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La coopération internationale à échelle humaine: le défi des petites organisations

En appuyant des organisations locales, cela permet aux populations de devenir des acteurs de changement dans leur société.
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Ce billet du blogue Un seul monde, une initiative de l'AQOCI et du CIRDIS, a été écrit par Noémie Legendre, directrice générale de Développement, Expertise et Solidarité Internationale (DESI).

Au Québec, 67 organisations humanitaires et de développement international sont membres de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Une diversité intéressante puisque chaque organisme exprime sa solidarité internationale d'une façon différente, ce qui permet de rejoindre l'ensemble de la population québécoise.

De ce nombre, une vingtaine est considérée comme étant des « petites » organisations de coopération internationale (OCI). Celles-ci ont été créées pour répondre à des besoins spécifiques. En tant que gestionnaire d'une d'entre elles (DESI), je constate que, dans le contexte actuel, le défi de gestion des petites OCI est réel.

Projet de DESI pour l'autonomie financière des femmes à Niamey (Niger), janvier 2015

Comment faire leur place parmi les plus grands? Comment se concentrer sur leur mission sans s'étendre dans des actions trop vastes, tout en s'assurant d'un financement responsable et varié? Ces questions soulèvent un certain nombre de problématiques qui illustrent bien les défis auxquels les petites OCI sont confrontées.

Financement

Évidemment, dans le secteur de la solidarité internationale comme dans bien d'autres domaines, le financement est le nerf de la guerre. Il y a peu de financement auquel les petites OCI peuvent facilement accéder. Le financement est difficile à aller chercher et la concurrence entre OCI se fait de plus en plus ressentir. Cette concurrence est d'ailleurs assez paradoxale dans un domaine où la solidarité et la coopération sont supposées primer.

Une question primordiale se pose aussi pour chacun d'entre nous, mais particulièrement pour les gestionnaires des petites OCI. Désirons-nous faire évoluer notre organisation en fonction des sources de financement disponibles ou souhaitons-nous plutôt trouver des sources de financement qui collent à notre mission et à nos valeurs? Même si la réponse peut sembler évidente, dans la pratique, elle ne l'est pas. La compréhension de la recherche de financement varie selon la position des personnes liées à l'OCI, ce qui amène des défis supplémentaires. De plus, les frais d'administration sont considérablement plus élevés parce qu'ils ne sont pas nécessairement amortis sur différents projets.

Ressources humaines

Pour gérer une petite OCI, il faut être polyvalent et avoir la capacité à mener plusieurs dossiers de front. On doit penser à tout et accepter que parfois les résultats ne seront pas aussi satisfaisants qu'on l'aurait voulu. Comme gestionnaire, il est difficile d'accepter qu'on ne puisse performer dans tout, parce que la pression est forte.

Le manque de ressources financières amène aussi les petites OCI à faire appel à des bénévoles ou à des employés contractuels, souvent (peu) rémunérés par un programme d'employabilité. Cette situation se traduit par un grand roulement de personnel et, à long terme, un manque de mémoire institutionnelle. Bien que la bonne volonté des bénévoles soit louable, la gestion de ceux-ci peut être une tâche importante au quotidien. Il en va de même pour le travail avec un conseil d'administration, parfois ancré loin des réalités du milieu. Pour les gestionnaires, il s'agit tout de même d'un emploi stimulant et réellement formateur. Les connaissances acquises sont variées et permettent de développer des compétences en un temps record.

Sécurité

Plusieurs OCI ont comme principale vocation de travailler avec des Québécois et Québécoises qui iront partager leur expertise à l'étranger. Les événements des dernières semaines au Burkina Faso soulèvent d'importantes questions sur la sécurité des coopérants volontaires sur le terrain. Heureusement, les OCI prennent conscience collectivement que, pour certaines d'entre elles, leurs pratiques devraient être améliorées.

Pour toutes les OCI, la question de la sécurité s'avère primordiale. D'abord, il faut préserver la vie et la santé des équipes sur le terrain. De plus, un événement tragique aurait un impact à la fois sur la réputation de l'organisme et sur l'ensemble des acteurs de la coopération internationale. Toutefois, les moyens financiers limités, particulièrement des petites OCI, ne sont pas suffisants pour tout savoir de la situation géopolitique des pays d'intervention et bien connaître leurs spécificités. En l'absence de bureaux sur le terrain, il est difficile d'identifier adéquatement les risques présents.

Malgré toute leur bonne volonté, leurs précautions et leur professionnalisme, les OCI ne peuvent nier qu'elles font face à certains défis en termes de prévention et de sécurité. Elles doivent donc trouver de nouvelles façons d'assurer la sécurité de leurs coopérants sur le terrain, par exemple, par des formations prédépart sur les nouveaux risques de sécurité.

Et les solutions?

À mon avis, une partie de la solution se trouve dans la collaboration entre OCI. Petites, moyennes et grandes OCI ont intérêt à travailler ensemble.

Il faut apprendre à unir nos forces entre organisations partageant les mêmes valeurs et objectifs. Il faut favoriser le dialogue et s'appuyer l'un et l'autre dans nos défis respectifs. À un certain moment, chaque OCI tente de réinventer la roue alors que d'autres sont déjà passées par les mêmes questionnements ou problèmes. Il n'en demeure pas moins que le partenariat amène des défis considérables, notamment de préserver la culture de chacune des organisations en s'assurant que chacune y trouve son compte.

Pertinentes, les petites OCI?

Les constats précédents peuvent nous faire douter de la pertinence d'un aussi grand nombre d'organisations. Elles font pourtant un travail essentiel et de qualité. Chacune a sa spécificité, sa façon de travailler et s'avère être une actrice incontournable. Les actions de chacune alimentent l'ensemble du domaine de la solidarité internationale.

Malgré les défis, on y retrouve des gens engagés, souhaitant s'impliquer et transmettre leurs connaissances, au Québec ou à l'étranger. Une petite OCI amène un esprit convivial et familial. La proximité entre les membres et la permanence amènent des idées novatrices. Les gens sont passionnés et la force du réseau a un immense impact sur notre travail. Il ne faut pas oublier la pertinence des petites OCI présentes en région, qui font un travail remarquable. Ces organisations jouent un rôle immense dans l'engagement et la sensibilisation du public québécois sur les enjeux de solidarité internationale.

Pour terminer, il est aussi important de souligner le travail exceptionnel qui est fait auprès des partenaires locaux dans les pays en développement. Même en ayant peu de moyens, les petites OCI mettent en œuvre des projets prometteurs dont l'impact est parfois sous-estimé. À titre d'exemple, DESI appuie, depuis plusieurs années, des femmes nigériennes afin qu'elles deviennent plus autonomes financièrement. En appuyant des organisations locales, cela permet aux populations de devenir des acteurs de changement dans leur société, en plus de leur offrir des opportunités concrètes d'améliorer leurs conditions de vie.

N'hésitez pas à contacter Charles Saliba-Couture, fondateur et coordonnateur du blogue Un seul monde, pour en savoir davantage sur le blogue ou connaître le processus de soumission d'articles. Les articles publiés ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l'AQOCI, du CIRDIS ainsi que de leurs membres et partenaires respectifs.

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Mai 2017

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