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Une carte interactive pour découvrir sur quel territoire autochtone vous habitez

«C'est un moyen d'ouvrir les esprits à propos des territoires. Ça sème l'idée qu'il y a des peuples qui étaient là avant vous, et il y sont encore.»
Une capture d'écran du site Territoires traditionnels, qui répertorie les territoires autochtones au Canada et dans plusieurs parties du monde
Territoires traditionnels
Une capture d'écran du site Territoires traditionnels, qui répertorie les territoires autochtones au Canada et dans plusieurs parties du monde

Sur quel territoire traditionnel se trouve votre ville?

Habitez-vous sur le territoire de la nation huronne-wendat, mohawk, algonquine, ou encore abénaquise?

Si vous ne le savez pas, le site Territoire traditionnel peut vous aider à le découvrir.

La carte interactive, réalisée à l'aide de la participation de nombreux internautes, montre les territoires des peuples autochtones, les traités et les langues parlées. Le projet est encore en développement, et vient de devenir une organisme à but non lucratif canadien.

Le britanno-colombien Victor Temprano a lancé Territoire traditionnel il y a cinq ans, alors qu'il travaillait sur un site web sur les pipelines, pour informer la population. Il suivait les tracés des différents projets d'oléoducs en Colombie-Britannique, et a voulu savoir sur quels territoires autochtones ces projets allaient être réalisés.

Une capture d'écran du site Territoire traditionnel
Territoire traditionnel
Une capture d'écran du site Territoire traditionnel

En plus de travailler à temps plein pour sa propre entreprise, Mapster, Victor Temprano s'est mis à développer Territoire traditionnel dans ses temps libres. C'est pour cette raison qu'il a choisi de mener un projet collaboratif pour recueillir les (très nombreuses) informations dont il avait besoin.

«Je ne peux pas y mettre autant de temps que si c'était mon emploi à temps plein, dit-il. Le Canada comporte tellement de nations différentes, et nous sommes en train d'élargir le projet au monde entier, donc c'est beaucoup de recherches.»

Le projet de Territoire traditionnel a commencé par le Canada, mais couvre maintenant d'autres coins du monde: l'Australie, la Nouvelle-Zélande, ainsi que quelques parties de l'Amérique du Sud, de l'Amérique centrale et des Caraïbes.

«Si on ne connaît pas bien certaines parties du monde, on peut mal interpréter le concept d'appartenance autochtone, précise M. Temprano. C'est donc impossible de s'attaquer à ce projet tout seul.»

Le jeune homme est aussi un colon; c'est pourquoi, alors que Territoire traditionnel devient un organisme à but non lucratif, il est important pour lui que le conseil d'administration soit composé entièrement d'Autochtones.

«Je crois en cet outil»

«C'est difficile de se mettre dans cette position, d'être en quelque sorte un arbitre qui décide de qui se retrouve sur la carte ou non». explique-t-il.

C'est un peu pour cette raison que Leena Minifie s'est greffée au projet. Elle fait partie de la Nation Tsimshian, et avait remarqué que la carte n'offrait pas un portrait adéquat de son territoire, des deux côtés de la frontière entre le Canada et l'Alaska. Elle a donc envoyé un courriel de correction. C'est là qu'a commencé sa participation à Territoire traditionnel. Elle fait maintenant partie du conseil d'administration.

«Je crois en cet outil, et je l'utilise quand je fais des conférences, ou quand je parle à des gens, tout simplement, assure-t-elle. C'est un moyen d'ouvrir les esprits à propos des territoires. Ça sème l'idée qu'il y a des peuples qui étaient là avant vous, et il y sont encore: ce sont donc encore leurs territoires.»

Bien que l'intention première de ce projet était d'inciter les Non-Autochtones à en apprendre plus sur les peuples autochtones vivant dans leur propre pays, Leena Minifie croit que c'est un outil important pour tout le monde.

«En tant que femme Gitxaala et Tsimshian, je crois qu'il est crucial, même pour nous, d'avoir ce genre d'outil, ajoute-t-elle. C'est aussi important pour nos alliés, pour les réfugiés, les nouveaux arrivants... Noirs, Blancs, Autochtones... Tout le monde peut en apprendre plus.»

Territoire traditionnel est un très bon outil, parce que je peux enseigner à mes élèves des notions à propos de leur propre nation ou territoire, mais aussi ceux des autres, dit-elle. C'est bien de pouvoir leur montrer concrètement à quoi ressemble le territoire.Kirsten Dobler

Territoire traditionnel est d'ailleurs souvent utilisé en classe, en Colombie-Britannique. Il existe même une section dédiée aux professeurs (seulement en anglais) sur le site.

Kirsten Dobler, de Kwakwa̱ka̱'wakw (Première Nation We Wai Kai, en Colombie-Britannique), enseignante en 2e et en 3e année, utilise le site.

«Territoire traditionnel est un très bon outil, parce que je peux enseigner à mes élèves des notions à propos de leur propre nation ou territoire, mais aussi ceux des autres, dit-elle. C'est bien de pouvoir leur montrer concrètement à quoi ressemble le territoire, et non seulement de leur demander de l'imaginer.»

L'enseignante ajoute qu'il est très important pour elle que ses élèves comprennent que les peuples autochtones ne sont pas homogènes.

Cela est en parfaite harmonie avec la vision du fondateur de Territoire traditionnel. À travers cet outil, Victor Temprano veut intéresser les gens à l'histoire.

«Ça aide à montrer aux gens que toutes ces histoires sont partout autour d'eux, afin qu'ils puissent commencer à les voir, explique-t-il. Et peut-être que cela les amènera à reconnaître que les peuples autochtones habitent toujours sur notre territoire, et le possèdent.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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