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Aidons nos libraires à mieux nous servir!

L'univers du livre québécois nous appartient à tous, de l'écrivain au lecteur, en passant par l'éditeur, le distributeur et le libraire. Chaque année, les grandes surfaces et les magasins en ligne grugent un peu plus ce joyau qu'est notre littérature québécoise en nous présentant les mêmes affaires.
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La rentrée littéraire est commencée ! C'est la frénésie ! Je me prépare à visiter plusieurs Salons du livre au Québec et au Nouveau-Brunswick. J'ai hâte d'entreprendre ces grandes escapades d'automne qui m'attirent comme un aimant. Mes rencontres avec les lecteurs sont une source inépuisable d'énergie. Mais avant que je me laisse emporter par ce tourbillon, je fais le tour de mon patelin pour visiter les libraires et les bibliothèques des quartiers environnants. Une visite de bon voisinage pour leur dire que mon petit dernier vient tout juste de sortir.

Cette semaine, on m'a reçu deux fois avec un commentaire plutôt surprenant. On était content que je me présente avec mes livres parce que, dit-on, « il est difficile de s'approvisionner en romans québécois ». Vous comprendrez ma surprise; je venais tout juste de lire que plusieurs milliers de nouveaux produits faisaient leur apparition au Québec cet automne. C'est certain qu'il y a des romans québécois dans le tas ! Ce ne sont pas juste des traductions, des essais, des BD, des documentaires et des livres de bricolage. Quand même !

Je me suis souvenue que, en tant que jeune lectrice, je trouvais que mon libraire m'offrait toujours les mêmes auteurs dans sa boutique. Je lisais déjà un à deux livres par semaine; j'avais besoin de nouveauté et, surtout, de variété. La première fois que j'ai visité un Salon du livre, j'ai cru que j'allais virer dingue. Je vérifiais constamment le contenu de mon maigre portefeuille d'étudiante, sachant que je ne pourrais pas tout acheter d'un seul coup. J'ai noté tous les livres qui m'intéressaient et que je ne pouvais pas acquérir sur le champ. Je suis retournée voir mon libraire dans les semaines suivantes avec ma liste et je lui ai demandé de commander quelques-uns des livres choisis. Puis je suis revenue quelques mois plus tard avec une autre partie de ma liste.

Ça m'a occupée toute l'année. Mon libraire m'aimait beaucoup, ce qui n'était pas étonnant vu la quantité de romans que j'achetais de lui chaque année.

Revenons à mes bibliothèques. Notre système légal, qui est censé protéger la chaine du livre québécois, oblige la majorité des bibliothèques à s'approvisionner dans une librairie agréée, c'est à dire reconnue par le ministère de la Culture et des Communications. Or, les libraires ont peu changé leurs méthodes depuis ma jeunesse; je sais parce que je les visite encore. Souvent. Pour survivre dans un univers qui bat de l'aile, faute de financement selon eux, les libraires ne mettent en magasin que les produits qu'ils sont sûrs de vendre. Sur les rayons, on trouve plusieurs copies des écrits de Michel Tremblay, de Louise Tremblay-d'Essiambre, de Michel David et de Daniel Lessard. Du Suzie Pelletier ? On ne connaît pas alors on ne prend pas le risque. Mercantile, vous direz ? Selon eux, ce serait plutôt une question de survie.

En agissant ainsi, ils privent les lecteurs, leurs clients, de milliers de bons livres écrits par des Québécois passionnés et suffisamment téméraires pour se rendre à l'étape difficile du processus d'édition.

Ainsi, en tant que lecteurs, il faut les aider à mieux nous servir par une règle d'or : « Ne faut jamais se contenter de ce qu'il y a sur les rayons ! » Suivez mon exemple : je fouille l'internet, je visite les sites web des maisons d'édition et je rencontre de nouveaux auteurs dans les Salons du livre. Ça prend du temps, vous direz ? Tout est relatif. Comme toute autre passion, la lecture doit être nourrie. Si les libraires n'arrivent pas à nous présenter la variété, exigeons cette variété! Vous serez surpris du nombre d'auteurs québécois et de leur originalité. Puis, retournez chez votre libraire de quartier pour commander vos livres. C'est plus agréable que par l'internet ! Je vous le dis ! Le ou la libraire peut discuter avec nous de nos choix, même nous offrir autre chose qui pourrait nous plaire.

En agissant ainsi, vous contribuerez à faire connaître tous ces auteurs québécois qui produisent des textes d'une excellente qualité, mais dont le livre ne se rend pas sur les rayons des libraires. De plus, vous garderez votre libraire dans le coup, l'aidant d'office à améliorer sa façon de nous servir.

L'univers du livre québécois nous appartient à tous, de l'écrivain au lecteur, en passant par l'éditeur, le distributeur et le libraire. Chaque année, les grandes surfaces et les magasins en ligne grugent un peu plus ce joyau qu'est notre littérature québécoise en nous présentant les mêmes affaires. Si chacun de nous achète un seul livre d'un auteur qui nous est inconnu chaque année, nous serions tous plus riches; peut-être pas d'argent, mais du moins de connaissances.

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