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Coronavirus: «prenez la situation au sérieux», insiste une Montréalaise en Italie

L’Italie est en confinement; le pays a dépassé le cap des 1000 morts jeudi en raison de la pandémie. Geneviève Rabouin a un conseil pour les Québécois qui croient que certaines mesures sont exagérées: écoutez le gouvernement et faites confiance aux experts.
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Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Je suis en Italie depuis 2001, et à Vérone, dans le nord du pays, depuis 2015.

J’habite dans un endroit féérique. C’est un peu la campagne, mais en ville. Dans le nord de l’Italie, les gens travaillent beaucoup, c’est reconnu comme le coeur de la production du pays.

Mais le pays est en quarantaine depuis lundi soir. Les gens paniquent. La peur règne.

On ne peut pas se déplacer de ville en ville et on ne peut pas se déplacer pour rien: seulement pour aller à l’épicerie, à la pharmacie, pour des raisons de santé ou pour le travail.

Les gens qui doivent travailler pour produire la nourriture et ce qu’il faut pour les besoins de base ne veulent plus travailler. Ils disent qu’ils n’ont pas de bonnes conditions, entre autres parce qu’ils n’ont pas de masques. Ils ont peur. Toutes les sphères de la société sont affectées.

Quand on sort, il faut remplir une autodéclaration et l’avoir sur soi. On doit montrer le papier à la police si on tombe sur un barrage policier. Les amendes peuvent aller jusqu’aux accusations criminelles si on ment ou si on ne se déplace pas pour les bonnes raisons.

Dans les derniers jours, il y avait encore des gens dans les places publiques et au centre de Vérone. Mais là, tout est fermé parce qu’il n’y a plus de lieux où on peut se rassembler. Mon conjoint habite dans un autre appartement. Il a fait ses bagages et est venu me rejoindre chez moi.

Je ne suis pas une personne alarmiste dans la vie, mais moi aussi, j’ai un fond d’anxiété qui est présent. On ne peut pas contrôler ce qui se passe. L’important, c’est vraiment de respecter les règles du gouvernement.

“Le gouvernement ne fermerait pas l'Italie, n’arrêterait pas les activités commerciales et toute la vie du pays pour quelque chose qui n’est pas sérieux.”

L’Italie a normalement un bon système de santé. Tout le monde a un médecin de famille et il n’y a pas beaucoup d’attente pour voir un spécialiste.

Présentement, il n’y a plus de places aux soins intensifs en Lombardie. Il n’y a pas juste les malades du coronavirus, il y a d’autres gens qui ont besoin de soins. Les équipes médicales sont épuisées. Ils sont en train de nettoyer et désinfecter un endroit semblable à la Place Bonaventure à Montréal pour créer 600 lits de soins intensifs.

Je suis touchée financièrement par la situation actuelle. Je suis travailleuse sociale et counsellor de formation. J’offre actuellement un service de consultation en ligne. J’espère que ça va m’aider à survivre.

C’est aussi ça, l’inquiétude: il y a des gens qui vont être vraiment, vraiment mal pris. Si, en ce moment, on n’a pas un peu de liquidité ou une situation financière correcte, c’est vraiment difficile. Pour moi, personnellement, c’est assez inquiétant.

Prenez la situation au sérieux

Tout ça, ça doit influencer notre comportement personnel. Je pense qu’on a une responsabilité sociale. On a des droits, mais je pense qu’on a aussi des devoirs.

Sauvons nos parents, nos grands-parents, et les gens déjà malades, c’est la population la plus à risque.

Les gens disaient que la réaction des Chinois n’avait pas de bon sens. Mais ils ont pris des mesures draconiennes et ils ont eu des résultats.

Je vois que le gouvernement du Québec commence à prendre des mesures plus sérieuses. Je ne suis pas experte, mais, selon moi, plus les mesures vont être draconiennes dès le départ, plus il y aura une facilité à gérer l’expansion du virus.

Si vous pouvez, ne prenez pas le transport en commun. Si vous avez des soupers avec des amis, annulez-les. Lavez-vous les mains, ne vous touchez pas le visage. Écoutez les consignes des experts. Si vous avez des symptômes, informez-vous avant de vous déplacer.

Le gouvernement ne fermerait pas l’Italie, n’arrêterait pas les activités commerciales et toute la vie du pays pour quelque chose qui n’est pas sérieux. Les gens doivent prendre ça au sérieux. Ce ne sont pas des niaiseries.

Je sais qu’au Québec, ce n’est pas encore comme en Italie. Mais c’est important faire l’effort de changer vos comportements.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

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