Le Québec est la province canadienne ayant enregistré la plus forte augmentation du nombre de plaintes pour agressions sexuelles jugées fondées par la police après le mouvement #MeToo, qui a connu son apogée à l'automne 2017.
Un rapport publié jeudi par Statistique Canada indique que les régions métropolitaines de Québec, de Sherbrooke, de Saguenay et de Montréal ont connu des hausses marquées du nombre d'agressions sexuelles déclarées par les services policiers dans le cadre du Programme canadien de déclaration uniforme de la criminalité.
À l'échelle provinciale, le nombre d'agressions rapportées par la police a augmenté de 61% au cours du trimestre qui a suivi l'apogée du mouvement, baptisé #MoiAussi au Québec.
Le nombre d'agressions sexuelles déclarées par la police au Canada en 2017 était plus élevé que pour toute autre années depuis 1998.
Les dénonciations ont atteint un sommet en octobre 2017, ce qui coïncide avec la propagation du mouvement #MoiAussi dans les médias sociaux. Les auteurs du rapport, Cristine Rotenberg et Adam Cotter, ont établi que le mouvement est devenu viral autour du 15 octobre 2017.
«Le nombre de signalements faits en octobre et en novembre 2017 était plus élevé que pour tout autre mois civil depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 2009», peut-on lire dans le rapport.
Et si certaines dénonciations hautement médiatisées à l'apogée de #MeToo concernaient des événements survenus plusieurs décennies plus tôt, le mouvement ne semble pas avoir poussé un grand nombre de victimes à porter plainte à la police plusieurs années après leur agression présumée. Selon le rapport de Statistique Canada, trois dénonciations sur quatre concernaient des agressions survenues au cours du mois précédent.
La pointe de l'iceberg?
Les données utilisées par Statistique Canada pour les fins de ce rapport n'incluent pas les plaintes jugées non fondées par la police.
En vertu du Programme de déclaration uniforme de la criminalité, une affaire est jugée non fondée «s'il a été établi après l'enquête policière que l'infraction ne s'est pas produite et n'a pas été tentée».
En février 2017, le quotidien Globe and Mail révélait qu'une plainte pour agression sexuelle sur cinq était considérée comme non fondée par les services de police au Canada.
En décembre, le gouvernement du Québec a annoncé un projet-pilote d'une durée d'un an au cours duquel la Sûreté du Québec réviserait les plaintes qui avaient été jugées non fondées par la police. Mais un très petit nombre de plaintes ont finalement été réexaminées.
Selon d'autres données rendues publiques par Statistique Canada en juillet dernier, la proportion de dossiers mis de côté par les policiers canadiens est passée à 14% en 2017, une baisse par rapport aux 19% de plaintes jugées non fondées en 2016.