Pourquoi la chirurgie esthétique? Pourquoi le botox?
Parce que les femmes de 40-45-50 ans se comparent aux jeunes femmes de 22 ans? Parce qu'elles se comparent aux femmes photoshoppées des magazines? Parce que les artistes acceptent de se faire photoshopper et qu'on croit que c'est de ça qu'elles ont vraiment l'air? Parce que c'est le remède facile à l'acceptation de soi face aux années qui passent et laissent des rides? Par espoir de ralentir le temps qui passe sur nous? Parce que vieillir, c'est devenu laid...
Oui; vieillir est devenu laid. On veut des seins rebondissants à 40 ans, une bouche pulpeuse à 50, une peau de pêche éternellement, on veut ressembler à Marie Mai pour l'éternité.
Je ne vois pas d'autres raisons pour lesquelles les femmes ont recours à la chirurgie et au botox...
Les artistes qui le font me déçoivent... Les femmes connues ont une tribune, elles font les couvertures de magazines, elles pourraient changer la vision qu'ont les femmes d'elles-mêmes. En passant sous le scalpel, non seulement elles envoient le message que vieillir c'est laid, mais elles faussent la réalité.
Pourtant, c'est presque tout le temps raté. À vouloir retenir le temps, on devient pathétique. À 99,9% du temps, ça donne un résultat superficiel, un doux mélange d'extraterrestres et de Joker aux traits étirés et boursouflés. On ne vous le dira pas personnellement mesdames, les femmes sont délicates, mais on le pense, on se le dit en cachette: «Mais qu'est-ce qu'elle a eu, elle ne se ressemble plus?»...
J'y ai aussi pensé. Quand je me regarde dans mon rétroviseur et que je vois que je n'ai officiellement plus 25, ou même 35 ans, j'y pense. Quand je vois les belles jeunes femmes à la télé et dans les restos que je fréquente, j'y pense. Quand je me prépare pour une sortie et que je remarque que mon gloss met en valeur les rides autour de ma bouche, crisse que j'y pense. Quand je vois les trois gros sillons se creuser sur mon front, j'y pense.
Mais je ne le fais pas, surtout pour ma fille, qui est la principale raison qui me fait résister.
Je veux que ma fille s'accepte et se trouve belle. Je veux qu'elle m'observe me regarder dans le miroir et qu'elle m'entende dire «Ouan, je suis cute aujourdhui..» En me voyant me trouver belle, elle va m'imiter. Elle va davantage s'aimer si sa mère s'aime, c'est prouvé. Plus que si je passe mon temps à lui répéter qu'elle est magnifique. Si je tombe dans le botox ou dans la chirurgie, je me vois mal lui dire «Mais ma belle, accepte-toi, franchement, on est belle comme on est.» Je veux être conséquente.
Mon chum m'empêche aussi d'avoir recours au rajeunissement. Il voit des femmes de son âge qui sont méconnaissables, des femmes connues qui se sont «payé» de nouveaux visages, et il ne comprend pas. Pour lui, les femmes qui acceptent de vieillir sont plus belles que celles qui retiennent le temps à coup de scalpel. Ça aussi, ça me réconforte à l'approche de la quarantaine. Je voudrais bien vous dire que je m'en contrefiche, que me plaire me suffit, mais c'est important pour moi que mon chum me trouve belle.
Alors je résiste. Je change mon regard sur moi-même. Je dois avouer que c'est un travail plus difficile que de se rendre chez le chirurgien. Je dois accepter qu'on m'appelle «Madame», que le commis cute de l'épicerie me dise «vous», que mes seins ne pointent plus vers le ciel quand je fais l'amour et que ma peau de pêche ressemble plus à une prune qui est restée sur le comptoir pendant une semaine au soleil.
Des fois, je me dis qu'on devrait investir les dollars dans des séances avec un psy plutôt qu'avec un médecin en rajeunissement. Meilleur investissement puisque, anyway, le botox ne retiendra pas le temps éternellement.
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