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Concert historique de l'Orchestre du CNA et du Royal Philharmonic Orchestra de Londres (PHOTOS)

Concert historique de l'Orchestre du CNA et du Royal Philharmonic Orchestra de Londres (PHOTOS)
Fred Cattroll

En présence du Prince Charles, plus de 110 musiciens de l’Orchestre du Centre National des Arts d’Ottawa et du Royal Philharmonic Orchestra de Londres ont marié leurs accords et leurs nuances dans la capitale britannique. Sous la direction de Pinchas Zucherman, ils ont souligné le 100e anniversaire de la Première Guerre mondiale.

Depuis trois mois, plus de 800 000 coquelicots de céramique – un pour chaque soldat de l’Empire britannique tombé au combat durant la guerre de 1914-1918 – se déversent d’une fenêtre de la Tour de Londres pour se répandre telle une rivière pourpre devant les murs de l’ancienne forteresse.

Un conflit international auquel font écho les musiciens du CNA durant leur tournée au Royaume-Uni, qui s’est arrêtée au Southbank Center de Londres ce soir.

Après l’interprétation polie des musiciens du RPO d’Erbarme Dich, de Jean Sébastien Bach, les musiciens du CNA ont fait résonner la sensibilité du défunt compositeur canadien, Malcolm Forsyth, en jouant A Ballad of Canada.

Inspirée de poèmes de la Première Guerre mondiale, la pièce est une succession de contrastes évoquant les horreurs de la guerre, ponctuée d’éclaircies : après un début léger évoquant la nature, elle s’assombrit et retrouve des airs de brise estivale, avant de nous plonger dans un suspense inquiétant, un chaos percutant, une douceur apaisante et un hymne à la victoire.

Aux côtés de musiciens énergiques et nuancés, les chanteurs du London Philharmonic Choir avaient parfois du mal à suivre le rythme, particulièrement la section féminine, qui nous a offert quelques fausses notes.

Finale tonitruante

Le public a ensuite eu droit à la réunion tant attendue des deux orchestres, un défi musical particulièrement relevé, comme l’a expliqué le violoniste canadien, Jeremy Mastrangelo, en entrevue avant le spectacle.

« Il y a toujours un potentiel de désastre dans ce genre de rencontre, puisque chaque orchestre possède sa personnalité et ses couleurs. À force d’écoute et de sensibilité, nous sommes arrivés à nous retrouver. Lors de notre première pratique, hier, ce n’était pas tout à fait évident, mais lorsque nous avons répété au Southbank Center aujourd’hui, nous y sommes arrivés. »

Pour l’occasion, les deux orchestres et le chœur ont interprété la 9e Symphonie de Beethoven. Si certains ont pu soulever l’ironie de rendre hommage à la communion des nations lors de la Première Guerre mondiale en jouant l’œuvre d’un compositeur allemand, les autres se sont laissé transporter par la pièce de résistance de la soirée.

À la fois puissants et épiques, doucereux et enveloppants, les deux premiers mouvements de la symphonie ont révélé la grande cohésion de la section des cordes, alors que les cuivres et les bassonistes semblaient avoir du mal à se coordonner.

Lors du dernier mouvement, l’Hymne à la joie, le public a toutefois eu droit à de longs instants de cohésion parfaite. Menée à fond de train par un groupe de 20 contrebassistes et violoncellistes, la finale éblouissante a donné des frissons aux centaines de spectateurs.

Winnie l’Ourson et la guerre

Plus tôt dans la journée, quelques membres du CNA ont rencontré Lindsay Mattick, l’arrière-petite-fille d’Harry Colebourn, le soldat canadien derrière l’histoire de Winnie l’Ourson. Après avoir été achetée à un braconnier de White River par le lieutenant vétérinaire Colebourn, la bête a façonné l’histoire en étant transportée de l’autre côté de l’Atlantique pour égayer les troupes canadiennes basées en Angleterre. Winnie a été cédée au Zoo de Londres, à la fin de la guerre, avant d’inspirer les histoires de l’écrivain A.A. Milne, qui ne cessent de traverser les générations.

Une anecdote légendaire que Lindsay Mattick tient à garder vivante. « C’est spécial de savoir qu’une fiction qui a généré autant d’amour est basée sur une histoire aussi belle et significative. De tous les épisodes tristes de la Première Guerre mondiale, il y a aussi cette belle aventure qui a inspiré beaucoup de gens. Harry n’avait aucune idée de la joie qu’il apporterait aux soldats en achetant un ourson. Ça démontre à quel point un petit geste peut avoir un grand impact, même 100 ans plus tard. »

Ayant prénommé son fils Cole en l’honneur de son aïeul, la jeune femme lancera la semaine prochaine une exposition composée des journaux, des photographies et des équipements de vétérinaire d’Harry Colebourn, à l’Université Ryerson de Toronto. L’an prochain, elle publiera Finding Winnie, un livre illustré racontant la fabuleuse histoire du petit ourson.

Patriotisme

Sombre épisode de l’histoire, la Première Guerre mondiale a également été soulignée lors d’une journée étonnamment ensoleillée au Mémorial du Canada, à Green Park, près de Buckingham Palace. Un quatuor de cuivres a interprété Ô Canada, God Save the Queen, Dans les champs des Flandres et The Heavens de Beethoven, devant environ 200 personnes.

Parmi les dignitaires, les curieux et les touristes se trouvaient neuf amateurs de musique qui ont décidé de suivre la tournée du CNA à Londres et Salisbury. « Je ne dirais pas que nous sommes des groupies, mais assurément des passionnés de classique, assure Deborah Dempsey. Nous vivons à Ottawa depuis 15 ans et nous adorons l’orchestre. Nous avons décidé de les suivre, tout en découvrant une partie de l’Angleterre. »

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