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Le mirage d'une croissance américaine vigoureuse en 2016 disparaît-il?

Pour le Canada, cela signifie que la bouée de sauvetage américaine se dégonfle.
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Ce billet a aussi été publié sur Libres Échanges, le blogue des économistes québécois.

Les projections de croissance de l'économie canadienne sont en partie basées sur celles des États-Unis, en raison notamment de l'importance de ce marché pour les entreprises canadiennes. En janvier dernier, le FMI prévoyait que le PIB réel de notre voisin du sud augmenterait de 2,6 % cette année ; la Banque du Canada avançait un 2,4 % et titrait en page 3 de son Rapport sur la politique monétaire : «L'activité aux États-Unis devrait s'accroître à un rythme vigoureux».

Toutefois, ces prévisions ne sont-elles plus qu'une illusion ces jours-ci ?

Déjà, à la mi-février, les économistes de l'OCDE révisaient à la baisse leur estimation de la croissance américaine, la portant à 2,0 %. Les quarante prévisionnistes professionnels consultés par la Réserve fédérale de Philadelphie faisaient de même, leur prévision moyenne s'établissant à 2,1 %. Même abaissées, ces prévisions semblent comporter une bonne dose d'optimisme. Pourquoi ?

• Les plus récents résultats des enquêtes mensuelles de Markit Economics et de l'Institute for Supply Management auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises américaines laissent croire que la croissance est léthargique ces temps-ci.

• La moyenne mobile du Chicago Fed National Activity Index indique que la croissance des derniers mois est en deçà de sa tendance.

• L'évolution mensuelle et semestrielle des indicateurs avancés du Conference Board, tout comme l'évolution mensuelle des indicateurs précurseurs de l'OCDE, pointent vers un fléchissement de la croissance américaine au cours des mois à venir.

Un bref extrait du document d'information Perspectives de l'économie canadienne du ministère des Finances du Canada, publié le 22 février, résume assez bien ce que les indicateurs précédents laissent présager : «Il se peut que la croissance aux États-Unis soit encore une fois décevante».

Pour le Canada, cela signifie que la bouée de sauvetage américaine se dégonfle. En outre, plusieurs indicateurs précurseurs de l'évolution de son économie continuent d'envoyer des signaux inquiétants. Il en est ainsi des permis de bâtir, des mises en chantier de logements, des commandes en carnet dans la fabrication et des prix des produits de base. Les espoirs d'amélioration des perspectives se fondent maintenant, pour l'essentiel, sur le plan de stimulation de l'économie qui devrait être annoncé le 22 mars dans le budget 2016. Si ce n'est pas suffisant, les responsables de la politique monétaire pourraient être incités à utiliser de nouveaux outils pour tenter de corriger la trajectoire de la croissance, bien que toute mesure additionnelle (exemples : assouplissement quantitatif, taux d'intérêt négatifs) risque d'avoir un impact limité.

Au Québec, dans un tel contexte, il est difficile d'imaginer des perspectives de croissance robuste ou même modérée. Croissance modeste, faible ou lente sont probablement plus appropriées pour décrire ce que les prochains mois nous réservent, et c'est, d'ailleurs, ce que laisse entrevoir l'évolution récente de l'Indice précurseur Desjardins. Le gouvernement risque bien de se complaire dans l'atteinte de l'équilibre budgétaire ou même d'un surplus des revenus par rapport aux dépenses de programmes, au moment du discours du budget du 17 mars, mais de l'audace s'avère nécessaire pour insuffler un nouvel élan à l'économie. Le ministre des Finances nous réserve-t-il des annonces de mesures ou de projets qui sauront nous surprendre ?

En terminant, comme quoi tout n'est pas que morosité sur le plan de la conjoncture, les marchés boursiers, qui sont un indicateur précurseur de l'évolution de l'économie, reprennent graduellement de la vigueur ces jours-ci en Amérique du Nord, et l'emploi aux États-Unis, un indicateur coïncident, continue sa progression.

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