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Catherine-Anne Toupin se désole du climat de violence ambiante

«J’ai l’impression qu’il y a une violence qui est en train de s’immiscer de manière pernicieuse partout dans nos vies, que ce soit dans les réseaux sociaux, que ce soit dans les médias, que ce soit en politique…»
Radio-Canada

Invitée à Tout le monde en parle dimanche pour parler de sa pièce La meute, que le Théâtre La Licorne présentera à compter du 16 janvier prochain, Catherine-Anne Toupin a tenu des propos particulièrement sensés et éloquents sur le climat de violence ambiante qui prévaut de plus en plus dans la société, d'abord sur les réseaux sociaux, puis à plus grande échelle dans l'espace public.

L'histoire de La meute, où une femme s'enfuit loin de chez elle après avoir perdu son emploi pour aboutir dans un gîte du passant et nouer une étrange complicité avec un homme, s'intéresse au thème de la vengeance et est portée par un texte «très violent verbalement», a avoué l'auteure et comédienne, qui joue dans la production avec Guillaume Cyr et Lise Roy, en plus de l'avoir écrite.

Un récit qui lui a été inspiré en partie par l'intrigue d'Unité 9 lorsque le personnage de Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) était en rébellion, mais aussi par l'atmosphère d'agressivité qui règne désormais un peu partout, a raconté Catherine-Anne Toupin à la table de Guy A.Lepage.

«Je trouve qu'en ce moment, on a un petit peu perdu le contrôle sur le discours ambiant, a dépeint l'actrice, très posément. J'ai l'impression qu'il y a une violence qui est en train de s'immiscer de manière pernicieuse partout dans nos vies, que ce soit dans les réseaux sociaux, que ce soit dans les médias, que ce soit en politique...»

«Il y a un ras-le-bol puissant», a acquiescé Dany Turcotte.

«Vraiment, a continué Catherine-Anne Toupin. Et on sent que les gens se sont comme donné une espèce de permission de rejeter dans l'espace public leur colère, leurs frustrations, et ça, c'est en train de faire une espèce de magma que je trouve qui est dangereux, qui nous change collectivement, et qui nous change aussi individuellement. En tant que société, j'ai comme l'impression qu'il va bientôt falloir se poser des questions là-dessus, faire une mise au point, si on ne veut pas vivre avec de graves conséquences.»

Martin Matte est intervenu dans la discussion en se questionnant sur le fait que des gens lui ont gentiment reproché de ne pas s'être prononcé sur le scandale impliquant Gilbert Rozon, plus tôt cet automne, et en se moquant un peu des humoristes qui donnent parfois leur opinion sur des sujets d'actualité deux semaines après que ceux-ci se soient produits.

«Je m'ennuie de cette époque-là, où on gardait notre opinion pour nous, a admis Martin Matte. Il faut que tout le monde s'exprime. On sait que la logique, c'est qu'on ne cautionne pas ça, qu'il faut protéger les victimes, et il faut faire attention. Moi aussi, ça m'épuise un peu...»

«Et il y a aussi une escalade, on dirait, a enchaîné Catherine-Anne Toupin. À partir du moment où quelqu'un entre en contact avec toi de manière un petit peu agressive, la seule façon de répondre, c'est : «Va chier». E ensuite, ça continue, et ça ne finit plus. On est comme pognés dans une espèce de cycle de violence, que moi, je trouve de plus en plus troublant, et c'est de ça dont parle ma pièce.»

Unité 9

Profitant de la présence sur son plateau de Catherine-Anne Toupin, alias Shandy Galarneau dans Unité 9, Guy A.Lepage a sondé cette dernière sur la bouleversante scène de viol qui a marqué le dernier épisode avant les Fêtes de la série de Danielle Trottier, la semaine dernière.

On se souvient que le personnage de Jeanne (Ève Landry) y était victime d'une agression sexuelle terriblement brutale, exposée sans fard à l'écran. Est-il à tout prix nécessaire de montrer la violence pour la dénoncer?, a demandé l'animateur.

«Je ne sais pas, c'est une bonne question, a répondu Catherine-Anne Toupin. C'est sûr qu'il faut toujours être prudent, parce qu'évidemment, il y a des gens qui ont vécu des choses très similaires, et il faut en prendre grand soin, de ces gens-là.»

«Mais moi, j'ai encore l'impression que la télé, la fiction et l'art, n'est qu'un miroir de ce qui se passe dans notre société. Unité 9, c'est un show qui se passe en milieu carcéral, qui est un milieu très dur, et le dénominateur commun de toutes ces femmes-là, c'est qu'elles ont été victimes d'extrêmes violences. Je pense que, pour rendre justice à ce milieu-là, à ces personnages-là, on n'a pas le choix d'y aller. Je pense qu'il faut y aller, parce que c'est de rendre justice à l'histoire de ces femmes-là, à ce qu'elles ont vécu, et à ce qu'il ne faut pas qu'il ré-arrive. Mais moi, j'endosse ce que mon équipe fait, et je leur fais entièrement confiance, et Danielle Trottier, et Jean-Philippe Duval, notre réalisateur. Ce sont des gens tellement intelligents et sensibles, je ne peux que leur faire confiance», a insisté Catherine-Anne Toupin.

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