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Mon dernier courriel à ces dames...

Pourquoi ne pas oser régler la question de la laïcité entre femmes principalement? N'est-il pas temps de renverser la dynamique malsaine inhérente à ce modèle français préjudiciable à nos femmes du Québec?
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Mesdames Vallée (PLQ), Maltais (PQ), Roy (CAQ) , David (QS),

Je vous souhaite une année heureuse, productive et significative quant à vos rôles politiques respectifs pour tous les Québécois. Vous me connaissez, je vous ai sans doute parfois importunées avec mes petits textes touchant la laïcité. En voici un dernier que je vous joins. Il résume mon parcours et ma vision de la laïcité. Il s'agit d'un modèle qui permet d'additionner et non de soustraire quelques libertés que ce soit, y compris, en particulier, la liberté d'expression religieuse.

Le débat initié par le Parti québécois en 2013, quoique bien intentionné, a manqué de pédagogie politique, si telle chose existe (mais oui, telle chose existe, Véronique Hivon en a fait éloquemment la démonstration avec son projet d'aide médicale à mourir). Et ce débat a échoué en faisant des victimes directes et collatérales. Ces victimes sont principalement des femmes: les femmes voilées d'abord, puis Maria Mourani, Fatima Houda-Pepin, Janette Bertrand, Dalila Awada, Djemila Benhabib, Louise Mailloux et bien d'autres que vous connaissez...

Il en fut ainsi parce que le modèle de laïcité proposé, le modèle français, est un modèle, à l'origine, d'hommes. D'hommes de pouvoir, essentiellement. Il est le résultat d'une entente en 1905 entre les hommes d'Église (principalement catholiques) et les hommes de la République (il y avait peu, sinon pas, de femmes en politique) pour convenir, essentiellement et d'abord, d'une distanciation des deux pouvoirs. Rien de plus ! Et les victimes là-bas, aujourd'hui, sont, en particulier, aussi des femmes: les musulmanes.

N'est-il pas temps de renverser cette dynamique malsaine inhérente à ce modèle français de référence et préjudiciable à nos femmes du Québec ?

Je vous l'ai déjà écrit, vous êtes quatre femmes responsables au plus haut niveau de ce dossier et l'une d'entre vous est, incidemment, ministre de la Condition féminine. Pourquoi ne pas marquer le pas et oser régler cette question de la laïcité entre femmes principalement ?

Pourquoi ne pas vous parler et envisager une action concertée autour d'un projet qui vous unirait et qui pourrait augmenter la liberté des femmes ? Pourquoi ne pas sortir les femmes d'une forme de victimisation indigne du Québec ?

Mon approche est simple et claire. Mais j'ai trouvé sur mon chemin beaucoup d'hommes et, aussi quelques femmes, qui la trouvent naïve ; le contraire aurait été étonnant.

Mais si elle était adoptée, de concert, par vous Mesdames, nul doute que nous changerions totalement de paradigme, et ce serait un pas important pour augmenter le pouvoir des femmes dans notre société. Car ce n'est pas le pouvoir religieux qui est aujourd'hui le problème : il n'y a plus de pouvoir religieux au Québec depuis la fin de la Révolution tranquille. Mais le pouvoir des hommes est encore énorme. Voyez ce qu'ils font aux femmes (en utilisant parfois des femmes ministres, dans certains cas, qui suivent servilement les ordres...) avec leurs politiques d'austérité, par exemple, appliquées aveuglément dans le domaine des services de garde, là où les femmes sont particulièrement touchées.

Je termine en vous disant, si vous lisez effectivement mon texte, que la demande que j'ai réellement faite à l'Assemblée des évêques du Québec de demander au premier ministre de lui remettre le crucifix de l'Assemblée nationale n'aura très possiblement pas de suite. Aussi, il faudrait qu'après Françoise David, vous quatre ensemble demandiez, à l'occasion de la loi 62 à parfaire, qu'il soit effectivement remis, comme je le suggère, à l'Assemblée des évêques et qu'il soit remplacé par les trois valeurs phares que j'ai suggérées... ou d'autres, si possible, qui vous apparaîtraient plus opportunes et rejoindraient l'assentiment de tous les Québécois. Il ne faut surtout pas remplacer ce crucifix par rien, ou par rien de significatif au plan historique.

Je termine en vous souhaitant (c'est peut-être à moi que je souhaite que cela arrive...) le courage nécessaire pour entreprendre une telle aventure. J'ai fait parvenir copie de ce courriel à Véronique Hivon. Elle pourrait, sans doute, apporter une contribution significative pour rendre possible, je dirais, un modèle de laïcité réparatrice et conciliatrice, d'abord pour les femmes et, ce faisant, pour tout le Québec.

Merci et bonne année 2016 !

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