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Je n’oublierai jamais le «coming out» de Jason Collins

Il est devenu le premier athlète masculin dans les quatre ligues de sports majeurs d’équipes nord-américaines à déclarer son homosexualité.
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L'ancien basketteur de la NBA, Jason Collins (à gauche) et son conjoint, le producteur de films Brunson Green, posent lors de la première d'un film à l'occasion du Festival du film de Sundance.
Danny Moloshok/Invision/AP
L'ancien basketteur de la NBA, Jason Collins (à gauche) et son conjoint, le producteur de films Brunson Green, posent lors de la première d'un film à l'occasion du Festival du film de Sundance.

Peut-être est-ce le fait que les années défilent si vite, mais j'ai l'impression que l'ex-joueur de basketball Jason Collins faisait sa sortie du placard hier. À ma grande surprise, c'était bien le 29 avril 2013, il y a six ans. Brisant bien des tabous dans le milieu du sport, il avait dévoilé son secret dans un entretien exclusif accordé à un journaliste du magazine Sports Illustrated. De toute évidence, bien des médias auraient aimé sortir la primeur.

Ce fut un moment historique, rien de moins. Ce faisant, il est devenu le premier athlète masculin dans les quatre ligues de sports majeurs d'équipes nord-américaines à déclarer son homosexualité.

Dire qu'il a permis de briser des stéréotypes n'est pas une exagération. C'est ce qu'il a fait, tout en demeurant humble. Il l'a souvent dit: il ne souhaitait pas nécessairement être le premier, mais le destin en a voulu autrement. Avant 2013, quelques sportifs avaient fait leur coming out, mais ces sorties s'étaient produites à la suite de leur retraite respective.

Jason arborait le numéro 98 à l'arrière de son maillot lorsqu'il jouait. La raison est simple: il le portait en l'honneur de Matthew Sheppard qui était décédé d'un crime haineux au Wyoming en 1998. Avant sa sortie, nul ne se doutait de ce geste honorifique qu'il gardait pour lui seul.

Bien que Jason ait joué 12 années dans la NBA, il n'a jamais été le premier de classe. Dans les jours suivant l'annonce, ce qui m'avait le plus sauté aux yeux c'était sa confiance et son affirmation de soi.

L'homme donnait l'impression d'être en plein contrôle de sa vie. Il semblait délivré d'un certain poids, un poids inimaginable. Ces camarades de jeux l'ont bien pris; peut-être que ça aurait été tout autre scénario avant le XXe siècle. Les membres de la communauté LGBT savent ce dont je parle lorsque je fais référence à cette délivrance de soi et de l'évaporation de cette fameuse masse lors d'une sortie du placard à la famille et à des ami(e)s. C'est indescriptible.

Dans les jours suivant son annonce, il avait accordé une multitude d'entrevus à ce sujet. Je les regardais en boucle, j'étais émerveillé par l'ampleur du geste, simple, mais important. Il avait entre autres accordé une longue entrevue avec Oprah. Pour l'occasion, ses parents, sa tante et son frère lui témoignèrent leur amour. Il avait livré un témoignage inspirant pour L/Studio où il expliquait son enfance et le processus derrière son coming out.

Mon expérience

Auparavant, je n'étais pas ouvert quant à mon orientation. J'étais apeuré, je fuyais toute relation potentielle.

Comme Jason, je me disais que j'allais éventuellement rendre l'âme sans qu'une seule personne sur Terre me connaisse réellement. Sa sortie ne m'a toutefois pas donné l'étincelle suffisante pour dévoiler mon orientation sexuelle.

J'étais déprimé, anxieux, suicidaire. Malgré les montagnes russes, ce coming out d'un athlète de cette envergure m'avait permis de comprendre que je n'étais pas anormal, je n'étais pas Dan Aykroyd dans le film Coneheads, je me devais de m'accepter petit à petit. N'étant pas un partisan de basketball plus qu'il le faut, je ne connaissais pas Jason Collins avant avril 2013.

Son histoire résonne avec la mienne. Je vivais avec cette honte, mais cela a changer lorsque j'ai pris mon courage à deux mains pour m'ouvrir sur le monde. J'avais tellement eu de misère à le dire à mes parents et à mon frère, j'en tremblais et je n'arrivais pas à trouver les bons mots. Comme Jason Collins, et comme bien d'autres, j'ai eu l'impression d'avoir manqué ma jeunesse et tous les plaisirs l'accompagnant.

Le désir de tout cacher accaparait mes préoccupations

Étant un grand admirateur de n'importe quel sport, je n'avais jamais cru, durant l'adolescence, que ce milieu était ouvert aux membres de ma communauté, et ce, surtout pour les athlètes masculins et les sports d'équipes. Après tout, il y a toujours eu plus de femmes ouvertement lesbiennes que d'hommes ouvertement gais dans les sports professionnels. Seulement au tennis, on a qu'à penser à Billie Jean King ou à Martina Navratilova, deux anciennes championnes numéro 1.

Une sortie du placard, peu importe le milieu de travail, n'est pas anodine.

Le milieu artistique s'ouvre à la diversité, on aimerait que le milieu sportif suive la même direction. Cela surviendra, les mentalités finissent toujours par changer et évoluer. Les changements surviennent progressivement, donc ça ne vaut pas la peine de vouloir tout faire trop rapidement. J'avais jadis entendu quelqu'un dire que la vie était un marathon et non une course de vitesse. C'est vrai. Tous à notre rythme.

À tout le monde qui a de la misère à s'accepter, les choses s'arrangent. On vient à s'aimer, s'accepter et se sentir capable de faire n'importe quoi malgré notre différence.

L'amour l'emporte toujours puisque la haine est un sentiment temporaire et lâche.

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