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Essayer d’être plus heureux ne fonctionne pas. Ce qui suit, si

Courir après le bonheur expose à un effet boomerang. Voici ce qui, selon la science, contribue réellement à nous rendre heureux.
Le bien-être, contrairement au bonheur, est un objectif à long terme “raisonnable” et susceptible d’être atteint.
Thomas Barwick via Getty Images
Le bien-être, contrairement au bonheur, est un objectif à long terme “raisonnable” et susceptible d’être atteint.

BONHEUR - Au début de cette nouvelle année, mon mari et moi avons réfléchi à ce que nous espérions pour nos deux enfants, actuellement et quand ils seront grands. Nous sommes rapidement tombés d’accord sur le fait que nous voulions simplement les voir heureux, quels que soient leurs choix de vie. Ca nous a fait du bien de le formuler, et c’est vrai. J’adorerais que mes enfants aient une vie longue et heureuse.

Le hic, c’est que le bonheur n’est pas un bon objectif.

Les humains, dans leur grande majorité, n’évoluent pas dans un état de béatitude perpétuelle (voire semi-régulière), parce que la vie est dure et parce que notre cerveau a tendance à ne retenir que le négatif. De même, la plupart des choses dont nous pensons qu’elles vont nous rendre heureux s’avèrent décevantes.

Voici d’autres raisons pour lesquelles tenter d’être heureux ne fonctionne pas si bien, mais aussi ce qui pourrait marcher, selon la science.

Le bonheur ne dure pas

Le bonheur ne peut être un objectif à long terme parce qu’il s’agit d’une “émotion fluctuante”, comme l’explique Itai Ivtzan dans un article pour Psychology Today. C’est particulièrement vrai du bonheur hédoniste, qui consiste à booster le plaisir et minimiser la souffrance.

Poursuivre résolument cette émotion fugace peut réellement s’avérer contre-productif, soutient Sonja Lyubomirsky, professeure et vice-présidente de la chaire de psychologie à l’université de Californie Riverside et autrice de The How of Happiness.

Elle se réfère à des études selon lesquelles les gens qui surévaluent le bonheur, ceux qui proclament qu’à tout moment de leur vie, leur bonheur est un indicateur de la valeur de cette dernière, ont tendance à être ou devenir moins heureux au fil du temps. “Si vous êtes trop préoccupé par votre bonheur, vous allez passer plus de temps qu’il n’en faut à surveiller vos émotions, (…) à vous demander si vous êtes vraiment heureux”, explique-t-elle, ajoutant que le sentiment d’échec vous guette si vous n’obtenez pas le degré de joie escompté.

Autre point essentiel: être heureux tout le temps est une idée absurde. “Le but n’est pas d’être heureux 24h/24”, déclare Richard Davidson, fondateur et directeur du Center for Healthy Minds de l’université du Wisconsin-Madison. On ne songerait pas à être heureux face à la perte d’un être cher, ou à d’autres traumatismes et défis tels qu’une pandémie mondiale.

Le “bien-être” est une bien meilleure finalité

Compte tenu de tout cela, “notre équipe privilégie le bien-être au bonheur”. Et s’il n’est pas normal d’être heureux face à la peine ou au traumatisme, on peut néanmoins maintenir un niveau élevé de bien-être quand on est triste, estime-t-il. Le chagrin et la souffrance font partie de la vie. En outre, le bien-être est un objectif à long terme “raisonnable” et susceptible d’être atteint, souligne-t-il. Ses collègues du Center for Healthy Minds ont récemment publié une enquête qui, selon eux, explique comment accéder au bien-être à l’aide d’habitudes quotidiennes concrètes et d’une application d’accompagnement gratuite.

L’argent aide, mais jusqu’à un certain point seulement

La pauvreté, avec ses répercussions évidentes sur la santé mentale, s’inscrit dans un véritable cercle vicieux. En pesant sur le moral comme sur le physique, les angoisses financières augmentent le risque d’exposition à un traumatisme et d’aggravation de la situation économique.

