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Appel à la mobilisation : les infirmières en mode solutions

Il est grand temps que les infirmières et infirmiers du Québec s'unissent et parlent d'une même voix.
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Préoccupés par les problématiques soulevées depuis 25 ans par les infirmières et les infirmiers du Québec, il importe de rappeler au gouvernement que les récentes données de l'OIIQ (2017) révèlent qu'il y a environ 1600 infirmières qui n'œuvrent pas dans les milieux de soins. Qui plus est, il appert que plusieurs infirmières témoignent avoir observé depuis un bon moment une détérioration accrue de la qualité des soins et des services de santé. Selon elles, ces services de soins infirmiers médiocres qui seraient reliés à une distribution de soins infirmiers non adaptée aux besoins de la clientèle.

Nous croyons que les soins et les services de santé, basés sur des valeurs humanistes qui sont chères à la profession infirmière sont définitivement menacés par ces multiples réformes structurelles basées sur une vision comptable. Le ministre de la Santé a manqué une belle occasion d'apporter des changements sur le terrain avec de vraies mesures avec les acteurs concernés pour corriger les enjeux soulevés par les infirmières et les cadres en santé. Les réformes précédentes du réseau de la santé furent surtout cosmétiques et les travaux scientifiques de Brousseau, Cara et Blais, 2017 confirment que certaines infirmières qui émanent de la relève et qui souhaitent faire carrière en gestion s'interrogent sur la pertinence de poursuivre dans ce domaine en raison de la charge de travail et de l'incertitude créées par les multiples changements structuraux du réseau de la santé. Une étude prospective réalisée en Suède révèle que 40 % de cadres de premier niveau dans la santé quittent la fonction de gestion dans les quatre premières années (Skagert, Dellve, & Ahlborg, 2011).

Le politique doit poser des gestes concrets avec des indicateurs sur le terrain pour que les infirmières puissent avoir une qualité de vie au travail, ce qui n'est pas le cas présentement.

Rappelons également que le rôle des infirmières et infirmiers du Québec va bien au-delà de celui d'exécutantes que nous leur attribuons trop souvent. De plus, la sous-représentation des infirmières et infirmiers au sein des débats publics, des instances décisionnelles et des établissements de santé prive le Québec d'une expertise essentielle à la planification et l'organisation des soins et des services de santé. Les travaux de recherche du professeur Brousseau (2015) confirment les préoccupations qui ont été soulevées dans ses résultats de recherche concernant les effets de la déshumanisation des organisations de santé sur les conditions d'exercice des membres de la profession infirmière et des cadres infirmiers au Québec. Les hautes instances ont intérêt à mettre en place une vraie politique sur l'humanisation organisationnelle qui va se refléter sur le terrain. L'étude de Brousseau (2015) montre clairement que les hautes instances du réseau de la santé doivent travailler à la mise en place d'une culture humaniste en gestion pour être capables d'offrir des soins basés sur l'humanisation. Le politique doit poser des gestes concrets avec des indicateurs sur le terrain pour que les infirmières puissent avoir une qualité de vie au travail, ce qui n'est pas le cas présentement.

Au lieu de les écouter, le gouvernement québécois a fait la sourde oreille. C'est pourquoi il est grand temps que les infirmières et infirmiers du Québec s'unissent et parlent d'une même voix. Il est essentiel de prendre la place qui nous revient au sein de l'espace public. Dans cette mesure, nous devons faire entendre nos préoccupations quant aux divers enjeux de soins de santé auxquels nous sommes collectivement confrontés. Les principes d'universalité accès, d'égalité, d'équité et de justice sociale sont garants de l'avenir de notre système de santé. Conséquemment, les infirmières et infirmiers doivent se positionner sur des questions sociopolitiques et économiques, afin d'éviter de voir les fondements de notre profession s'effriter. Ainsi, l'action politique est une condition essentielle à l'exercice de notre profession, à l'actualisation de la pratique professionnelle et à l'exercice du rôle social qui est attribué à l'infirmière. Les infirmières et les infirmiers québécois de tous les horizons peuvent et doivent contribuer à la recherche de solutions et participer activement aux débats sur l'avenir de notre système public de santé. Je suis d'avis que les infirmières et infirmiers du terrain possèdent des solutions novatrices et concrètes aux problématiques qui ont été soulevées dans les médias depuis les dernières semaines, lesquels touchent l'ensemble de notre société.

Les infirmières et les infirmiers québécois de tous les horizons peuvent et doivent contribuer à la recherche de solutions et participer activement aux débats sur l'avenir de notre système public de santé.

Voici quelques solutions concrètes qui peuvent permettre d'apporter des correctifs et éliminer certaines des problématiques qui persistent depuis plus de 25 ans dans le réseau de la santé. En voici quelques-unes ; 1) : instauration d'une politique québécoise humanisation organisationnelle pour tous les établissements de santé, 2) discussion avec LES INFIRMIÈRES ET INFIRMIERS du terrain des solutions pour planifier les ressources et corriger les problèmes actuels à long terme ; 3) pratique professionnelle à 100%, 4) application dans tous les établissements de la prescription infirmière, 5) loi sur le ratio patients-infirmière, 6) autogestion des horaires, 7) horaires de 32 heures par semaine avec un salaire de 36,25 heures, 8) répartir les fins de semaine sur trois dans tous les établissements, 9) ajouter des ressources du personnel de soutien, 10) assurer une meilleure intégration des novices dans la profession sur une plus longue période, 11) utiliser vos ressources expertes pour soutenir les novices sur les trois quarts de travail, 12) implantation des horaires de 12 heures et de 8 heures dans tout le réseau de la santé, 13) haltes-garderies et congés pour études dans une vision de conciliation travail-famille-étude, 14) ajouter des ressources cléricales et pour les soins de base (préposé aux bénéficiaires) et plusieurs autres.

Pour terminer, les infirmières et les infirmiers doivent s'engager activement et démocratiquement à la défense des valeurs précédemment mentionnées, qui est centrale à la pérennité de notre profession qui s'avère primordiale à la société québécoise.

Avril 2018

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