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Élections fédérales 2015 : 4 choses à savoir à propos du cadre financier du NPD (ANALYSE/VIDÉO)

Ce qu'il faut savoir à propos du cadre financier du NPD

OTTAWA – Le NPD a rendu public son cadre financier mercredi, qui décrirait comment il compte payer pour ses promesses tout en accumulant quatre années de surplus.

Le résumé de deux pages démontre que le NPD augmenterait les impôts des grandes entreprises de 15% à 17% pour financer la plupart de ses promesses électorales. Ses surplus budgétaires varient entre trois et quatre milliards $ et les dépenses seraient repoussées à la troisième ou quatrième année d’un mandat de quatre ans pendant que les revenus restent neutres. Par exemple, il est prévu de mettre 355 millions $ pour la « santé et soins aux aînés » en 2016-2017, mais le chiffre augmente à 2,5 milliards $ en 2019-2020.

Même si le NPD n’a pas annoncé son plan pour la taxe sur le carbone, le parti n’a promis aucune perte pendant sa mise en œuvre.

Le cadre financier des néodémocrates n’inclut que des catégories assez vastes, alors il est difficile de déterminer exactement où les promesses électorales se situent, mais voici quatre points qui en sont ressortis.

En raison des catégories plutôt vagues de son cadre financier présenté aux médias, il est impossible de savoir exactement comment le parti prévoit payer pour ses promesses. Il semble toutefois qu’un gouvernement Mulcair renoncerait à plusieurs de ses promesses.

Par exemple, l’engagement du NPD de sortir 200 000 aînés de la pauvreté en augmentant le Supplément de revenu garanti de 400 millions $ rentrerait dans la catégorie « Aider là où c’est le plus nécessaire », a indiqué un responsable du parti au Huffington Post.

Le NPD dit qu’il dépenserait 572 millions $ pour des programmes dans cette catégorie en 2016-2017 qui augmenterait à 956 millions $ d’ici 2019-2020. Mais cette catégorie devrait aussi inclure des promesses telles que « réduire la pauvreté, pour le logement et d’autres mesures pour aider les familles et les enfants, notamment [leur] plan pour mettre fin à la violence faite aux femmes. »

Le chef du NPD Thomas Mulcair a déjà plaidé en campagne qu’il dépenserait chaque dollar que le gouvernement pouvait récupérer de l’évasion fiscale – estimée à environ 500 millions $ par année – pour sortir les enfants de la pauvreté.

Alors le 72 millions $ prévu l’an prochain devrait financer l’augmentation du Supplément de revenu garanti (SRG) ainsi que pour le programme d’amélioration des maisons d’hébergement – une promesse estimée à 40 millions $ pour construire et rénover les refuges pour femmes – ainsi qu’une promesse de 500 millions $ pour construire des logements abordables.

Le NPD a rendu public un résumé plus complet de ses promesses, jeudi, à la demande des journalistes. Aucune promesse faite avant le déclenchement des élections n’a été comptabilisée dans ce cadre financier.

Dans la catégorie « Un Canada sûr et sécuritaire », le NPD prévoit dépenser 184,5 millions $ en 2016-2017 et 494,5 millions $ en 2019-2020. La catégorie inclut un montant non spécifié pour aider les vétérans – le NPD voulait rouvrir les bureaux pour les anciens combattants et ajouter des services de santé pour tous les vétérans et leurs familles, entre autres.

La catégorie inclut aussi une promesse de 250 millions $ sur quatre ans pour le recrutement des policiers, un montant non spécifié pour les affaires étrangères et l’aide à l’étranger, dont les 10 000 réfugiés syriens qu’un gouvernement du NPD accueillerait avant la fin de l’année, en plus de 9000 réfugiés par année par la suite.

Il est donc difficile de voir comment le parti prévoit payer pour toutes ces promesses faites pendant la campagne, encore moins celles faites avant le 2 août.

En mai dernier, Mulcair a fait grand cas de son plan pour hausser son financement à 0,7% du PIB pour aider les plus démunis sur la planète. Lors d’un briefing mercredi, le NPD a admis qu’il était loin de réaliser sa promesse, estimée à 9 milliards de dollars.

