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Le bordel informatique est très loin d'être résolu

La protectrice du citoyen Raymonde Saint-Germain relève de multiples ratés en informatique au sein de l'État qui inquiètent vivement le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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Dans son rapport annuel déposé jeudi dernier à l'Assemblée nationale, la protectrice du citoyen Raymonde Saint-Germain relève de multiples ratés en informatique au sein de l'État qui inquiètent vivement le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Mme Saint-Germain constate que les tares informatiques de l'appareil public entraînent des erreurs coûteuses qui ont des conséquences graves pour les citoyens. Traitements de dossier interrompus, versements de crédits ou de rentes bloqués, augmentation de l'inventaire de demandes en attente: telles sont les principales déficiences induites par ce qu'il convient d'appeler le « bordel informatique ».

Le constat de la protectrice du citoyen est troublant. Il vient prouver que le « bordel informatique » est très loin d'être résolu. Pourtant, dès 2011, l'ex-vérificateur général du Québec mentionnait dans son rapport que deux tiers des projets informatiques menés par le gouvernement connaissaient des dépassements de coûts, ne respectaient pas leurs échéanciers ou ne remplissaient pas leurs promesses.

Le SPGQ déplore le modèle de gouvernance non fonctionnel de l'État québécois, délesté et n'ayant peu d'expertise interne en informatique et dépendant largement de consultants privés, souvent des fonctionnaires ayant été forcés de devancer leur retraite pour se joindre à des firmes de services-conseils. Des firmes qui, de surcroît, offrent à plus cher leur service à leur ancien employeur et rédigent les appels d'offres, faute d'expertise au sein de l'appareil gouvernemental!

Le témoignage de l'ancien président d'Hydro-Québec, André Caillé, devant la commission Charbonneau, est pourtant éloquent quant à l'importance de l'expertise interne: Hydro-Québec se protège contre la collusion ou les demandes non justifiées de dépassements de coûts en cours de réalisation de projets, en développant et en conservant l'expertise de son capital humain. Sans aucun doute, c'est la voie à suivre pour se prémunir contre la corruption, la collusion, l'abus de confiance et la fraude.

En outre, selon le rapport annuel 2013-2014 de la Commission de la fonction publique, l'externalisation peut nuire au développement des compétences du personnel à l'interne, particulièrement lorsqu'il s'agit de mandats stratégiques, et provoquer la démobilisation de ce personnel. Pour éviter que se développe une fonction publique parallèle, il faut briser le phénomène de dépendance à l'égard des firmes externes, particulièrement pour les postes stratégiques dans le domaine de l'informatique.

Dans son mémoire déposé à la commission Charbonneau, le SPGQ observe que la valeur des contrats de service en sous-traitance dans les ressources informationnelles, et ce pour l'ensemble des ministères et organismes de la fonction publique québécoise, a grimpé de 218 millions $ à 778 millions $ entre 2003-2004 et 2012-2013, un bond spectaculaire de 257 %.

Ce cafouillage s'illustre à merveille avec deux projets informatiques sous-traités par le gouvernement: SAGIR, qui devait se terminer en 2007 au coût de 83 millions de dollars, pourrait plutôt dépasser le milliard de dollars, sans qu'une date de livraison soit avancée; Dossier santé Québec, promis pour 2011 au coût de 543 millions $, devrait plutôt osciller autour de 1,6 milliard $ et sa livraison est reportée à 2021.

La nouvelle ère de transparence souhaitée par le gouvernement se bute à de gros écueils, car, en juin dernier, lors d'une commission parlementaire sur l'informatique, les hauts fonctionnaires étaient incapables de répondre aux questions des élus qui voulaient savoir combien avait coûté l'informatique durant la dernière année. En ce domaine, il y a urgence de rebâtir l'expertise interne et de clore la culture de l'impunité!

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