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Bombardier: Ottawa délie les cordons de sa bourse avec prudence

La partie n'est peut-être que remise, pour une aide fédérale plus substantielle.
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Dans un hangar impeccable, blanc, propre et éclairé du Centre de finition Global, devant une maquette grandeur nature d'une cabine de Global 7000, se trouvaient les ministres ainsi qu'Alain Bellemare, PDG de Bombardier face à une rangée de journalistes et de caméras de télévision, à un groupe d'invité d'honneur dont Suzanne Benoit, PDG d'Aéro Montréal et, plus en recul, à un fort contingent d'employés du Centre de finition.

Mélanie Joly invita le ministre Bains à livrer la bonne nouvelle : un prêt remboursable de 372 millions de dollars canadiens (282 millions de dollars américains) versés dans le cadre de l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (ISAD), sur quatre ans, destinés aux deux tiers au financement des activités de recherche et de développement pour l'avion d'affaires de haut de gamme Global 7000, assemblé à Downsview en banlieue de Toronto et à un tiers, à celui des activités de mise au point du monocouloir de cent places, CSeries, assemblé à Mirabel, au nord de Montréal. Le Global 7000, au prix unitaire de 72 millions de dollars américains dont le vol inaugural remonte au 4 novembre 2016, est en campagne de test en vol pour une certification et entrée en service en 2018. Bombardier a livré en 2015, 77 Global 5000 et 6000. Les CS100 et CS300 dont les vols inauguraux ont eu lieu respectivement le 16 septembre 2013 et le 27 février 2015, entrèrent tous deux en service en 2016.

Monsieur Bains résuma la décision de son gouvernement simplement par trois mots : «The right Decision».

Alain Bellemare ne put que remercier le ministre même si depuis plus d'un, tout le Québec souhaitait une aide fédérale équivalente à celle du gouvernement du Québec, soit de l'ordre du milliard de dollars. Enthousiaste, le PDG de Bombardier lança que «Le Canada chérit son industrie aéronautique».

Pourquoi le gouvernement Trudeau a-t-il consenti si peu à Bombardier, et ce, sous forme de prêts remboursables.

Mais le ministre Garneau trouva le moyen de justifier le bas niveau de l'aide d'Ottawa en prétextant que les commandes de CSeries passées l'an dernier par Air Canada et Delta Airlines avaient amélioré la situation financière de l'avionneur québécois.

Mais pourquoi le gouvernement Trudeau a-t-il consenti si peu à Bombardier, et ce, sous forme de prêts remboursables.

Il faut comprendre que le ROC ou Rest of Canada n'apprécie guère le soutien du fédéral à l'industrie aérospatiale québécoise. Tout un chacun se rappellera de la grogne provoquée dans le reste du Canada par l'octroi, par le gouvernement de Brian Mulroney, du contrat de maintenance des McDonnell Douglas F-18 Hornet des Forces aériennes canadiennes, à Bombardier au détriment de la Manitobaine Bristol Aerospace. Les financiers Bay Street à Toronto ne cachent pas non plus leur hostilité à cette aide à Bombardier qui plane dans l'air depuis plus d'un an.

Donc le gouvernement libéral à Ottawa a dû ménager la chèvre et le chou.

De là le soutien au programme Global 7000, basé en Ontario, ce qui était tout à fait prévisible afin de calmer le ROC.

Il faut souligner que le fédéral n'a aucunement avancé sur l'épineuse question des actions à vote multiple, si chère à la famille Beaudoin-Bombardier ainsi qu'au Québec Inc. et à l'opposé, source de grande irritation au Canada anglais.

Mais il y a aussi, l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche qui prône un nationalisme économique passant par la protection des industries américaines menacées par des concurrents étrangers subventionnés et qui aurait inclus dans ses récriminations envers Ottawa, le soutien de l'État canadien à Bombardier, en particulier et à l'industrie aérospatiale, en général.

Aider massivement Bombardier actuellement pourrait soulever l'ire de Washington et mettre en réel danger d'éventuelles ventes de CSeries aux géants du transport aérien américain qui, il faut le rappeler, assurèrent, à eux seuls, le succès des Regional Jet de Bombardier.

La partie n'est peut-être que remise, pour une aide fédérale plus substantielle.

Rappelons que le gouvernement du Québec a déjà investi un milliard de dollars américains dans le programme CSeries par le biais d'une prise de participation à hauteur de 49,5 % sans compter le milliard de dollars américains investi dans la division ferroviaire par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CPDQ). En 2005, au lancement du CSeries, le gouvernement fédéral avait consenti un prêt remboursable de 350 millions de dollars canadiens et le 11 octobre dernier, un octroi de 54 millions de dollars au titre du Programme de démonstration de technologies.

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