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On peut prendre acte de la contribution incommensurable de ce grand Québécois que fut Bernard Landry à l'économie et à la nation québécoises.
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Un gigantesque point d'interrogation sera toujours présent dans la conscience souverainiste: que serait-il arrivé si Monsieur Landry était resté chef du Parti québécois le 4 juin 2005, lorsqu'il a décidé de s'incliner après un vote de confiance de 76,2% lors du congrès national du parti?
Canadian Press / Clement Allard
Un gigantesque point d'interrogation sera toujours présent dans la conscience souverainiste: que serait-il arrivé si Monsieur Landry était resté chef du Parti québécois le 4 juin 2005, lorsqu'il a décidé de s'incliner après un vote de confiance de 76,2% lors du congrès national du parti?

Mardi, le premier ministre du Québec de 2001 à 2003, Bernard Landry, est décédé. Militant péquiste et indépendantiste de la première heure, Monsieur Landry a été ministre dans les gouvernements de René Lévesque, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, avant de succéder à celui-ci à la tête de l'État québécois, ce qui fait de lui le dernier premier ministre issu du Parti québécois à la tête d'un gouvernement majoritaire. C'était il y a 15 ans.

On se souviendra de lui pour sa contribution à l'essor du Québec inc., la signature de la Paix des braves, son appui au libre-échange et son militantisme éternel en faveur de l'indépendance du Québec, entre autres.

Néanmoins, un gigantesque point d'interrogation sera toujours présent dans la conscience souverainiste: que serait-il arrivé si Monsieur Landry était resté chef du Parti québécois le 4 juin 2005, lorsqu'il a décidé de s'incliner après un vote de confiance de 76,2% lors du congrès national du parti?

«Conditions gagnantes» sur fond de scandale des commandites

Pourtant, à l'été 2005, les indicateurs étaient excellents pour les indépendantistes: le scandale des commandites venait d'éclater au Canada et la Commission Gomery révélait à tous les tactiques illégales employées par le bureau de Jean Chrétien pour payer de la propagande fédéraliste à des agences de communication amies des libéraux en territoire québécois à même les impôts des contribuables.

Landry, qui promettait de ne pas tenir une consultation référendaire qu'il ne serait pas certain de gagner, pouvait croire que les fameuses «conditions gagnantes» attendues par son prédécesseur se montraient enfin le bout du nez.

En conséquence directe des magouilles du premier ministre canadien, l'appui à la souveraineté avait atteint des sommets jamais vus depuis l'Accord du lac Meech dans l'opinion publique. Au printemps 2005, Léger mesurait une majorité de «OUI» à l'indépendance de 54% et des intentions de vote pour le Parti québécois de 47%, clairement à la hausse depuis la défaite à 33% en 2003.

Par conséquent, en congrès au mois de juin, le parti adoptait une résolution stipulant qu'un référendum sur la souveraineté aurait lieu «le plus rapidement possible à l'intérieur d'un premier mandat». Landry, qui promettait de ne pas tenir une consultation référendaire qu'il ne serait pas certain de gagner, pouvait croire que les fameuses «conditions gagnantes» attendues par son prédécesseur se montraient enfin le bout du nez.

Le vote de confiance

Puisqu'un vote de confiance est prévu à chaque congrès national selon les statuts du Parti québécois, Bernard Landry a dû s'y soumettre en ce 4 juin 2005. Les membres ont tranché et celui qui était alors chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale a obtenu la confiance de 76,2% des délégués, assez pour demeurer en poste, Lucien Bouchard ayant obtenu sensiblement le même résultat à son arrivée au PQ en 1996 (76%).

Immédiatement après le dévoilement du résultat, l'ancien premier ministre est monté sur scène pour annoncer qu'il jugeait cet appui insuffisant et qu'il quittait son poste de chef du Parti québécois.

Cependant, immédiatement après le dévoilement du résultat, l'ancien premier ministre est monté sur scène pour annoncer qu'il jugeait cet appui insuffisant et qu'il quittait son poste de chef du Parti québécois. La légende veut que des supporters de sa rivale de toujours, Pauline Marois, lui aient fortement suggéré de céder sa place.

L'échec de 2007

Suivant la démission de Bernard Landry, une course à la chefferie a naturellement été lancée au Parti québécois, laquelle s'est vue remportée par André Boisclair, jeune ministre sous Lucien Bouchard qui avait su mobiliser des dizaines de milliers de jeunes dans le cadre de sa campagne.

Le résultat était sans appel: le Parti québécois était réduit au statut de deuxième groupe d'opposition à l'Assemblée nationale et atteignait un plancher d'appuis jamais atteint depuis 1973.

Malheureusement, la lune de miel n'a pas duré et une fois en campagne électorale, Boisclair était hanté par les scandales de consommation de cocaïne ayant dérangé sa campagne à la chefferie et par une controverse survenue après la décision de son parti de ne pas mentionner le mot «référendum» dans sa plateforme électorale, jugeant que c'était un boulet inutile pour le PQ. Ajoutez à cela l'arrivée de l'enjeu identitaire dans la joute politique, rapidement saisi par Mario Dumont et l'ADQ, et c'était l'hécatombe assurée.

Le résultat était sans appel: le Parti québécois était réduit au statut de deuxième groupe d'opposition à l'Assemblée nationale et atteignait un plancher d'appuis jamais atteint depuis 1973. Évidemment, tous se sont demandé ce qui serait arrivé avec Bernard Landry à la tête du parti, ce qui aurait pu changer les choses.

Un rendez-vous raté

Landry l'a lui-même admis, il a amèrement regretté son départ précipité par la suite. Avec la fenêtre historique sans pareil ouverte par le scandale des commandites, des conditions clairement plus gagnantes que tout ce qui avait suivi le référendum de 1995 se dessinaient devant les indépendantistes.

Malheureusement, le Parti québécois n'a pas su en tirer profit et il en paie le prix: jamais l'appui à la souveraineté n'a dépassé les 50% dans l'opinion publique par après.

On peut toutefois prendre acte de la contribution incommensurable de ce grand Québécois que fut Bernard Landry à l'économie et à la nation québécoises et honorer sa mémoire en continuant de travailler pour qu'advienne la cause de sa vie, l'indépendance du Québec.

Personne ne sait ce qui aurait pu se produire si Bernard Landry était resté à la tête du PQ pour une élection de plus. Cependant, il est éminemment trop tard pour y changer quoi que ce soit. On peut toutefois prendre acte de la contribution incommensurable de ce grand Québécois que fut Bernard Landry à l'économie et à la nation québécoises et honorer sa mémoire en continuant de travailler pour qu'advienne la cause de sa vie, l'indépendance du Québec.

Reposez en paix, Monsieur Landry.

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