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Construire un pont est un défi, le démolir aussi

Construire un pont comme le démolir est un défi
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Il y a un an, un nouveau pont de la longueur du pont Champlain était inauguré entre San Francisco et Oakland. L'ancien pont, la partie est du Bay bridge, était trop fragile pour résister aux tremblements de terre. On l'a donc remplacé, puis on a commencé à le démolir en novembre dernier. Aujourd'hui, à quelques mètres du nouveau pont, le vieux Bay Bridge est toujours là, coupé en deux.

Un texte de Jean-Sébastien Cloutier

« Je pense que la démolition du pont est le plus grand défi de tout le projet. Sa détérioration fait qu'il peut parfois être dangereux d'enlever des segments, il faut prévoir comment réagira la structure », explique Brian Maroney, ingénieur en chef du projet au Département des transports de la Californie.

Sans compter les enjeux liés à la protection de l'environnement. Le Bay Bridge est couvert de produits nocifs comme sa peinture, qui est à base de plomb. Et des colonies d'oiseaux y ont trouvé refuge; il faut penser à les reloger.

La gestion de tous ces problèmes exige du temps et de l'argent. On estime que démolir le Bay Bridge coûtera 300 millions de dollars et nécessitera trois années de travaux, peut-être cinq en comptant la partie immergée des piliers.

À Montréal, l'actuel pont Champlain subira le même sort à la fin de la décennie. Selon l'étude la plus récente qui date de 2010, sa démolition coûtera 155 millions de dollars et s'échelonnera sur trois ans.

Après moins de 60 ans de vie seulement, le pont Champlain disparaîtra donc du paysage. Comme à San Francisco, l'opération sera longue et minutieuse. Pas question de le faire imploser pour aller plus vite, confirme Marc Brazeau.

« Ça va être une déconstruction pièce par pièce pour des raisons environnementales surtout. Il y a quand même de forts courants d'eau ici, on ne voudrait pas que tous les matériaux s'en aillent plus loin dans le fleuve. »

Gilles Hébert est expert en démolition. Son entreprise - HBT- participe actuellement à la mise à terre de l'autoroute Bonaventure, au centre-ville de Montéral. Il soumissionnera la démolition du pont.

« C'est sûr que c'est un contrat de rêve [...] Si jamais on l'obtient, on va prendre des sections de tablier, on les lève, on les descend au niveau des barges et on va les démolir au sol ou sur la barge », explique-t-il.

Des remblais devraient être aménagés sur chaque rive parce que la faible profondeur de l'eau ne permettra pas aux barges de flotter.

Les matériaux au recyclage

La bonne nouvelle, c'est que la majorité des 13 000 tonnes d'acier et des 165 000 tonnes de béton du pont Champlain pourront être recyclées. D'ailleurs, comme à San Francisco, Ottawa pourrait fort bien essayer de faire baisser ses coûts en vendant les matériaux au démolisseur. L'entreprise de Gilles Hébert, par exemple, a l'habitude de recycler de « 95 à 98% » du béton et de l'acier.

D'autres enjeux liés à l'environnement devront être examinés, notamment le bruit et la poussière. Les démolisseurs devront penser à des façons de les atténuer lors des travaux. Une tâche qui sera particulièrement difficile par grands vents.

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