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Bâillonner la voix d'un million de Québécois

Les libéraux se sont présentés aux électeurs en 2015 comme les champions de la démocratie. À les croire, c'en était fini du mode de scrutin actuel.
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Les libéraux se sont présentés aux électeurs en 2015 comme les champions de la démocratie. À les croire, c'en était fini du mode de scrutin actuel.

« Nous nous engageons à ce que l'élection 2015 qui s'en vient soit la dernière conduite au Canada, au niveau fédéral, selon le système uninominal à un tour. Nous nous engageons à déposer un projet de loi à cet égard dans les 18 premiers mois », qu'il disait en campagne électorale, le beau Justin.

Eh bien! Pfff! Comme une balloune se dégonflant, virevoltant dans les airs, la promesse s'est envolée avant de s'écraser dans un coin de la Chambre des communes, oubliée comme tant d'autres engagements libéraux. Le Canada devra continuer à vivre avec le vieux mode de scrutin uninominal à un tour - héritage britannique décrié par les libéraux quand ils formaient la deuxième opposition, mais qui peut faire l'affaire s'ils forment le gouvernement... Vous connaissez la chanson... Bref, avec ce mode de scrutin, le fait qu'un parti recueille un million de voix ne garantit pas sa présence à Ottawa. Et encore, même s'il est présent, rien ne lui garantira d'être reconnu.

Cette reconnaissance, cependant, ne relève pas d'une réforme du mode de scrutin, mais plutôt d'une réforme parlementaire. Et c'est justement, ce que le gouvernement fédéral a entrepris : réformer le fonctionnement du parlement.

Étrangement, tous les parlementaires ne sont pas invités à participer à l'exercice.

Alors que le premier ministre Trudeau prétend vouloir moderniser le règlement de la Chambre des communes et entreprend, dit-il, une « grande conversation » avec les parlementaires de tous les partis, ne voilà-t-il pas qu'il exclut les députés du Bloc Québécois et la députée du Parti vert de la discussion.

On se rappellera que depuis le 19 octobre 2015, c'est en vertu de ce règlement désuet que, nous, les élus du Bloc Québécois, et Élisabeth May du parti Vert, sommes exclus, sans droit de parole, sans droit de vote, de tous les comités permanents du Parlement, élément essentiel du processus législatif (pour faire court, c'est en comité que les députés peuvent amender les lois).

Pour intervenir en Chambre sur une motion ou un projet de loi, la plupart du temps, nous devons quêter du temps de parole aux autres partis qui acceptent ou non de nous en concéder, selon leur humeur. De fait, nous sommes au 34e rang dans les droits de parole. Et, on ne se rend pas au 34e orateur...

La leader parlementaire du gouvernement a envoyé une lettre cette semaine aux partis de l'opposition. Sans surprise, elle a ignoré le Bloc Québécois et les quelque un million d'électeurs qui nous ont fait élire.

Non seulement nous ne sommes pas informés par lettre comme les autres parlementaires, mais nous apprenons les intentions de la leader dans les journaux... Pire, elle indique que le gouvernement devra utiliser davantage les attributions de temps. Ce qui diminuera encore plus notre temps de parole.

Cette décision du gouvernement aura comme conséquence de limiter ou de restreindre notre liberté de parole et d'affecter directement notre travail, le travail pour lequel des centaines de milliers de Québécois nous ont élus.

Cette décision du gouvernement aura comme conséquence de limiter ou de restreindre notre liberté de parole et d'affecter directement notre travail, le travail pour lequel des centaines de milliers de Québécois nous ont élus.

Si on enlève ou qu'on le limite de façon inéquitable le droit de parole d'un député, on brime sa capacité de faire entendre la voix de ses électeurs au parlement. Au nom de quel principe démocratique Justin Trudeau justifie-t-il ce deux poids deux mesures?

On pourrait croire que la réforme de la procédure parlementaire est un dossier d'initié qui n'intéresse personne, mais, dans les faits, Ottawa s'attaque aux principes fondamentaux de la démocratie même. Il rend inégal le vote des uns et des autres. Il affaiblit le vote des Québécois.

Désormais, quand Justin Trudeau dira réforme, il faudra entendre attaque. Et comme par hasard, ce sont les indépendantistes du Québec qui en feront les frais.

Ce sont les voix d'un million d'électeurs québécois qui seront bâillonnées.

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