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Je sais que le droit au chiâlage est acquis, mais j'ai l'impression ces derniers temps que les diatribes fusent de toute part et en continu. L'indignation exprimée par des personnes qui veulent être comprises, et qui n'ont pas d'intérêts personnels, s'exprime sans détour, en toute transparence, sans discours condescendants ou infantilisants. Or la tendance - et elle est lourde - est au varlopage de cour d'école.
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Facebook/Tard the grumpy cat

Si la délégation Planète Québec qui participait récemment au SXSW a fait couler un brin d'encre, ce n'est pas Lisa Leblanc ni même Justin Timberlake qui on provoqué le plus grand buzz. Pas même le cinéaste Harmony Korine et les nymphettes de Spring Breakers, son nouvel opus (je ne fais toujours pas la différence entre Vanessa Hudgens et Selena Gomez).

Non. Celui que tout le monde voulait voir, c'était Grumpy Cat. Un minet dont le faciès boudeur lui a valu un succès planétaire instantané. Son image est reprise quotidiennement sur le web, accompagné de commentaires assassins, bêtes et méchants.

Le phénomène est symptomatique voire trop tendance, puisqu'au cours des dernières semaines, j'ai constaté que le mécontentement sur tout, rien et occasionnellement sur des questions essentielles, avait pris une amplitude jamais atteinte. Reconnaissant que le droit au chiâlage est acquis, il m'apparaissait que les diatribes fusaient de toute part (journaux, radios, médias sociaux, web médias) et en continu. Du chroniqueur qui pontifie de très haut à l'attention de lecteurs qui ne nagent pas dans le même océan métaphorique que lui, au sympatique nobody qui répand son venin à go-go sur Twitter, en passant par la bête média multi-plateformes qui dit tout et son contraire en l'espace de douze heures, le fiel coulait à flot.

Le billet de François Tremblay se poursuit après la galerie

Grumpy Cat n'aime pas Noël

L'indignation exprimée par des personnes qui veulent être comprises, et qui n'ont pas d'intérêts personnels, s'exprime sans détour, en toute transparence, sans discours condescendants ou infantilisants. Or la tendance - et elle est lourde - est au varlopage de cour d'école. Ici on pourrait évoquer la force de l'humour british ou la puissance des grands pamphlétaires comme des eaux plus agréables à naviguer pour les empêcheurs de tourner en rond, mais comme le faisait dire Gotlib à un sympathique cochonnet: «La critique est facile mais le lard est difficile.»

De l'importante importance du silence

Le plus troublant dans l'affaire réside dans le fait que nous sommes constamment forcés, nous semble-t-il, de prendre position. Il fut un temps béni où j'aimais bien jouer à l'imbécile, histoire de me soustraire aux grands mouvements des tendances et parce que j'ai toujours associé la prise de position tonitruante à l'acte de se donner de l'importance. Souvent à raison, parfois à tort. Du reste on passe nos vingt ans à se soucier de ce que les gens pensent de nous, notre trentaine à blâmer les autres et à quarante ans on réalise que tout le monde s'en fout.

Au final, considérant l'ensemble des grands problèmes sociaux et la pensée de Ludwig Wittgenstein (Tractatus Logico-Philosophicus) qui nous rappelle que l'on doit taire «tout ce qui ne peut être dit clairement, et ce dont on ne peut parler...» je me demande s'il ne serait pas temps de revenir à la base. Encourager les nouvelles générations à être curieux, ce qui ouvre la porte à la lecture, aux idées et aux superbes façons de les exprimer. Du moins plus efficacement que Grumpy Cat.

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