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Le club 357c populaire chez les politiciens (VIDÉO/TWITTER)

Le club 357c populaire chez les politiciens

Deux ex-ministres du gouvernement libéral de Jean Charest, Line Beauchamp et Tony Tomassi, et des élus et des fonctionnaires de la Ville de Montréal ont été invités à fréquenter des entrepreneurs en construction associés au cartel des égouts actif dans la métropole au club privé 357c de Montréal.

Ces invitations sont consignées dans une liste d'événements qui se seraient tenus entre 2005 et 2012 au très sélect club privé de la rue de la Commune, dans le Vieux-Montréal, que l'enquêteur Érick Roy de la commission Charbonneau a passée en revue mardi et mercredi.

La liste permet aussi de constater que l'ex-argentier du parti du maire Gérald Tremblay, Bernard Trépanier, a été invité par l'entrepreneur en construction Paolo Catania, de Frank Catania et associés, pas moins de 19 fois au 357c. L'ex-agent officiel d'Union Montréal, Marc Deschamps, a aussi été invité à deux reprises au club, invité par M. Catania.

La même liste révèle que Paolo Catania a aussi invité, à de multiples reprises, des personnes accusées dans le dossier du Faubourg Contrecoeur à Montréal, dont Bernard Trépanier, l'ex-président du comité exécutif de la Ville, Frank Zampino, et l'ex-directeur général de la SHDM, Martial Fillion.

Frank Zampino a notamment été invité 18 fois au club 357c entre 2005 et 2009, dont 9 fois à l'invitation de Paolo Catania.

Plusieurs autres élus de Montréal, dont Sammy Forcillo, Claude Dauphin et Cosmo Maciocia, ont aussi été invités par Paolo Catania au 357c. Il en va de même du maire de Châteauguay, Sergio Pavone et du sénateur conservateur Leo Housakos.

L'enquêteur Roy s'est borné à énumérer la liste des événements qui auraient eu lieu au club, en présentant des fiches résumant le parcours et les liens d'affaires des individus. Il n'a pas établi de quoi ces gens auraient pu discuter lors de ces rencontres.

Le procureur de la commission, Denis Gallant, s'est borné à souligner qu'une série de rencontres réunissait plusieurs personnes accusées dans le dossier du Faubourg Contrecoeur.

Contre-interrogé par l'avocat du PLQ, Michel Décary, en début d'après-midi, l'enquêteur Roy a précisé que la liste qu'il présentait concerne des événements qui étaient prévus. Il ne peut cependant confirmer qu'ils ont bel et bien eu lieu.

Les audiences publiques de la commission ont été suspendues au terme de ce contre-interrogatoire. Elles reprendront le 21 janvier 2013.

La commissaire France Charbonneau a cependant annoncé qu'elle s'adresserait aux avocats et au public jeudi matin.

Des jours de préparation gâchés pour Me St-Jean

L'avocat de la Ville de Montréal, Martin St-Jean, a fait savoir mercredi matin sur Twitter que la commission Charbonneau « devait entendre des représentants de la Ville de Montréal aujourd'hui afin d'expliquer sa structure et ce qui a changé depuis 2009 ». Il ajoute : « Après plusieurs jours de préparation, nous sommes informés que cette présentation sera reportée à une date ultérieure. »

Tomassi et Beauchamp réunis avec Catania

M. Tomassi se serait rendu deux fois au club à l'invitation de Paolo Catania, de Frank Catania et associés, une entreprise de construction liée au clan mafieux Rizzuto.

L'ex-ministre de la Famille et adjoint parlementaire du premier ministre Jean Charest a été invité au club le 4 février 2008 et le 23 février 2009. Chaque fois, il était seul avec M. Catania.

La ministre Beauchamp a pour sa part été invitée deux fois au 357c par Rosaire Sauriol, du groupe Dessau. Elle s'y serait rendue le 26 février et le 18 mai 2007.

Mme Beauchamp, qui était ministre de la Culture et des Communications lors de la première rencontre, et ministre de l'Environnement lors de la seconde, faisait les deux fois partie d'un groupe d'une dizaine d'invités.

Parmi eux se trouvaient son ancien conjoint et organisateur libéral, Pierre Bibeau, Paolo Catania, Frank Minicucci, Bernard Trépanier, Frank Zampino et trois autres personnes liées à des firmes de génie-conseil, Michel Lalonde, Pierre Lavallée et Yves Théberge.

