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Lors du quatrième anniversaire, en mars dernier, de la guerre civile en Syrie, le monde entier a témoigné son regret de voir le pays mythique de l'histoire de l'humanité se détruire et s'effacer doucement et sûrement de la carte régionale. Pourtant, 2015 est jusqu'à présent l'année la moins violente.
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Le monde entier s'intéresse de près à l'évolution de la situation en Syrie, depuis la réélection du président Bachar al-Assad, l'extension des criminels de l'État islamique aux dépens des terroristes locaux et l'échec de toutes les tentatives de paix onusiennes.

Lors du 4e anniversaire, en mars dernier, de la guerre civile en Syrie, le monde entier a témoigné son regret de voir le pays mythique de l'histoire de l'humanité se détruire et s'effacer doucement et sûrement de la carte régionale. Pourtant, 2015 est jusqu'à présent l'année la moins violente dans le pays, et l'année où les gains militaires dicteront les négociations politiques.

Pourquoi nous en sommes arrivés là ?

Voilà une question que les Syriens se posent chaque jour. Tous regrettent la situation actuelle et se désolent de la tournure des événements, qu'ils ne qualifient ni de soulèvement ni de révolution, et avec raison. Car dès le départ, le peuple syrien n'était, en aucun cas, intéressé par un changement brutal de situation politique.

La vérité est que le changement s'opérait bien avant ce «Printemps arabe». Tout comme les royaumes du Maroc et de Jordanie, la nouvelle génération au pouvoir à Damas enchaînait réformes et changements de culture politique, le tout dans une croissance économique remarquable. Même que la Syrie était devenue un pays d'émigration vers lequel les travailleurs et commerçants arabes se dirigeaient pour brasser des affaires ou trouver une vie paisible.

Malgré tout, une partie de la population désire détacher le pays d'une caste politique de l'ancienne administration, instaurer une plus grande équité sociale et accélérer la réalisation des promesses. Et c'est au niveau de la stratégie à entreprendre que la situation s'est brusquée et envenimée.

Il faut se le dire honnêtement, le changement s'opérait graduellement, en douceur, grâce surtout à la libéralisation économique. Les acteurs régionaux et mondiaux ne désiraient point patienter encore, après qu'ils aient tout tenté pour rallier la Syrie à l'axe Washington-Riyad-Ankara et l'arracher d'abord du duo Russie-Chine, puis de l'axe de résistance Téhéran-Hezbollah où Damas joue le rôle de plaque de transfert d'armes et de technologies de guerre.

Et puisque toute guerre est avant tout économique, la Syrie n'aurait jamais eu un pépin si elle avait cédé aux pressions des Européens et Khalijis. Ces derniers cherchent une issue au gaz qatari pour contourner l'obstacle et une probable fermeture du détroit iranien d'Ormuz en cas de guerre régionale. Pour cela, le Qatar a fait les yeux doux à Bachar Al-Assad et a encouragé et l'Arabie saoudite et la France à reconsidérer leurs politiques à l'égard de la Syrie. C'est dans cette optique que Nicolas Sarkozy a reçu al-Assad à l'Élysée en 2010.

Le Qatar signe en 2010 un pacte de défense avec la Syrie, mais celle-ci décide de rester fidèle à ses principes et signe en 2011 pour l'Islamic gas pipeline iranien qui longe l'Irak et se termine au littoral syrien à Lattakiyeh. Comment se fait-il que le Qatar copinait un an auparavant avec un régime qu'ils essaient maintenant depuis 4 ans de destituer?

Pourtant avant même le début des hostilités en Syrie, l'Angleterre préparait la destitution du gouvernement syrien, selon Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères.

Comment nous en sommes arrivés là ?

Au moment de rédiger ce texte, une importante coalition takfiriste-jihadiste mène une attaque conjointe sur les régions du patelin, petit mais tellement stratégique, de Jisr al-Choughour, pas très loin de la ville d'Idleb, elle aussi tombée fin mars. Selon un chef de commandement, 4000 combattants ont mené des opérations conjointes. D'où viennent-ils? La même source évoque ceci: «2000 sont Turkmènes, 1000 Turcs, 400 Saoudiens, 300 Palestiniens et 200 multinationaux».