De nombreuses études montrent toutefois qu’il existe un point au-delà duquel l’argent n’a plus beaucoup d’effet.

À titre d’exemple, une étude de 2018 a montré que des Nord-Américains gagnant plus de 105 000$ (américains) par an étaient très contents de leur vie. Au-dessus de ce chiffre, le bonheur déclinait (ces sommes sont évidemment bien supérieures au revenu moyen aux États-Unis.) D’autres études laissent entendre que le bien-être émotionnel croît avec la hausse des revenus, jusqu’à 75 000$ (américains) par an environ.

Alors pourquoi plus d’argent n’équivaut-il pas à plus de bonheur? D’abord, les gens s’habituent à ce que l’argent peut leur procurer (encore une fois, le bonheur hédoniste est éphémère). Ensuite, plus ils gagnent d’argent, plus la somme dont ils disent avoir besoin augmente. Or nous avons tendance à fonder notre sentiment de bien-être sur ce que nous gagnons par rapport aux personnes de notre entourage (le revenu relatif) plutôt que par rapport à l’ensemble de la population.

Envie de booster votre bien-être? La pleine conscience est fondamentale

Dans une étude récente expliquant comment accéder au bien-être, Richard Davidson et ses collègues ont identifié quatre piliers, dont l’un est la pleine conscience. Il la décrit comme la capacité à “être dans le moment présent” et à “savoir ce que fait notre esprit”.

De nombreuses études ont d’ailleurs établi un lien entre pleine conscience et bien-être. Mais Richard Davidson et ses collègues insistent sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de pratiquer la méditation assise. Ils encouragent plutôt les gens à s’habituer à fermer les yeux et prendre chaque jour dix inspirations profondes, ou se concentrer sur leurs sensations pendant qu’ils effectuent des tâches banales.

“Ces pratiques vont s’intégrer à vos activités quotidiennes”, nous dit-il. “Vous les effectuerez en faisant la lessive, le ménage, une promenade, ou vos allers-retours au travail. Vous n’avez pas à y consacrer une minute supplémentaire de votre temps.”

Fixez-vous un but dans la vie

Les scientifiques ont démontré que le fait de vivre et travailler en ayant un but apporte toutes sortes d’avantages sur le plan physique et émotionnel. Une étude de 2019 a même révélé que cela se traduisait par une espérance de vie plus longue. On ne sait pas encore pourquoi exactement, mais il semblerait que les gens vivant avec le sentiment d’avoir un but subissent moins de phénomènes inflammatoires.

Les spécialistes sont convaincus que la poursuite d’un but est vraiment ce qui nous distingue des autres espèces animales. “Les humains ressemblent à beaucoup d’autres créatures dans leur quête du bonheur”, souligne une étude de 2013. “Mais la quête de sens est un élément clé de ce qui fait de nous des humains.”

Ce qui compte, c’est de comprendre nos valeurs fondamentales, de se tenir au cap que l’on s’est fixé, soutient Richard Davidson.

Il est également essentiel de trouver des façons de lier les parties prosaïques de notre vie quotidienne à ces valeurs fondamentales.

Vous allez par exemple avoir le sentiment que ce qui vous nourrit, c’est la connexion avec votre famille, dit-il. Alors, prenez conscience du fait que les activités liées à votre foyer, comme la vaisselle, le ménage, le travail que vous effectuez pour gagner de quoi contribuer à la stabilité financière de la famille, sont vraiment au service de cela.

“Même les tâches les plus banales peuvent être profondément imprégnées de ce sentiment.”

Là encore, ce que vous pensez de cet effort, et de tous les efforts visant à améliorer votre bien-être, compte.

“Concentrez-vous sur les pratiques positives que sont, entre autres, la gratitude, la générosité et, l’exercice physique, sans trop chercher à vous en servir pour être plus heureux”, conclut Sonja Lyubomirsky.

Cet article, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Catherine Biros pour Fast ForWord.

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