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Vous cherchez un cadeau à offrir? Un repas avec un aîné qui vit seul peut faire la différence.

Peut-être sommes-nous en train de vivre une épidémie de dénutrition derrière les portes closes…
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Les rassemblements en zones rouges sont officiellement interdits, mais n’oublions pas qu’il est encore permis de visiter une personne seule! Notre premier ministre a d’ailleurs fièrement souligné lors de ses points de presse qu’il irait visiter sa mère qui vit seule durant les Fêtes. Nous nous permettons d’ajouter qu’idéalement, il partagera un repas avec elle.

Pourquoi cet ajout? Car la littérature scientifique est sans équivoque: au-delà du besoin fondamental de se nourrir, manger est une activité sociale! Manger seul est trop souvent associé à une diminution de l’appétit chez les personnes aînées et par conséquent, à des apports alimentaires moindres et éventuellement, à une perte de poids voire même de la dénutrition. Or la perte de poids est rarement souhaitable chez les personnes aînées, car elle signifie généralement la perte de force musculaire.

On estime qu’une personne aînée sur trois est à risque de dénutrition en raison d’un apport alimentaire inadéquat. Comme la dénutrition peut augmenter le risque de chutes, allonger les hospitalisations, affaiblir les défenses pour lutter contre des infections comme la COVID-19 et même réduire la réponse immunitaire suite à certains vaccins, il est primordial de s’en préoccuper. Sachant que la pandémie a accentué l’isolement social des personnes aînées, il y a vraiment lieu de s’inquiéter de leur état nutritionnel, en particulier pour celles vivant seules. Peut-être sommes-nous en train de vivre une épidémie de dénutrition derrière les portes closes…

Quand décembre arrive, on insiste beaucoup sur les dons de denrées alimentaires et avec raison. Toutefois, avoir de la nourriture dans le garde-manger n’est pas nécessairement suffisant. Attacher une présence à un aliment ou à un repas peut faire une différence, d’autant plus qu’en zone rouge, il est encore permis de visiter les personnes vivant seules. Au-delà de la personne seule qui rejoindra peut-être votre bulle familiale durant les Fêtes, il pourrait y avoir d’autres personnes ainées vivant seules dans votre entourage. Pour visiter ces dernières, les façons de faire sont multiples: apporter un repas et le partager; faire livrer un repas (les commandes en ligne desservent plusieurs régions) et le manger ensemble, même à distance; prendre une collation ou boire un chocolat chaud à l’extérieur.

Pour être certain de respecter les consignes de santé publique, y aller une personne à la fois ou avec d’autres en virtuel, porter un masque, respecter les deux mètres de distance en tout temps, se laver les mains en arrivant et en partant et bien aérer la pièce en ouvrant la fenêtre durant et après la visite quand c’est possible. On a transformé l’Halloween pour les enfants, pourquoi ne pas transformer la période des fêtes pour les plus grands?

Faisons un premier pas en brisant la solitude des personnes aînées. Les Québécois ont fait preuve de solidarité tout au long de cette crise. Multiplier les occasions de partager un repas pourrait être le plus beau cadeau à offrir à une personne aînée qui vit seule cette année, répondrez-vous à l’appel?

Signataires

Barbara Fillion, ergothérapeute, Direction régionale de santé publique de Montréal

Marie-Claude Gélineau, diététiste-nutritionniste, Direction régionale de santé publique de Montréal

Paule Lebel, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, Direction régionale de santé publique de Montréal

Roxanne Houde, médecin résidente en santé publique et médecine préventive, Université de Montréal

Nancy Presse, diététiste-nutritionniste, professeure à l’Université de Sherbrooke et Directrice du Laboratoire sur l’alimentation des aînés et la nutrition gériatrique du Centre de recherche sur le vieillissement et du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal

Stéphanie Chevalier, diététiste-nutritionniste, professeure agrégée à l’École de nutrition de l’Université McGill et chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

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