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Tu as un immense talent qui n'a pas besoin d'être supporté par les colonnes de l'exhibitionnisme à outrance.
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John Londono via Facebook/Hubert Lenoir

Il y a 30 ans et plus, on aurait probablement titré « dans la tête de » , en parlant d'un créateur, mais aujourd'hui, le sujet de préoccupation semble se situer en bas de la ceinture, en ce qui concerne Hubert Lenoir. Je ne dirai ni « le » ni « la », je vais juste dire Hubert. Est-ce que c'est correct? D'entrée de jeu, je n'ai rien contre l'artiste. Je trouve que c'est littéralement du Michel Tremblay chanté, un joual rafraîchissant qui est plus que jamais le bienvenu dans la dérive identitaire face à laquelle toutes les cultures sont confrontées, à l'ère de l'hypermondialisation.

Je retrouve dans les textes et l'expression de Lenoir le même génie que dans ceux de Robert Lepage. Quelque chose d'intangible, l'art de rendre sophistiqué une kyrielle d'onomatopées et d'expressions, à première vue banales, avant qu'on y ajoute la bonne dose d'émotion et le contexte approprié.

Hubert est victime de railleries sur les réseaux sociaux depuis son passage à La Voix. À première vue, j'ai même réprimandé un ami qui dénonçait l'artiste. Je l'ai fait au nom de la liberté d'expression.

Moi, Hubert, de te voir par terre, en train de te caresser les parties, dans un climax qui ne semble concerner que toi... non.

Je suis allé voir la fameuse émission. J'ai retiré mes paroles. Moi, Hubert, de te voir par terre, en train de te caresser les parties, dans un climax qui ne semble concerner que toi... non.

Premièrement, parce que tu n'as pas besoin de ça pour vendre ton talent. Juste les chansons sont excellentes. La mise en scène a tendance à nous en éloigner, à nous distraire inutilement.

Deuxièmement, ta sexualité ne m'intéresse pas. Te voir tout (te) nu (e), encore moins. Pas que je ne te trouve pas regardable ou que l'hétérosexuel en moi crie à l'hérésie. Ça ne m'intéresse pas, tout simplement. De la même façon que je n'ai pas envie de voir la bizoune à Eric Salvail. Comprends-tu? À savoir si tes bobettes sont des Fruit Of The Loom ou bien des Victoria's Secret, hé bien, ça ne concerne que toi.

Tu as décidé de jouer la carte du scandale. J'espère que tu n'es pas outré(e) du salissage des réseaux sociaux quand tu sais très bien qu'en y plongeant de blanc vêtu(e), c'est ce qui risquait d'arriver. J'espère que tu avais compris que Facebook est un peu des fois... souvent une poubelle à préjugés où tout ce qui est « hors normes » y passe, du musulman, au noir, à l'obèse, au petit Jérémy, aux homosexuels et la liste est presque infinie.

Ne me dis pas que tu es surpris(e), s'il te plaît. Et ne me dis surtout pas que toute cette bouette ne fait pas monter ta notoriété en flèche. Depuis Elvis qu'on a compris la mécanique mercantile du scandale. C'est juste que maintenant, avec les réseaux sociaux, tu peux lire ce que le redneck en pense. C'est momentanément blessant, mais tout aussi payant au bout de la ligne.

En somme, tu as un immense talent qui n'a pas besoin d'être supporté par les colonnes de l'exhibitionnisme à outrance. Habille-toi en femme, en homme ou les deux. Fais-moi un vibrant plaidoyer sur l'ambivalence, la liberté de s'habiller et de se maquiller en ce qu'on veut ou de baiser avec qui on veut. J'achète ça à 100 milles à l'heure. Mais, entre toi pis moi, aurais-tu tripé de voir Marie-Ève Janvier enlever son gilet et se mettre la main entre les deux jambes au gala Artis? Tu aurais dit : Kessé ça!?! À tout le moins, tu aurais cherché à savoir pourquoi. Et si le pourquoi a plus une odeur de rebelle sans cause, tu redemanderais pourquoi.

Mais j'ai compris que tu cherchais à changer les mentalités ou à tout le moins, les faire évoluer. Je te trouve exagéré parfois, mais fondamentalement je suis d'accord avec le principe de liberté d'expression, dans la mesure où j'ai aussi la liberté de ne pas aimer ça, de le dire poliment et de changer de poste.

Mais, pendant que nous débattons de cette polémique d'une "importance capitale", il est mort 60 personnes à Gaza lundi. Tu en penses quoi?

Merci.

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