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Broke Lab: l'art de rassembler

Broke Lab: l’art de rassembler
Alex Paillon

MONTRÉAL - Elles sont trois jeunes danseuses professionnelles qui évoluent à Montréal. Pour célébrer le premier anniversaire de Broke Lab, un projet original imaginé pour provoquer l'échange dans le milieu des arts, Merryn Kritzinger (de Toronto), Susan Paulson (des États-Unis) et Roxane Duschene-Roy (du Québec) avaient organisé lundi soir au Café de la Cinémathèque québécoise une soirée-rencontre donnant la chance de se familiariser avec leur travail.

Sur un écran est diffusée une vidéo qui témoigne des projets qu'elles ont développés au cours de l'année. Dans la salle, quelques dizaines de personnes viendront faire un tour pour se familiariser avec le Broke Lab ou jaser de leurs expériences. Auparavant impliquées dans la compagnie de danse Cas Public (Susan Paulson est maintenant danseuse pour la troupe de Dave St-Pierre), elles ont eu l'idée de mettre à profit cette soif d'apprendre et de partager le monde des arts en offrant leur talent d'interprètes.

« À un certain moment, nous avons eu envie de nous ouvrir à autre chose, de rencontrer d'autres gens qui ont des talents à faire découvrir. Le problème avec les arts au Québec, c'est que personne n'a d'argent. Les chorégraphes, les danseurs et tous ceux qui travaillent autour doivent essayer d'autres initiatives pour rester vivants... Et c'est ce que nous faisons. »

Ayant développé au fil du temps une complicité et une chimie convaincantes, les trois artistes proposent leur talent aux chorégraphes, photographes, musiciens, metteurs en scène, cinéastes et autres créateurs désireux d'explorer dans un échange de bons procédés. Dans cette « sorte d'échange donnant-donnant ou fair-trade », les heures ne sont pas rémunérées, l'apprentissage faisant foi de plus-value. La rencontre permet la circulation d'idées créatrices et sort des zones de confort.

« C'est important de donner et de stimuler. On provoque les choses pour aller plus loin. On évite la stagnation, affirme Merryn Kritzinger. Au final, on s'occupe de tout dans ce projet qui n'est pas rentable financièrement. Nous sommes cassées, mais libres et allumées. C'est rare à Montréal de pouvoir faire de nouvelles rencontres professionnelles. Ça fonctionne souvent par contacts. Il existe très peu d'auditions en danse, alors les possibilités sont minces. »

Le concret

En général, les trois filles offrent une dizaine d'heures de leur temps, selon les projets. Elles encouragent l'audace et l'inventivité. L'engagement prendra fin à la suite de ce remue-méninges. Toutefois, si la rencontre s'avère particulièrement enrichissante, elles peuvent d'un commun accord envisager de pousser plus loin l'expérience. Par exemple, une session de travail avec le photographe Alex Paillon aura résulté en plusieurs séances de photo (août 2012) et l'impression d'un livre en couleurs.

« Avec Alex, nous avons servi de modèles pour une session d'exploration de trois jours dans un lieu extérieur où l'on retrouvait notamment un lac, raconte Roxane. Nous avons utilisé différents costumes et endroits pour le shooting. L'idée était de s'approprier la nature. Nous étions constamment en improvisation. Malgré les moyens très limités, nous avons été impressionnées par tout le travail accompli. C'est comme ça chez Broke Lab, nous devenons une matière que l'on peut travailler selon son inspiration. »

Outre cette expérience, Merryn, Susan et Roxane ont collaboré avec une douzaine d'autres créateurs (le réalisateur Christian Lalumière, le batteur et percussionniste Mario Roy, la chorégraphe Audrey Bergeron ou encore le metteur en scène Benoît Landry) durant l'année. D'autres projets sont à venir.

« Qu'est-ce que la danse peut apporter à une autre discipline ? Que pouvons-nous aller chercher d'enrichissant pour notre propre travail ? Comment faire pour demeurer alertes et stimulées ? Voilà certaines des motivations au Broke Lab, lance Susane. On cherche d'abord la collaboration. Ensuite, le projet émerge naturellement. »

« Et c'est encore nouveau. Ça peut évoluer, de renchérir Merryn. »

« Le but est seulement de ne pas perdre d'argent, précise Roxane. Pour l'instant, nous investissons de notre poche. Mais on trouve que cette façon de faire en vaut la peine. Cette méthode essai-erreur est enrichissante. Rien ne nous empêche en même temps d'étudier des pistes de financement. Nous y pensons. »

Qu'à cela ne tienne, le projet mise avant tout sur l'humain. Du moins sur celui qui osera se manifester...

Pour obtenir plus d'information sur ce collectif, on peut visiter le site internet Lebrokelab.com.

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