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Benoît Charest: 10 ans de Triplettes

Benoît Charest: 10 ans de Triplettes
Agence QMI

Benoît Charest a vu le trophée de la meilleure musique originale lui échapper aux mains d’Howard Shore, l’homme derrière l’ambiance sonore de Cosmopolis, dimanche soir, lors du premier gala des Prix Écrans canadiens, cérémonie fusionnant les Genie et les Gemini Awards.

Le musicien québécois était en lice pour la bande originale du film Mars et Avril, de Martin Villeneuve. Mais qu’à cela ne tienne; il pourrait se reprendre de jolie façon à la Soirée des Jutra, le 17 mars, où il est cité dans la même catégorie, non seulement en lien avec l’œuvre précédemment mentionnée, mais aussi pour Une bouteille dans la mer de Gaza, romance entre un Palestinien et une Israélienne signée Thierry Binisti. Deux chances plutôt qu’une, donc, de l’emporter pour l’artiste.

«Ou deux fois plus de perdre, rigole ce dernier, ne se prenant visiblement pas au sérieux. Je n’accorde pas une trop grande importance aux récompenses, mais c’est flatteur. Ces soirées sont agréables parce qu’elles donnent l’occasion de rencontrer d’autres compositeurs, qu’on n’a pas souvent la chance de croiser, parce que chacun travaille toujours dans son propre studio. C’est bien de partager avec les gens du milieu.»

Et s’il ne monte pas cueillir la précieuse statuette sur scène, Benoît Charest pourra se consoler en se disant que les rythmes pondus pour le long-métrage connaissent aujourd’hui une deuxième vie sur disque. L’album Mars et Avril est en effet disponible en magasin et sur Internet depuis quelques jours.

«Cette commande était assez ambitieuse, note-t-il. Martin Villeneuve m’avait dit que c’était l’histoire d’un musicien de jazz génial, dans le futur. Dès le départ, c’était un gros contrat. Je ne prétends pas être extraordinaire, mais il a fallu que je puise profondément au fond de moi pour créer une musique émotive et sensuelle. C’était un gros exercice!»

Après une belle virée dans les festivals, notamment à Karlovy Vary, Sudbury et Calgary, Mars et Avril a pris l’affiche dans les salles du Québec à la mi-octobre 2012. Mettant en vedette Jacques Languirand, Paul Ahmarani et Caroline Dhavernas, l’opus raconte l’histoire d’amour entre un septuagénaire et une jeune femme, deux êtres que l’ardente passion entraînera jusque sur la planète Mars. Forte de son budget avoisinant les 2 300 000$, la production n’est parvenue à récolter qu’un maigre 29 900$ au box-office. La fiction a-t-elle trouvé son public?

«Je ne sais pas, répond honnêtement Benoît Charest. Mais je sais que le film était très ambitieux pour le budget qu’il avait. Les choses ne se déroulent jamais parfaitement comme on le veut. C’était quand même un effort très louable de la part de Martin Villeneuve d’avoir réussi ce tour de force.»

Revivre les Oscars

En 2014, Benoît Charest célébrera le 10e anniversaire de son passage sur le mythique tapis rouge des Oscars, où il était alors en nomination dans la section Meilleure chanson pour Belleville rendez-vous, pièce-titre du film d’animation Les Triplettes de Belleville. Cette même année, à ses côtés, Denys Arcand et ses Invasions barbares triomphaient en récoltant la distinction du Meilleur film en langue étrangère. Près d’une décennie après ce moment de gloire, que retient de l’expérience le membre du club sélect des représentants de la Belle Province dans la course aux Oscars?

«J’ai mis une petite coche dans mon livre, s’esclaffe-t-il. Been There Done That! (rires) C’est toujours un peu surréaliste, dans une certaine mesure. Moi, quand j’y suis allé, je pense qu’aucun musicien québécois ne s’était encore rendu aux Oscars. Alors, je ne m’y attendais absolument pas. Ç’a été une belle surprise. Ça m’a donné l’opportunité d’observer la grosse bibitte hollywoodienne de l’intérieur pendant quelques jours! (rires)»

Aux dires du créateur, il est probablement «de plus en plus possible» pour les Québécois d’accéder à la grand-messe du septième art. Après tout, ces trois dernières années, quatre des nôtres ont réussi l’exploit : Denis Villeneuve (Incendies), Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar), Kim Nguyen (Rebelle) et Yan England (le court-métrage Henry) ont tous communié sous l’enseigne du Kodak Theater, même si aucun d’eux n’y a été honoré. Heureux pour ses collègues, Benoît Charest n’a toutefois pas eu la chance d’échanger avec eux, avant ou après leur voyage à Los Angeles.

«De toute façon, c’est quelque chose qui se vit et qui s’apprend sur le tas», précise-t-il.

Hommage à l’ancienne

Loin d’avoir relégué aux oubliettes le succès qu’a obtenu Les Triplettes de Belleville, Benoît Charest offrira bientôt un beau cadeau aux nostalgiques de l’univers fantastique imaginé par Sylvain Chomet. Il prépare actuellement un concert-hommage aux Triplettes, une performance «à l’ancienne» qui sera présentée un peu partout au Québec dans les prochains mois. Les dates officielles seront annoncées sous peu.

«Ce sera un entracte musical. On va projeter le film sur un écran et jouer la musique live. C’est surtout pour le plaisir. C’est le fun de voir des musiciens performer comme on le faisait souvent avec les anciens films.»

En parallèle, le jazzman se produit aussi en trio avec ses camarades Dan Thouin à l’orgue et John Fraboni à la batterie, dans un spectacle où ils reprennent de grands classiques du jazz et polissent aussi quelques morceaux originaux. Mais c’est principalement les musiques qu’il compose pour le grand écran et, parfois, pour la télévision et la publicité, qui permettent à Benoît Charest de vivre de son art. Il s’attarde actuellement à peaufiner les airs qui enroberont la version anglophone de La grande séduction.

«Je fais beaucoup moins de télévision et de publicité qu’avant, note-t-il. Je travaille surtout pour le cinéma. C’est un autre créneau, une autre vitesse. Tout vient par vagues et par cycles. Il y a beaucoup de monde talentueux. Tu peux être à la mode pendant une dizaine d’années, puis d’autres prennent ensuite la relève… Ainsi va la vie!»

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