M. Minicucci, qui a travaillé pour Simard-Beaudry et Louisbourg Construction, a été décrit comme « le bras droit » de l'entrepreneur en construction Tony Accurso par l'enquêteur Érick Roy.

Il a par ailleurs été établi plus tôt par la commission que Frank Catania, qui a fondé la compagnie du même nom, est lié au clan mafieux Rizzuto. Les membres les plus influents du clan se sont cotisés pour lui offrir un cadeau de départ à la retraite.

Sa présence aux côtés de ministres du gouvernement du Québec soulève sans contredit des questions de sécurité.

Par voie de communiqué, Mme Beauchamp affirme que les deux rencontres ont été tenues à sa demande, à titre de ministre, pour des discussions de nature générale.

M. Bibeau a déjà été mis en cause devant la commission par l'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito. L'ex-propriétaire d'Infrabec a affirmé qu'il avait remis 30 000 $ en argent comptant à M. Bibeau au printemps 2009, dans la foulée d'une activité de financement organisée au profit de Mme Beauchamp.

Housakos et Poulin, hôtes et invités au 357c

L'homme d'affaires Léo Housakos a aussi été invité au club 357c par Paolo Catania le 4 avril 2008. Il s'y était aussi rendu le 17 mai 2007 à l'invitation de Bernard Poulin, président et chef de la direction de la firme de génie Groupe S.M. International. Bernard Trépanier était aussi présent.

M. Housakos a lui-même organisé un cocktail au profit de l'Action démocratique du Québec au club privé le 21 juin 2007. Parmi les invités se trouvait Joe Borsellino de Construction Garnier, qui a été identifié par Lino Zambito comme l'un des membres du cartel des égouts à Montréal.

Six autres personnes étaient invitées à ce cocktail, mais leur nom a été caviardé par la commission, puisqu'elles n'ont pu être liées aux enquêtes en cours.

Léo Housakos a été nommé sénateur par le premier ministre Stephen Harper le 22 décembre 2008. Il a auparavant été vice-président du développement des affaires de la firme de génie-conseil BPR, et président d'une filiale de BPR, TerrEau.

Outre M. Housakos, Bernard Poulin a invité Martial Fillion au 357c le 14 avril 2005. Il a aussi invité Bernard Trépanier et Frank Zampino le 12 mai de la même année, et Paolo Catania le 26 juin 2006.

Bernard Poulin et Léo Housakos ont été impliqués en avril 2011 dans une affaire d'ingérence politique et de jeux de coulisses impliquant le bureau du premier ministre Harper, la Ville de Montréal et des hommes d'affaires du milieu de la construction concernant la nomination du PDG du Port de Montréal.

Notons aussi que Paolo Catania a invité au 357 C l'ancien président-directeur général de l'Agence métropolitaine de transport, Joël Gauthier, à deux reprises en 2007. Avant d'être nommé à l'AMT en 2003, M. Gauthier avait été directeur général du Parti libéral de 1999 à 2003.

Yanai Elbaz, qui a été directeur au redéploiement, à la planifciation et à la gestion immobilière du Centre universitaire de santé McGill jusqu'en en octobre 2011, a aussi été invité à 10 reprises au club privé par Paolo Catania entre octobre 2007 et octobre 2012. Il y est aussi allé une fois à l'invitation de Rosaire Sauriol, en présence de Paolo Catania.

Paolo Catania fréquentait beaucoup le 357c

M. Roy a indiqué hier que la liste compilée par la commission à partir de la base de données du club 357c comprend les noms de 118 personnes qui intéressent les enquêteurs.

Les événements au 357c recensés mardi avaient permis de constater que Paolo Catania, Pasquale Fedele, qui travaillait à l'époque pour la même compagnie, et Bernard Poulin, président de la firme de génie-conseil S.M., étaient des membres du club, et qu'ils y invitaient régulièrement d'autres personnes.

Bernard Poulin a notamment rencontré Bernard Trépanier et Frank Zampino, au club 357c, ainsi que l'ex-directeur général de la Société d'habitation de Montréal (SHDM), Martial Fillion.

Pasquale Fedele a invité au club Robert Marcil et l'ingénieur Luc Leclerc. Ce dernier a déjà admis avoir touché au moins 500 000 $ en pots-de-vin de la part d'entrepreneurs en construction lors de son témoignage devant la commission.

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