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Paul Piché aurait pu trouver mieux. Un des membres choisit pour former le nouveau comité stratégique sur la souveraineté, Piché a balayé de la main les questions de journalistes concernant l'uniformité du comité. « Honnêtement, je n'ai jamais accordé beaucoup d'importance à ça », a dit le chanteur. La composition du dit comité a pourtant de quoi étonner. Sur douze membres, deux femmes seulement et aucun membre des communautés culturelles. Plus vieilles souches que ça...tu te mets à danser un set carré.
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Paul Piché aurait pu trouver mieux.

Un des membres choisit pour former le nouveau comité stratégique sur la souveraineté, Piché a balayé de la main les questions de journalistes concernant l'uniformité du comité. « Honnêtement, je n'ai jamais accordé beaucoup d'importance à ça », a dit le chanteur.

La composition du dit comité a pourtant de quoi étonner. Sur douze membres, deux femmes seulement et aucun membre des communautés culturelles. Plus vieilles souches que ça...tu te mets à danser un set carré. On est bien en 2012, non? Pas en 72. Ça fait au moins 30 ans qu'on essaie d'ouvrir les vannes du projet souverainiste pour inclure davantage de Fernandez, de Schweitzer et de Nguyen. Plus de femmes aussi, la diversité sexuelle et culturelle, c'est plus intéressant pour tout le monde. Mieux: c'est absolument nécessaire à la survie du projet souverainiste.

Au cours des 50 dernières années, le poids démographique du Québec au Canada a chuté de 30 à 23%, et ce déclin continue à se creuser. En 2050, sera-t-on même un cinquième de la population? Sans l'apport des non-vieilles souches de tout acabit, la souveraineté apparaît à peu près irréalisable.

Autre petit détail: les femmes sont aujourd'hui majoritaires dans presque toutes les disciplines universitaires. Normalement, elles devraient être aux commandes de la province d'ici... 2075? Enfin, dans un futur plus ou moins rapproché. (Il faudrait demander à Pauline Marois pourquoi ça n'avance pas plus vite). Et pourtant, quand vient le temps de « penser le pays », ça demeure une affaire majoritairement de gars, aux noms de famille facilement prononçables, super sympathiques et allumés, soit dit en passant: Jean-François Lisée, Emmanuel Bilodeau... Qui peut demander mieux? Mais j'entends la patriote de l'année 2009, la regrettée Hélène Pedneault, crier au meurtre du haut de son fumoir céleste. (Ped, comme on l'appelait, a été une des grandes voix féministes et indépendantistes des dernières décennies).

Appellons ça le syndrome Parizeau: ce penchant, à un moment critique, de se mettre le pied dans la bouche concernant « l'autre », ceux et celles qui ne nous ressemblent pas tout à fait, qui se sont peut-être fait manger la laine sur le dos, eux autres aussi, mais c'est pas, et c'est là le problème, tout à fait la même laine. Il y a des jours où ces « étranges » (et on pourrait inclure les femmes de tête là-dedans) font partie de la grande famille québécoise et des jours où, pouf!, ils ne le font plus. Now you see them, now you don't...

C'est un travers particulièrement québécois qui se manifeste de différentes façons. Chez les souverainistes de la première heure, d'abord, toujours un peu tentés de faire porter l'odieux de la situation minoritaire (pensons à Jacques Parizeau le soir du référendum, à Lise Payette dans le documentaire Disparaître) sur les pas-comme-nous-autres. C'est la génération pour qui l'humiliation aux mains des Anglais est encore palpable, la génération de Canadiens français qui rêvent de se venger en formant un pays à eux. Ceux-là ont un esprit de famille redoutable, pour ne pas dire exclusif. Ils tricotent très serré.

Le travers se manifeste aussi, comme l'a démontré Paul Piché, en minimisant l'importance de conjuguer pluralisme et souveraineté. Venant d'un plus jeune, et surtout d'un artiste, c'était pour le moins surprenant. À mon avis, il ne s'agit pas de racisme, pas plus chez Parizeau et Payette que chez Piché; il s'agit seulement de ce sentiment de famille si caractéristique aux Québécois.

Le Québec moderne, après tout, c'est la fabuleuse histoire d'une petite gang qui, entre 1960 et 76, a littéralement changé le cours de l'histoire, et un paquet d'autres choses tant qu'à y être. Dans ce temps-là, la gang n'était pas très nombreuse et se ressemblait pas mal. On peut très bien comprendre qu'après un tel programme, et le sentiment de puissance qui en découle, on n'ait pas trop envie de céder le crachoir à ceux et celles qui n'y étaient pas à l'origine. La relève, ce n'est jamais simple, à plus forte raison quand il s'agit du grand rêve national.

Mais à un moment où la droite n'est pas seulement à Ottawa, mais prend du galon chez les souverainistes eux-mêmes, il me semble qu'il faut plus que du lip service en ce qui concerne le pluralisme québécois. Il est temps de passer aux actes.

Le plus étonnant là-dedans? Que la présidente du Comité stratégique sur la souveraineté, Pauline Marois, une femme qui doit en avoir long à dire sur la discrimination, n'ait pas insisté pour diversifier davantage son comité. C'est à se demander si elle y croit vraiment, à ce comité. Ou serait-ce une autre de ces « erreurs de jugement » qui ont marqué le parcours de la dame de béton?

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