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Nous sommes devenus ce couple qui parle de meubles

J'imagine que devenir adulte, c'est aussi ça.
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J'ai toujours ri de ceux qui parlaient de meubles. Forte de ma jeune vingtaine, je croyais que les meubles devenaient un sujet de discussion préoccupant lorsque deux personnes n'avaient rien à se dire. Lorsque je pensais à ces couples qui jasaient à propos de la couleur d'un divan, je revoyais cette phrase de Beigbeder : «La première année, on achète des meubles ; la deuxième année, on déplace les meubles ; la troisième année, on partage les meubles.»

Je ricanais intérieurement, même si j'étais la première à m'extasier devant les revues de décoration intérieure et les boutiques sur Saint-Laurent. N'était-ce pas un peu contradictoire ?

Lorsque je n'avais rien à faire, je surfais sur les sites d'agences immobilières afin de voir comment les autres décoraient leur intérieur et j'adorais ça. Pourtant, je croyais être au-dessus de ces affaires-là.

Puis, nous nous sommes rencontrés et j'ai voulu qu'on soit bien, qu'on soit confortable. J'ai réalisé que j'avais envie d'un chez-moi, d'un chez-nous, dans lequel nous aurions envie de passer du temps, beaucoup de temps. La vie en colocation était terminée.

Nous sommes devenus ce couple qui parle de meubles, entre deux croissants un dimanche matin, et ce, depuis près de deux ans. Pas de meubles beiges ni de meubles à crédit. Nos meubles, nous les avons parfois achetés sur Kijiji, d'autres fois chez un antiquaire et, lorsque nous avons été chanceux, nous les avons trouvés sur le bord de la route. C'est ce qui nous convenait.

J'ai réalisé que les meubles n'étaient pas seulement des meubles. Ils faisaient partie intégrante des souvenirs heureux que nous aimions nous rappeler. «Te souviens-tu de cette soirée où, assis sur le divan, nous avons mangé du chinois lors de notre première soirée à l'appartement ?» ou encore «Te souviens-tu à quel point notre premier matelas était inconfortable ?»

Les meubles, c'est aussi le souvenir d'une journée passée à assembler un lit IKEA en voulant lancer les morceaux par la fenêtre, mais c'est aussi le souvenir d'une journée passée à assembler un lit pour bébé et une table à langer.

C'est commencer au bas de l'échelle, étant étudiants, et tranquillement gravir les marches, au fur et à mesure que la vie avance. Une scolarité complétée, un nouvel emploi, un nouveau budget, un nouveau matelas. Nous pourrons peut-être acheter nos propres électros bientôt et enlever ce critère de la liste lorsque nous cherchons un appartement. Qui sait ?

Avant, je croyais que l'amour se suffisait à lui seul. Qu'un couple pouvait bien dormir dans un lit simple durant des mois. Je trouvais ça bohème et charmant. Toutefois, après quelques mois et plusieurs maux de dos, ce l'est devenu un peu moins.

Les meubles, c'est surtout le temps qui passe. C'est devenir autonome, c'est bâtir son nid, une chaise à la fois. Ce n'est pas plate et ça ne veut pas dire que nous n'avons rien à nous dire lorsque nous discutons de la configuration de notre 4½. Au contraire, c'est parce que nous avons envie d'être mieux et c'est encourageant. Ça signifie qu'on s'accorde de l'importance et que notre quotidien avance.

J'imagine que devenir adulte, c'est aussi ça.

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