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Paralysie sur l'autoroute 13: une situation «inacceptable», dit Coderre (VIDÉO)

Paralysie sur l'autoroute 13: une situation «inacceptable», dit Coderre

Les centaines de voitures, coincées depuis 20h mardi sur l'autoroute 13 sud, dans l'ouest de Montréal, ont finalement quitté les lieux, certaines remorquées, d'autres conduites par leurs propriétaires qui y avaient passé la nuit. Le premier ministre a reconnu qu'il y avait eu des ratés dans l'intervention des services de secours et estimé que la Sécurité civile aurait dû être appelée en renfort.

La tempête politique qui souffle dans les coulisses de l'Assemblée nationale a pris naissance sur un tronçon d'autoroute montréalais. Des dizaines d'automobilistes ont passé la nuit dans leur véhicule sur l'autoroute 13, dans l'ouest de Montréal, parce qu'ils sont demeurés coincés derrière deux camions bloquant complètement la chaussée après une sortie de route.

« Sur la 13 sud, on a près de 300 véhicules de coincés depuis plusieurs heures à la suite de la perte de contrôle d’un camion lourd et de plusieurs véhicules », avait expliqué plus tôt, ce matin, le porte-parole de la Sûreté du Québec, Jason Allard.

Des automobilistes se sont résignés à abandonner leur voiture et sont rentrés à la maison, mais d’autres ont préféré rester, de peur que leur véhicule soit remorqué.

Une situation « inacceptable »

Le maire de Montréal, Denis Coderre, qualifie d'« imbroglio majeur » l'état d'emprisonnement dans lequel se sont retrouvés quelque 300 automobilistes sur l'autoroute 13 sud, en raison de la tempête hivernale intense qui a paralysé la métropole au cours des dernières heures.

« Personnellement, je trouve inacceptable que des gens soient restés pognés pendant 13-14 heures », a déclaré le maire à la séance du comité exécutif, mercredi matin.

« On se comprend que finalement, ça a débloqué, a-t-il ajouté. À 1 h 40, le ministère des Transports du Québec et nos services de protection civile et de sécurité se sont parlé. »

Les véhicules coincés ont commencé à quitter l'autoroute 13 sud, dans l'ouest de Montréal, qui a été fermée plus de 12 heures à la suite de la sortie de route d'un camion lourd.

Plus tôt ce matin, le maire Coderre a promis d’être patient à l’endroit des automobilistes dont la voiture, stationnée, est coincée sous la neige. Il a invité les gens à rester chez eux s’ils le peuvent.

Couillard reconnaît des torts

« C’est peut-être [une situation] exceptionnelle, d’accord, mais la réaction doit être proportionnelle au problème », a déclaré le premier ministre du Québec, Philippe Couillard en reconnaissant certains ratés dans l’intervention du ministère des Transports sur l’autoroute 13 hier soir.

Sortant son téléphone intelligent de sa poche, le premier ministre Couillard a déploré le manque de communication entre les intervenants et les victimes tout en indiquant que l’appareil qu’il avait en main constituait un excellent outil pour ce genre de situation. « Ça diminue l’anxiété et l’angoisse des gens. »

« Je me mets à la place du monde qui est aujourd’hui encore pogné dans leur auto et ils n’ont aucune idée de ce qui va arriver », a-t-il ajouté au cours d’un impromptu de presse à Québec. « J’aimerais bien savoir qu’il y a quelqu’un qui pense à moi et qui va s’occuper de moi. Je pense que le moins que l’on puisse faire, c’est d’informer comme il faut. »

Le premier ministre estime que le MTQ aurait dû recourir aux services de la Sécurité civile pour lui prêter main-forte.

Faisant référence à la « tempête du siècle » de 1971, M. Couillard souligne qu’il n’y avait pas ce genre d’institution à cette époque. « On n’avait pas ça, mais maintenant on a des organisations, en plus des forces policières, comme la sécurité civile qui sont habituées à porter secours aux gens dans des situations difficiles. »

« On savait qu’il y avait une tempête qui s’en venait », ajoute-t-il, visiblement déçu de la tournure des événements. « Il faut faire mieux et mieux se coordonner. »

Le premier ministre répondait ainsi aux critiques des partis de l’opposition.

Lisée tempête

« Cette tempête n’a pris personne par surprise, et n’aurait pas dû prendre personne par surprise au MTQ », a déploré le chef du PQ, Jean-François Lisée. « Qu’est-ce qui n’a pas marché? Pourquoi ça n’a pas marché? Est-ce que les effectifs étaient au rendez-vous? Est-ce que les budgets étaient au rendez-vous? Est-ce que ça a été bien prévu? »

«Ce n’est pas normal que dans une tempête qui est annoncée 3-4 jours à l’avance, des services gouvernementaux ne soient pas vigilants pour venir en aide à ce qui est totalement prévisible.» - Jean-François Lisée

« Ça a été une gestion chaotique », a ajouté le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Bonnardel. « La tempête du siècle en 1971, on pouvait comprendre. On est en 2017. Je dirais une chose au MTQ, sortez les motoneiges, sortez les quatre roues, mais allez aider les gens. »