Vous osez encore parler de révolution syrienne ? Mais encore...

Les médias ont-ils joué un rôle de recharge de haine et de propagande? Certainement, même qu'ils étaient résolument incités par leurs chancelleries étrangères et leurs consortiums financiers qui ont un bénéfice, direct ou indirect, avec les lobbies des compagnies militaires privées, financées par les pétrodollars ou partageant la même vision de la politique étrangère américaine.

La propagande s'est mise en branle dès les premiers jours afin de rallier les opinions publiques internationales et justifier une guerre injustifiable. Le politicologue Michel Collon nous explique brièvement le contexte.

En premier lieu, les chaines télévisuelles, la presse écrite et les médias sociaux ne cessent de relayer de l'information sur la Syrie, souvent fausse ou démesurée, et diffusant en boucle des messages bien rodés. Ainsi, les téléspectateurs du monde entier sont soumis à une ou deux séquences de jeunes manifestants criant leur désarroi afin de prouver hors de tout doute que «le Printemps arabe» a atteint la Syrie et qu'il est généralisé.

En revanche, aucun de ces spécialistes du «fast-news» ou politicologues ne peut transmettre la véritable réalité syrienne. Sur le terrain, il a fallu pratiquement trois mois d'appels sur les réseaux sociaux pour avoir une incidence sur les jeunes. Et aujourd'hui, nous savons comment des images de foules sortant des mosquées ont été prises pour des manifestations, et comment certains agitateurs ont créé la zizanie entre les fidèles afin de donner un semblant de manifestations organisées.

En second lieu, les médias propagandistes en profitent pour coller la brutalité aux réponses des forces de l'ordre. Pourtant, le mot d'ordre de la police syrienne était de calmer le jeu, de contenir les foules et de ne pas provoquer le désordre.

Le sensationnalisme des médias arabes, en particulier ceux du Golfe persique, a joué un rôle crucial pour haranguer les foules avec des slogans révolutionnaires. Ainsi, on a assisté à la diffusion de fausses vidéos ou des interprétations tendancieuses des faits, comme celle de Zaynab Hosny ou le scandale des faux paseports syriens. D'ailleurs, plusieurs journalites quitteront le réseau Al Jazeera après avoir remarqué une impartialité flagrante, notamment Ghasen BenJeddou, Louna Chebel, Yahia Abou Zakari, etc.

Dans certaines manifestations, comme partout, les casseurs et les criminels s'en mêlent. On l'a vu au Québec lors du «Printemps érable», à la place Takssim en Turquie, etc. Il est donc normal que l'État disperse ces derniers et protège les lieux publics.

Pourtant, la majorité populaire se tenait du côté de l'État syrien et le soutient encore. Il suffit de remarquer le flux des déplacés qui se trouvent dans les zones gouvernementales. Le peuple syrien a vécu des traumatismes dès le début, puist tout au long de cette saga meurtrière. Les faits qui ont mené à un crescendo de mesures sécuritaires ont d'abord commencé par les premiers meurtres confessionnels et les attaques envers les installations populaires: les meurtres de Jisr al-Choughour etKhan al-Assal, par exemple, ont déclaré le début de la colère populaire envers les manifestants.

L'idée de la manipulation étrangère n'est pas née d'une furtive coïncidence. Alors que les opposants ne devraient pas être armés, les assassinats de figures emblématiques se sont enchaînés, notamment le comédien Mohamed Rafea, l'érudit théologien Mohamed Saïd Ramadân al Boutî, le fils du mufti de Syrie Sarya Hassoune... Tous tués par des criminels téléguidés par les fatwas des cheikhs du Golfe.

Quatre ans plus tard, le chaos est généralisé, les morts dépassent les naissances, les installations publiques sont détruites, les écoles fermées et les finances de l'État en crise...

Est-ce que l'État syrien a une part de responsabilité dans ce chaos? C'est ce que le billet prochain tentera de clarifier.

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