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Autonomie alimentaire: le Québec a tout pour réussir

Nous devons repenser nos modèles et adopter de nouvelles approches pour produire davantage, tant en variété qu’en quantité.
Nataliia Mysak via Getty Images

Ces jours-ci, on parle beaucoup dans les médias de l’autonomie alimentaire du Québec, un sujet qui fait les manchettes en raison de la COVID-19. Si l’autonomie est atteinte avec certains produits dont la volaille, le porc et le lait, est-il utopique de penser que nous pourrions devenir un jour pleinement autosuffisants?

Aujourd’hui, nous pouvons manger des fraises québécoises en novembre, des tomates ainsi que des fines herbes et des laitues locales à l’année, et même des citrons exotiques. Les abonnements aux paniers d’aliments issus de l’agriculture urbaine en janvier sont en hausse - le bio local a la côte et des consommateurs sont prêts à payer.

Pour la plupart des gens cependant, le prix de ces denrées constitue un frein important. La serriculture maraichère doit produire des quantités suffisantes pour générer des économies d’échelle qui rendent leur prix concurrentiel, et augmenter la variété des aliments mis en marché. C’est ainsi que manger local sera plus accessible à une plus grande partie de la population.

On sait que l’Ontario, malgré des tarifs d’électricité élevés comparé au Québec et l’absence d’aide financière à l’achat de luminaires écoénergétiques telle qu’offerte par Hydro-Québec, fait pousser dans certains cas quatre fois plus du même produit que les serriculteurs du Québec. L’Ontario compte moins d’exploitations, mais leur taille fait en sorte qu’elles jouissent d’économies d’échelle qui se reflètent dans les prix au consommateur et les recettes des serriculteurs. Et de gros producteurs prennent en charge la distribution des plus petits.

Le Québec compte quelques serriculteurs qui opèrent à grande échelle mais pour aspirer à l’autonomie alimentaire, il en faut plus. Pour ce faire, nous devons repenser nos modèles et adopter de nouvelles approches pour produire davantage, tant en variété qu’en quantité.

Nous jouissons d’un écosystème avantageux pour réussir à produire en serre des denrées qui, autrement, seraient importées hors saison: des canaux de distribution auprès des consommateurs variés et efficaces, les tarifs d’électricité les moins chers en Amérique du Nord, des fournisseurs de serres qui utilisent des conteneurs récupérés et même des installations de recherche dans nos universités (Laval, UQO, McGill, ITA, …). Ajoutons à cela un modèle coopératif fort dans la transformation alimentaire qui fédère les efforts des petits producteurs, alors que les multinationales dominent ailleurs au Canada.

“En raison de notre nordicité, de l’ouverture des marchés, de même que l’évolution des caractéristiques démographiques et des préférences alimentaires des Québécois, nous devons combler la différence entre l’offre locale et la demande.”

Un autre de nos grands atouts réside dans le fait que le Québec est une pépinière d’entrepreneurs. Chez Sollum, nous avons créé une technologie d’éclairage DEL entièrement programmable et écoénergétique destinée à la culture en serre. Grâce au génie québécois, cette technologie est la seule qui reproduit avec une précision inégalée tous les spectres de la lumière du soleil. Il en résulte une qualité et une variété des produits que constatent et apprécient tous nos clients en Amérique du Nord.

Utopie, l’autonomie alimentaire? D’emblée, on reconnait que c’est tout un défi. Environ la moitié des achats alimentaires des Québécois proviennent d’ici. De plus, 70% des ventes du secteur agricole sont destinées aux entreprises de transformation du Québec. En raison de notre nordicité, de l’ouverture des marchés, de même que l’évolution des caractéristiques démographiques et des préférences alimentaires des Québécois, nous devons combler la différence entre l’offre locale et la demande.

Plusieurs l’ont dit, nous n’arrêterons pas de consommer des oranges ou des bananes, mais on peut augmenter significativement notre autonomie à l’aide de la serriculture maraichère. Il s’agit de mobiliser les forces entrepreneuriales et gouvernementales pour faire croître une agriculture qui utilise la technologie pour produire localement et à l’année, dans le respect de la nature, et appuyée par des consommateurs de plus en plus conscientisés envers l’achat local. Et, pourquoi pas, faire de la serriculture un levier de développement dans certaines régions?

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