En conférence de presse, le candidat économique Andrew Thomson a dit que le NPD annoncerait davantage de mesures pour l’aide internationale dans les jours à venir.

Peggy Nash, la porte-parole du NPD en matière d’industrie, a dit que le plan fiscal du parti était tout à fait cohérent avec la vision et les valeurs du NPD.

« Les Canadiens pensent-ils qu’un gouvernement peut corriger 10 ans de négligence conservatrice, et plus de négligence libérale avant cela, pensent-ils qu’on peut corriger ça en un instant? Non, nous ne pouvons pas. Mais nous pouvons faire bien des progrès pendant un premier mandat. »

Nash répliquait aux journalistes qui lui faisaient savoir que le NPD laissait tomber plusieurs promesses et priorités du parti.

L’économiste Kevin Milligan, de l’Université de Colombie-Britannique, est un conseiller du chef libéral Justin Trudeau. Sur Twitter, mercredi, il a soulevé des doutes sur les projections fiscales du NPD.

Le parti se base sur un taux de croissance de 1,9% cette année et 2% pour l’an d’après. Alors que la projection est plus basse que ce que prévoit la Banque du Canada en 2016, celle de 2015 est trop optimiste selon l’OCDE, qui croit que le taux de croissance du Canada sera à peine plus qu’un pour cent cette année.

Les néodémocrates utilisent aussi le prix d’un baril de pétrole à 67$ US l’an prochain. Il est présentement de 47,19$ US – une différence de presque 30%. Le dernier budget conservateur prévoyait aussi un baril de pétrole à 67$ US en 2016, 75$ US en 2017 et de 78$ US en 2019.

La semaine dernière, la banque Goldman Sachs a prédit que l’offre de pétrole était plus importante que prévue et a prédit que le WTI – l’indicateur de prix utilisé par les Canadiens – tournerait autour de 45$ US l’an prochain, bien moins que les 57$ US prévus. Les prix pourraient baisser jusqu’à 20$ US s’il n’y a pas une réduction drastique de la production.

Un responsable du NPD a dit au HuffPost que même si leurs estimations peuvent être amenées à changer, les surplus prévus devraient aider à compenser pour les possibles pertes.

Les autres partis ont suggéré que non seulement les calculs du NPD étaient faux, mais que leur plan ferait perdre des milliers d’emplois. Les conservateurs se sont basés sur les commentaires de l’économiste Jack Mintz pour dire que les 3,7 milliards $ que le NPD espère récupérer via l’augmentation des impôts des entreprises coûterait 150 000 emplois au Canada.

Combiné aux augmentations d’impôts des particuliers, le pays perdrait 250 000 emplois. Les libéraux ont quant à eux estimé que le NPD ferait perdre 200 000 emplois.

Le NPD dit qu’il va bonifier les transferts aux provinces en santé de six pour cent par année, mais que toutes ses promesses de campagne jusqu’à maintenant – par exemple, 300 millions $ pour construire 200 cliniques à travers le Canada et l’embauche de plus de 7000 professionnels de la santé – seront inclus dans ce total.

Le député sortant Guy Caron a dit aux journalistes que tout ce que son parti avait annoncé en termes de soins de première ligne, les soins de longue durée, en santé mentale et pour la démence avaient été comptabilisés.

Caron n’a pas dit, par contre, que les provinces devraient accepter de dépenser les transferts sur ces éléments priorisés par le NPD, avant d’ajouter que le Québec n’aurait pas à se conformer à leurs directives.

« Le Québec aurait un droit de retrait avec compensation », a-t-il dit. Mais pas les autres provinces, a suggéré Caron, en français. « Ça fait partie de notre entente au niveau du fédéralisme coopératif et asymétrique. »

Questionnée à ce sujet en anglais, Nash a dit que le NPD travaillerait en collaboration avec les provinces et que les mesures proposées par son parti sont ce que veulent les Canadiens.

Avec les informations de Daniel Tencer

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