blanc, déborde de dessins émouvants qui en disent long sur le conflit qui sévit depuis cinq ans. Sur l'un des dessins, une petite fille espère pouvoir un jour fréquenter l'université. Sur un autre, un enfant a dessiné une carte de la Syrie et y a inscrit le mot «paix». Un autre dessin dépeint un groupe d'enfants qui souhaitent «revoir leurs amis». Un enfant a esquissé un travailleur humanitaire au visage souriant. D'autres petites œuvres expriment le désir des enfants de devenir médecin.

Malgré leur apparence de simplicité, ces petits bonhommes allumettes tracés au crayon me touchent par leur éloquence. Quand je les examine, je vois des espoirs et des rêves, souvent teintés de tristesse. Ils me rappellent un des rôles cruciaux que jouent les humanitaires, la population canadienne et les citoyens du monde : celui de maintenir l'équilibre délicat entre espoir et désespoir.

Ensemble, nous devons tenter de trouver une solution à la situation en Syrie et à la crise des réfugiés. L'aide humanitaire que nous distribuons sous forme de nourriture, d'eau et de soins médicaux n'est qu'une mesure temporaire. En attendant, des millions de personnes touchées par cette crise ont aussi désespérément besoin de garder espoir, et elles prient pour que le reste de la planète ne les laisse pas à leur sort.

J'ai été une fois de plus frappé par cette réflexion lors d'une rencontre avec un père de famille syrien et ses jeunes enfants dans un camp de réfugiés en Turquie. Pendant les derniers jours de mon voyage, j'ai visité le camp Akcakale, le refuge temporaire d'environ 30 000 personnes, dont la moitié sont des enfants. Abou Shaaban m'a invité dans sa tente en m'expliquant : «Nous aimons que les gens viennent nous voir. Votre visite nous touche énormément. Cela signifie que les gens pensent à nous.»

Abou Shaaban occupait un emploi de technicien à l'hôpital d'Alep, en Syrie, jusqu'à ce que sa maison soit bombardée. Lui et sa famille se sont enfuis en Turquie dans l'espoir que les enfants puissent poursuivre leur scolarité dans ce pays. Abou Shaaban tente maintenant de gagner sa vie en vendant des cigarettes et des bonbons dans la rue. Il a réussi à obtenir de minces matelas colorés et des tapis pour couvrir le sol de sa tente. Dans le camp, divers organismes d'aide humanitaire, y compris la Croix-Rouge, viennent en aide aux familles en distribuant de la nourriture, des vêtements et en offrant un soutien psychologique. Dans les espaces réservés aux enfants, des activités sont organisées pour amuser et réconforter les plus jeunes, tandis que des programmes axés sur les moyens de subsistance permettent aux adultes d'acquérir des compétences utiles sur le marché du travail.

Abou Shaaban n'avait que du bien à dire sur cette terre d'accueil qui lui a offert un refuge sûr : «Ma famille et moi pouvons dormir la nuit parce que l'on s'occupe de nous.»

Le directeur du camp m'a expliqué que les gens tentent de rester optimistes malgré les difficultés et les obstacles indéniables. Lorsqu'ils arrivent au camp, les réfugiés sont à bout de forces. Ils sont inquiets et ont peur. Toutefois, après un certain temps, ils voient la situation autrement.

«À leur arrivée, le désespoir se lit clairement sur leur visage, surtout dans le regard des enfants.» Après tout ce qu'ils ont vécu, il est difficile pour eux de croire qu'ils retrouveront une vie normale. «En leur faisant visiter le camp, on voit tranquillement l'espoir renaître dans leurs yeux.»

Ce sont les enfants du camp Akcakale qui ont rempli ma boîte de leurs rêves et de leurs espoirs.

Des centres communautaires sous la responsabilité du Croissant-Rouge turc font ce qu'ils peuvent pour nourrir l'espoir des réfugiés. Dans des salles ensoleillées et décorées de fleurs en papier, d'étoiles et de peintures murales, les enfants suivent des cours d'art, apprennent la langue turque, reçoivent l'aide d'intervenants et font du sport.

L'espoir est plus fragile chez les adolescents et les jeunes. Dans le même camp, un groupe de jeunes dans la vingtaine m'a avoué avoir peu de confiance en l'avenir : «Espérons que vous pourrez aider les enfants parce que pour nous, il est trop tard.»

Plusieurs programmes pour adultes sont maintenant offerts aux réfugiés. On m'a dit que les programmes les plus populaires sont ceux qui prônent l'harmonie entre les communautés. Les gens en ont assez des conflits. Ils veulent que tout le monde s'entende. Je l'ai entendu à plusieurs reprises au cours de mon voyage en Turquie, au Liban et en Syrie. Dans tous ces pays, les gens m'ont fait part de leur vision de paix. Dans beaucoup trop de cas, il s'agissait de veuves.

J'ai rencontré une jeune mère qui était récemment revenue à Homs, une ville syrienne dévastée par le conflit, en compagnie de ses deux enfants, âgés de 3 ans et de 18 mois. Son mari était décédé. Sa maison avait subi d'importants dommages. Elle avait perdu tout ce qu'elle possédait. Malgré tout, elle continuait à chercher de l'aide pour réparer les fenêtres et les portes de sa demeure et à se présenter aux postes de distribution pour obtenir des colis alimentaires et des couches. Elle refusait tout simplement d'abandonner. Tant qu'elle pourra compter sur l'aide des autres, elle gardera espoir.

Il s'agit du quatrième et dernier billet sur la mission de Conrad Sauvé en Syrie, au Liban et en Turquie. Vous pouvez lire les autres billets en cliquant ici.

Vous pouvez faire un don pour aider les personnes touchées par le conflit en Syrie au Canada ou à l'étranger en vous rendant sur le site croixrouge.ca.

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