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Boogat: Du Québec à Mexico DF (VIDÉO/ENTREVUE)

Boogat: Du Québec à Mexico DF (VIDÉO/ENTREVUE)
Louise Monlaü

Attablé devant une assiette de tacos au poisson dans le quartier de la Condesa à Mexico DF, Boogat revient sur sa carrière et raconte les dix mois qui ont suivi la sortie de son dernier album Neo Reconquista.

Une culture, des cultures

C’est dans la capitale mexicaine que le MC a posé ses valises, en famille, l’été dernier. « Cela fait trois ans que je viens régulièrement ici, il le fallait pour ma carrière ». Cette carrière musicale débutée à l’aube de ses 20 ans a connu un avant-après : un avant démarré à la fin des années 1990, catalogué rap Queb, à l’époque bénie du genre. Un après, chanté en espagnol, groovy, où la cumbia, la funk ou encore la salsa dialoguent avec l’électro et le hip-hop.

Les deux ne se tournent pourtant pas le dos puisqu’en 2015, Boogat a sorti Anachronisme, son tout premier album encore inédit : « Je ne sais plus pourquoi je ne voulais plus le sortir au moment où ça aurait dû se passer. Mais le label Rico Rich a fêté ses 20 ans et m’a proposé de le faire. Je trouve que c’est un super album de rap même si je n’aime plus le genre C’est drôle de voir à quel point j’étais désabusé, pessimiste, presque triste. J’ai évolué, je n’explique pas le chemin que j’ai pris, car il est très différent »

Aujourd’hui, l’artiste s’essaie au Mexique. Un père paraguayen, une mère mexicaine et une vie passée au Québec à cheval entre plusieurs cultures ont abouti à un certain nombre de réflexions : « Toute ma vie, la culture, le cinéma, la littérature et la musique québécoise ne m’ont que peu parlé. Je me rends compte que je suis plus proche de cette culture du Sud. Ce que je fais ne peut pas résonner en français, car je n’ai pas le background culturel et les références. Tout cela soulève la question de l’intégration, de l’incompréhension. Il ne s’agit pas juste d’avoir des papiers pour être attaché à un pays. »

Boogat donne un nouveau tempo à sa carrière en se glissant au cœur du contexte, mais aussi en prenant le risque de redémarrer à zéro, tout en évaluant les sacrifices : « Au Québec, peu importe où tu joues, le son est bon et il existe quelque chose entre le commercial et l’underground. À Mexico, ce n’est pas le cas. Malgré la taille de la ville, il faut remplir les salles et se confronter à un microphone qui donne un choc électrique. Et puis ici je ne suis personne, je suis venu recommencer et je fais quelque chose d’exotique dans un pays qui n’en n’a pas besoin. »

Pour autant, son dernier album a reçu un bon accueil médiatique et Boogat s’est montré volontaire dans cette nouvelle aventure : « Au début, j’avais la politique de prendre tout », avant de se présenter avec parcimonie aux quatre coins du pays, mais aussi aux États-Unis, et de partir à la rencontre des « bonnes personnes ».

Boom mexicain

Direction vers la deuxième ville de l’humanité, la plus importante du marché latin. Depuis quelques années, la capitale mexicaine, son effervescence, sa richesse, ses politiques culturelles attirent des artistes du monde entier et vient de finir première du classement des villes à visiter en 2016 par The New York Times.

« Mexico rivalise avec n’importe quelle capitale européenne. La culture se vit, se sent, elle est millénaire : rien que la façon de vendre dans le métro vient des Aztèques. Partout on se retrouve face à de telles pratiques. C’est aussi la vile qui abrite le plus de musées et de tout le Mexique, c’est la plus sécuritaire ». Si cet aspect de Mexico a longtemps dissuadé les Occidentaux, le vent tourne, comme il a tourné pour New York, hautement dangereuse dans les années 1980.

Pour Boogat, 2016 sera l’année des collaborations et de sa poursuite dans l’aventure mexicaine. Pour l’heure, l’artiste est de retour à Montréal avec un spectacle à la Casa del Popolo, qu’il promet rythmé et ensoleillé.

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