« Ça n’a aucun sens que les gens aient attendu près de 10 heures dans leur voiture. On n’est pas capable d’aller les chercher. On est en 2017, là. C’est inconcevable que le MTQ, la Sûreté du Québec, les instances provinciales n’aient pas été capables d’aller supporté, aidé ces gens coincés dans leur voiture, dans une tempête qui était annoncée depuis presque 48 heures. »

Une nuit blanche pour plusieurs automobilistes

« Je suis parti de Mirabel à 18 h 30 hier et je suis pris sur l'A13 depuis 20 h », explique Olivier Thomas, l’un des automobilistes coincés dans leur voiture sur l’autoroute. « Les pompiers sont passés entre les voitures pour nous dire qu’il y en avait encore pour 1 h 30 environ. »

Certains automobilistes sont tombés en panne sèche et sont maintenant incapables de faire tourner leur moteur pour se réchauffer.

« On a déployé un autobus pour pouvoir accueillir le plus de monde à l’intérieur, au chaud », explique le chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Montréal, Martin Galarneau. « Dans cet autobus, on a un cabinet d’aisances pour permettre aux gens d’aller aux toilettes. »

Les pompiers ont également dépêché une cantine mobile sur les lieux afin que les naufragés de l'A13 puissent boire une boisson chaude et se mettre quelque chose sous la dent. « Des gens refusent de quitter leur voiture de peur qu’elle ne soit remorquée », poursuit M. Galarneau.

Prisonnière d'une navette enlisée

Non loin de l’autoroute 13, des passagers d’une navette de l’aéroport de Montréal sont également demeurés coincés au milieu de la neige dans le secteur de Dorval.

« Quand mon vol a été annulé, j’ai fait la file pour attendre un taxi pour rentrer à la maison », explique l’une des voyageuses, Marie-Christine Tremblay, en entrevue à ICI RDI. « Il y avait une attente d’environ trois heures pour un taxi. Après 1 h 30 d’attente, l’aéroport nous a offert une navette pour nous reconduire au métro Lionel-Groulx. »

« J’étais très heureuse de partir de là [l’aéroport], mais après deux kilomètres, l’autobus s’est enlisé et nous sommes restés là 10 heures. »

Finalement secourus par les pompiers, qui ont fait monter les passagers de la navette enlisée dans un autobus du SIM pour les sinistrés, les passagers devaient être reconduits dans un centre d’hébergement de Lachine. « Mais tous les chemins sont bloqués et nous allons tourner en rond pendant peut-être une heure, jusqu’à temps de trouver un chemin », confie-t-elle.

L’avocate qui devait prendre l’avion pour se rendre à Sept-Îles afin de participer à un procès n’a toutefois pas l’intention de se chercher un nouveau vol en direction de la Côte-Nord aujourd’hui.

«Tout ce que je veux maintenant, c’est aller me coucher.» - Marie-Christine Tremblay

Carambolage sur l'A20

La Sûreté du Québec (SQ) confirme par ailleurs que l'autoroute 20 ouest est fermée depuis plus de 16 heures près de Saint-Zotique, en Montérégie, où un carambolage s'est produit; il a fait trois blessés graves. Des motoneigistes ont été mis à contribution pour sauver les automobilistes prisonniers de leur véhicule.

« On a 10 camions semi-remorques, dont certains ont pris feu près du kilomètre 4,5, et on parle d’au moins trois blessés graves », explique M. Allard.

Circulation difficile à Montréal

La Société de transport de Montréal (STM) signalait avant l'aube qu'environ 200 autobus étaient embourbés dans la neige, incapables de circuler. Or, la STM ne dispose que de 7 remorqueuses pour les sortir du pétrin.

Par ailleurs, plus de 100 chauffeurs ont jusqu'ici été incapables de se rendre au travail, ce qui réduit d'autant le nombre d'autobus en mesure de prendre la route.

La STM rappelle cependant qu'elle a malgré tout 1300 autobus sur les routes et que le métro fonctionne normalement.

L'Agence métropolitaine de transport (ATM) est elle aussi aux prises avec un manque de personnel. Au moins un train en partance pour Montréal a dû rester en gare mercredi matin, à Vaudreuil-Dorion, pour cette raison. D'autres départs risquent d'être perturbés.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué qu’il allait augmenter le nombre d’agents en poste à l’heure de pointe du matin, et faire une analyse constante de l’état de la situation tout au long de la journée. Le SPVM recommande aux gens de limiter leurs déplacements, car l’état des routes rend ceux-ci extrêmement difficiles.

L’Université de Montréal a suspendu ses cours et demande « aux membres du personnel et aux étudiants d'éviter de se rendre sur les différents campus de Montréal, de Saint-Hyacinthe, de Laval et de Trois-Rivières, sauf pour assurer les activités essentielles ». Le campus de Montréal reste ouvert, mais les accès seront pour la plupart fermés.

Les activités d'enseignement et toutes les autres activités prévues aujourd'hui sont aussi suspendues à l'UQAM.

Considérant la situation, le maire Denis Coderre invite les gens à rester chez eux.

Il promet d’être patient à l’endroit des automobilistes dont la voiture, stationnée, est coincée sous la neige.

Tempête à Montréal (14 mars 2017)

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