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Course au PQ: l'intouchable PKP

Le magnat de presse Pierre Karl Péladeau aura le champ libre. À moins que ses adversaires l'obligent à se positionner sur autre chose que le pays imaginaire, il semble que PKP n'ait rien à craindre.
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Le magnat de presse Pierre Karl Péladeau aura le champ libre. À moins que ses adversaires tels Jean-François Lisée, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Martine Ouellette l'obligent à se positionner sur autre chose que le pays imaginaire, il semble que PKP n'ait rien à craindre.

On raconte que PKP fait les choses autrement. En réalité, le probable futur chef de l'opposition se conforme à tout ce qu'il y a de plus cynique en politique, tout ce qu'il y a de plus méprisant, tout en méprisant lui-même l'institution politique (lire ici le texte de Pierre Simard).

Après avoir remis à sa place quelques journalistes un peu trop insistants, Péladeau donne ses directives: pas de questions dans les escaliers, pas de harcèlement, pas dans les toilettes. On peut rire, mais ce n'est pas drôle. On parle ici d'une personne qui veut faire du Québec un pays. Réaction de la FPJQ? Aucune. Réaction des médias en général? Quelques journalistes à La Presse pour défendre le collègue Denis Lessard, mais sans plus. PKP, c'est PKP, quesse-tu veux?

Une mise à jour du code d'éthique des élus qui obligerait PKP à vendre ses actions, évitant ainsi toute apparence de conflit d'intérêts? Pas de crainte à y avoir non plus. Ce matin, Denis Lessard rapporte que le premier ministre Couillard reporte après la course à la chefferie (Dah!), la commission parlementaire qui devait réfléchir à la question et soumettre au Commissaire à l'éthique une nouvelle version. C'est plate à dire, mais j'aimerais ne pas avoir raison parfois (lire mon blogue).

Les élus du Parti québécois? Le Bloc? Bah... Ils ont beau faire de la petite politique dans une langue étrangère dans un Parlement étranger ainsi qu'à l'Assemblée nationale, concocter une motion de blâme du gouvernement libéral portant sur les garderies, tout ça, c'est pas important. Hier, c'était sa journée. Hier, il voulait annoncer sa candidature devant des étudiants à l'Université de Montréal et ce faisant, écrasait en miettes les efforts d'un caucus qui croyait scorer dans les médias.

Une vision? Une philosophie politique? Une direction? Pas besoin. Hier encore, il promettait la gratuité scolaire devant un parterre d'étudiants à qui on peut sensément faire croire n'importe quoi. Non. Un seul slogan suffit: le pays! Le pays bon sang! Ne comprenez-vous pas combien nous serions plus riches, plus heureux, plus respectés? Facile à comprendre ça non?

Pierre Karl Péladeau ne veut pas de pays. Ce qu'il veut, c'est se rendre utile. Il veut bâtir son pays, comme on bâtit une entreprise, comme on construit un objet. Pour ses enfants, dit-il. Pour lui-même plutôt. Pour se convaincre qu'il peut, lui aussi, léguer quelque chose d'autre que l'entreprise de son père. Et il le fera. Peut-être.

Son plus grand avantage est celui qui ne fait pas la manchette: des fans finis, des gens sur qui il exerce une ascendance quasi-dangereuse et des gens qui ont peur. Le Québec est si petit. Tout le monde se connaît et personne ne veut se mettre en danger. Comme je dis souvent, il y a bien peu de gens libres au Québec. Péladeau sait tout, il voit tout et a une mémoire phénoménale. Il peut, en claquant des doigts, faire bifurquer une carrière, éteindre des espoirs, noircir des réputations. On n'a qu'à lire sa page Facebook, instrument d'intimidation et de lapidation des personnes comme des institutions (le vérificateur général, par exemple).

Si les gens ne se dégourdissent pas, la course à la chefferie du PQ ne sera que ça: un exercice de soumission de la part de tous les acteurs impliqués face au pouvoir médiatico-culturello-identito-nationaliste d'un homme qui n'a, jusqu'à présent, pas l'habitude de se faire dire non et d'un power couple qui n'hésitera pas à prendre tous les moyens pour arriver à ses fins.

Cette fois-ci, cette fois-ci, bon sang, ils y arriveront... peut-être. En tout cas, c'est certainement ce qui semble donner un sens à leur vie et préserver à la fois la valeur de leurs entreprises respectives, reposant, disons-le, sur une majorité francophone consommatrice de culture québécoise, LA culture québécoise. La vraie.

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