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De bonnes nouvelles pour les sciences de la vie: le budget du Québec version 2018

Pour aller au-delà de l'aspect financier, il convient de rappeler qu'un accès plus rapide aux nouveaux médicaments vient en aide à tous les patients pour qui ces médicaments sont nécessaires.
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Nul ne saurait contester l'importance de la recherche en sciences de la vie pour notre santé présente et future. Les problèmes sont nombreux et la meilleure façon d'en trouver les solutions réside dans la recherche de nouveaux médicaments. Un exemple parmi bien d'autres est la recherche de nouveaux antibiotiques.

Dans un article que je signais dans l'Actualité médicale, je soulignais que, dès la découverte des premiers antibiotiques au début des années 1940, on savait que les bactéries pourraient développer des résistances à ces antibiotiques. « Il (Alexancer Fleming, découvreur de la pénicilline) sera aussi à même de constater que son ancien professeur, le Dr Wright, avait raison. Ce dernier avait prédit que si des antibiotiques étaient un jour découverts, les bactéries pourraient développer des résistances à ceux-ci. Fleming donnait toujours l'avertissement de ne jamais utiliser de pénicilline sans un diagnostic précis, de ne jamais en utiliser en trop faible quantité ni sur une période de temps trop courte, sinon des résistances apparaissaient. »

Ces résistances sont aujourd'hui malheureusement bien connues. Ainsi Binh An Vu Van de l'émission Découverte à la SRC soulignait : « À l'Hôpital général juif de Montréal, dans le pavillon K, l'accès à un corridor est placardé de panneaux rouges. Un gardien de sécurité est posté 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nul ne peut entrer ou sortir de cette unité de confinement sans respecter les consignes strictes d'hygiène. Les patients qui y sont isolés sont porteurs de bactéries qui ne doivent absolument pas se propager. »

Essentielle dans la lutte entre l'homme et la maladie, la recherche doit aussi s'attaquer à des problèmes qui, avec le vieillissement de la population, deviendront de véritables drames à l'échelle sociale si nous n'y découvrons aucun remède.

Essentielle dans la lutte entre l'homme et la maladie, la recherche doit aussi s'attaquer à des problèmes qui, avec le vieillissement de la population, deviendront de véritables drames à l'échelle sociale si nous n'y découvrons aucun remède. Pensons aux maladies dégénératives qui surviennent avec l'âge. C'est tout près d'un million de personnes qui seront atteintes de la maladie d'Alzheimer au Canada d'ici une quinzaine d'années.

On ne peut plus douter de l'urgence et de la nécessité de la recherche scientifique chez nous tant pour notre santé individuelle que collective. À cet égard, il faut se rappeler que Montréal et le Québec ont souvent eu l'occasion dans le passé de s'illustrer avec des découvertes médicales et pharmaceutiques. Ce faisant, nous sommes devenus un pôle d'intérêt pour l'investissement en recherche et en innovation particulièrement dans le domaine des sciences de la vie. Nous pouvons trouver ici des chercheurs de hauts calibres, une industrie pharmaceutique bien établie et un dynamisme qui représentent des atouts indéniables pour encore mieux nous positionner sur le plan mondial. À cet effet, le récent budget du gouvernement du Québec semble venir consolider cette stratégie du développement des sciences de la vie et est, de ce fait, bien accueilli par les différents acteurs du milieu.

De bonnes nouvelles dans le budget du Québec

« Les finances publiques saines et les mesures visant à bonifier la Stratégie québécoise des sciences de la vie envoient un signal encourageant à l'industrie pharmaceutique québécoise et nourrissent l'espoir d'actions porteuses pour attirer davantage de recherche pharmaceutique au Québec », a déclaré Pamela Fralick, présidente de Médicaments novateurs Canada.

