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Le Botox gagne l'intimité

Non, la toxine botulique ne sert pas juste à dérider.
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Les femmes atteintes de vaginisme ont beau tout essayer, parfois leur vagin refuse d’obtempérer. Rien n’y entre et les souffrances perdurent à chaque tentative de pénétration, et ce, malgré les consultations médicales et les innombrables exercices… Il existe cependant une solution de dernier recours : l’injection de toxine botulique, mieux connu sous le nom de Botox, directement à la source du bobo, dans les muscles vaginaux.

«Hein, du Botox dans le vagin?» Oui, madame! Au même titre qu’il agit pour détendre les muscles du visage et ainsi empêcher la formation de rides d’expression, il aiderait à affaiblir la tonicité des muscles péri-vaginaux et donc à faciliter l’entrée dans le vagin.

Il ne s’agit toutefois pas d’une solution miracle, insiste la gynécologue à l’Hôtel-Dieu de Lévis, Dre Marie-Hélène Renald. Si de rares essais cliniques se sont montrés concluants, les études scientifiques sur l’efficacité et l’innocuité de la procédure demeurent insuffisantes ou incomplètes, la douleur vaginale étant difficilement quantifiable.

C’est d’ailleurs pourquoi les professionnels de la santé ne la prescrivent généralement pas.

«En plus de manquer d’évidence, c’est invasif et très coûteux. Chaque injection est chère et il faut répéter le traitement tous les six mois lorsque la toxine ne fait plus effet. [...] Les potentiels effets néfastes associés sont aussi inconnus», clame la physiothérapeute en rééducation périnéale, Stéphanie Thibault-Gagnon, notamment spécialisée dans le traitement du vaginisme.

La procédure est tout de même offerte légalement au Québec. Des patientes y ont recours dans les cabinets privés de chirurgie esthétique, mais également - quoique très rarement - en centres hospitaliers publics, aux frais du gouvernement dans les cas les plus problématiques.

Avant de procéder au public, le médecin doit identifier la condition comme une pathologie qui nuit au fonctionnement de la personne affectée, et prouver que l’approche est nullement esthétique, au même titre qu’une femme subit une réduction mammaire en raison de graves problèmes de dos.

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Au cours de sa carrière, Dre Renald admet avoir déjà injecté de la toxine botulique dans le vagin de ses patientes, mais souligne et resouligne qu’il s’agit d’une procédure exceptionnelle. «C’est vraiment la dernière chose qu’on va faire et dans une infime proportion. Il n’y a pas assez d’évidences scientifiques. […] Je ne peux pas dire que c’est révolutionnaire. Pour certaines, ça marche. D’autres, non. J’essaie d’entretenir des attentes réalistes, de ne pas trop leur donner de faux espoirs», dit-elle.

Elle informe par ailleurs ses patientes d’emblée sur les contrindications, les risques d’infections, et d’engourdissements. «L’idée que ça prend juste une injection pour que le problème se règle, ça plaît à l’esprit. Mais ce n’est pas si le fun que ça le Botox. Il faut qu’elles sachent que ça se peut qu’on paralyse pas la bonne affaire», explique-t-elle. Autrement dit, il peut y avoir perte de sensation dans des zones érogènes clés, ce qui peut nuire au plaisir sexuel.

Dre Thibault-Gagnon confirme que certains traitements échouent. Elle assure que l’une de ses patientes a même vu ses symptômes de vaginisme empirer après des injections de toxine botulique. Elle attendra donc des preuves scientifiques solides avant d’en reparler à une autre femme.

Botox et sexe : l’un n’irait pas sans l’autre

Selon la chirurgienne plasticienne française, Sylvie Abraham, après les injections de toxine botulique, il est «indispensable» que la patiente ait des relations sexuelles régulières «au plus tard 3 à 4 mois après le traitement».

Elle suggère également, dans certains cas, de doubler la procédure d’une résection de l’hymen (hyménectomie) afin de réduire l’angoisse associée aux douleurs et saignements qui viennent avec la défloration.

Une meilleure solution

Toutes les spécialistes interviewées par le HuffPost Québec, sexologues inclus, sont unanimes et convaincues : un double traitement sexo-thérapeutique (psychologique) et sexe-corporel (mécanique) est beaucoup plus efficace pour résoudre le vaginisme que le Botox.

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