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Cher extrémiste, bon boulot, mais tu vas être déçu...

Assise dans mon salon, rivée devant la télé, j'avais la nausée. J'étais devenue une raciste. Je l'avoue, tu m'as bien eue.
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Je voulais que tu saches que j'ai suivi ce que tu as accompli vendredi passé.

Tu as réussi un solide coup. Avec tes acolytes, tu as réussi à éliminer un bon nombre de personnes. Tu as réussi à en tuer plus d'une centaine. Ton Dieu devait être fier. En plus, ces personnes vivaient contre ta religion. Je veux dire... elles écoutaient de la musique, prenaient un coup ou vivaient simplement dans un pays que tu ne respectais pas. Pour toi, ce doit être un sacré gros crime pour que tu sois prêt à les tuer au prix de ta propre vie.

Tu as tué des athées, des cathos et des musulmans. Tu as éliminé des blancs, des jaunes, des bruns et des noirs. Du bon boulot. Où que tu sois, en ce moment tu dois être vraiment fier.

En plus, en faisant ton boulot, tu as mis le chaos. La ville était sens dessus dessous. L'obscurité la plus totale dans la Ville Lumière, c'est pas peu dire, tu as excellé.

Je sais en plus que les gens vont se mettre à haïr les musulmans parce que tu as dit que tu faisais ton boulot en son nom. Les musulmans seront exclus. Ils auront encore plus de mal à s'intégrer et toi, je sais que ça te plaira. C'est comme ton boulot qui se continuera alors que tu n'es plus là. Vraiment, tu as tout prévu.

Ils vont se mettre à fermer les portes aux réfugiés. Ils vont les pointer du doigt en pensant qu'ils sont comme toi.

Toutes ces personnes exclues et pointées du doigt seront d'excellents candidats à l'intégrisme, puisque les Européens et Américains seront contre eux. Le recrutement de ton organisation ira encore mieux. Encore là, bravo!

Par contre, je dois t'avouer que tu vas être un peu déçu... Ça me fait de la peine pour toi. C'est triste quand même.

Tu sais, ce week-end, alors que Paris était dans le chaos et que j'ai appris que c'était au nom des musulmans et de leur dieu que tu accomplissais ton travail, je les ai tous maudits. Assise dans mon salon, rivée devant la télé, j'espérais qu'on fermerait toutes nos frontières.

J'avais la nausée. J'étais devenue une raciste. Je l'avoue, tu m'as bien eue.

«Fermez les frontières! Retournez dans votre pays, maudits immigrés! Réfugiés extrémistes, vous êtes tous!»

J'étais enragée. J'étais devenue ce que tu souhaitais que je devienne.

Tu voulais que j'exclue, que je maudisse, que je me referme.

Puis j'ai lu. J'ai écouté. J'ai réfléchi. J'ai lu. Je me suis renseignée. J'ai écouté. J'ai réfléchi.

J'ai réfléchi encore.

J'ai écouté encore.

Tu n'as pas fait cela au nom d'un dieu. On n'appellerait pas «Dieu» une divinité qui te demande de tuer des jeunes qui commettent comme seul crime d'être heureux. Un dieu ne demanderait jamais de tuer des femmes. Un dieu ne demanderait jamais de tuer des innocents.

Je suis athée. Mais, en cachette, j'ai espoir d'un dieu qui est bon et compréhensif.

J'ai envie d'un dieu inclusif et juste.

Tu seras déçu, mais tes actes m'ont ouvert le cœur et l'esprit.

Des jeunes femmes ne sont pas mortes pour rien. Des amoureux ne sont pas morts pour rien. L'innocence de Paris n'a pas été secouée pour rien.

Des milliers de gens se sont tenu la main, tous dieux confondus, pour montrer qu'ensemble, on est plus fort que chacun pour soi.

Et ils ont raison. Les musulmans n'y sont pour rien. Aucun humain qui n'est pas de ton groupe n'y est pour quelque chose.

Ce n'est pas en excluant qu'on est fort. Peu importe notre dieu, peu importe si l'on croit, si on veut la paix, on est plus fort tous ensemble.

Ici au Québec, ici au Canada, on refuse de fermer la porte à ceux qui fuient ceux qui sèment la terreur comme toi. Les gens qui fuient la terreur de tes semblables nous tiendront la main pour nous rendre encore plus forts.

Tu m'as presque eue. J'ai failli faire ce que tu voulais.

Tu vas être déçu. Après le 13 novembre, nous sommes de millions à se tenir la main pour garder la paix qui est si précieuse. Nous allons laisser la place et rassembler tous ceux qui luttent pour un monde en paix. Nous n'exclurons pas et ne te donnerons pas la chance d'avoir une relève facile. Nous intégrerons. Nous aiderons. Nous ne céderons pas à la peur et transmettrons nos valeurs de liberté et de paix à ceux qui viennent se réfugier.

Ma main est maintenant tendue à tous ceux qui veulent vivre en paix.

Aujourd'hui, 17 novembre, je peux dire que je suis désolée pour toi, tu n'as pas réussi.

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