Médicaments novateurs Canada souligne également les mesures suivantes :

  • La hausse du financement du Fonds de recherche du Québec
  • Un meilleur accès aux données en santé pour des fins de recherche
  • La bonification du Fonds d'accélération des collaborations en santé
  • L'appui financier au Consortium industriel de recherche et d'innovation en technologies médicales du Québec, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal et de l'Institut de Recherche en Immunologie et en Cancérologie – Commercialisation de la Recherche

D'autres efforts prévus au budget

Effectivement, nous ne pouvons qu'applaudir tout effort de financement de la recherche dans les sciences de la vie. Mais un autre volet doit être envisagé : le transfert de l'information. Par sa structure même, le Ministère de la Santé et des Services sociaux, l'Institut de la statistique du Québec et d'autres organismes gouvernementaux possèdent une banque de données faramineuses sur tous les aspects de la santé des Québécois. Faciliter l'accès à ces données, c'est contribuer directement à aider les chercheurs en santé. Ainsi, madame Annie Perrault, directrice générale de BIOQuébec écrivait :

« Nous sentons également une volonté de la part du gouvernement à vouloir favoriser l'accessibilité aux données, c'est-à-dire aux renseignements aux fins de recherche. Ces données sont essentielles pour assurer la poursuite de l'excellence en recherche. »

Parmi les mesures facilitantes, un investissement de 18,5 M$ auprès de l'Institut de la Statistique du Québec favorisera un accès plus rapide aux données publiques pour la recherche en milieu universitaire.

« Le potentiel de l'intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Cela a permis de faire reconnaître l'importance stratégique des données dans de nombreux secteurs, dont celui de la santé. Nous sommes donc ravis de constater la présence de mesure facilitant l'accès à des données de meilleure qualité pour faciliter la découverte et l'innovation en milieu universitaire. Mais l'innovation c'est aussi dans le secteur privé que ça se passe et nous avons hâte que nos biotechs et autres organisations en recherche puissent également profiter d'un meilleur accès aux données » ajoute Mme Perrault.

Et d'autres efforts qu'il faudra bien concrétiser un jour

Alors que de nombreux pôles en sciences de la vie naissent et se dynamisent un peu partout autour de la planète, il est crucial de renforcer un facteur majeur d'attraction d'investissements : un accès rapide des médicaments au marché. Un accès rapide au marché représente une sécurité pour toutes les entreprises qui investissent en recherche. Tel que je l'ai souvent souligné dans mes articles précédents, le gouvernement doit rapidement trouver, de concert avec les divers intervenants reliés à la recherche, des solutions qui permettraient de distinguer favorablement le Québec en matière de temps d'accès aux médicaments.

Il ne faut pas fermer les yeux sur les efforts déployés depuis près d'un an par l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS) visant la synchronisation de la publication de ses recommandations avec celles de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS). Ainsi, le Québec pourra s'assurer d'un rattrapage avec le reste du Canada en matière de délais d'évaluation des médicaments. Mais pour l'instant, ces efforts de l'INESSS ne semblent pas viser particulièrement à distinguer le Québec en matière de rapidité de remboursement des médicaments par rapport au Canada et du reste du monde. Ces délais peuvent atteindre ici entre un an et demi et deux ans.

Les travaux à venir à travers l'implantation de la Stratégie des sciences de la vie et l'arrivé prochaine d'un responsable du Bureau de l'innovation au ministère de la Santé et des Services sociaux nourrissent l'espoir de mettre en place rapidement des mesures additionnelles permettant de diminuer le temps d'accès aux médicaments au Québec.

Avec une santé financière enviable, avec un régime d'assurance-médicaments largement sous contrôle, avec des ressources accrues à l'INESSS notamment par le biais de frais de soumissions à venir auprès des manufacturiers et avec un écosystème des sciences de la vie complet et compétitif, le Québec réunit toutes les conditions permettant de diminuer considérablement le temps d'accès aux médicaments. Et pour aller au-delà de l'aspect financier, il convient de rappeler qu'un accès plus rapide aux nouveaux médicaments vient en aide à tous les patients pour qui ces médicaments sont nécessaires.

Alors que le budget nous annonce des mesures constructives concernant le financement de la recherche et la facilitation d'accès aux données scientifiques de l'État, il ne reste que le problème de la rapidité d'accès aux nouveaux médicaments à régler. Et ce sera un double gain : l'un pour financement de la recherche et l'autre pour notre santé.

Avril 2018

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