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Les hommes plus touchés par la COVID-19 que les femmes? Cette étude s'intéresse à leur réponse immunitaire

Publiée dans la revue Nature, l'étude montre que la réaction immunitaire des hommes au coronavirus est moins importante que celle des femmes, surtout lorsqu'ils sont âgés.
Les hommes plus touchés par le Covid-19 que les femmes? Cette étude s'intéresse à leur moindre réponse immunitaire
askmenow via Getty Images
Les hommes plus touchés par le Covid-19 que les femmes? Cette étude s'intéresse à leur moindre réponse immunitaire

SCIENCE - Les hommes ont plus de risques d’être touchés par le coronavirus que les femmes. Depuis le début de l’épidémie de la COVID-19, les chiffres vont partout en ce sens: les hommes, d’autant plus s’ils sont âgés, sont plus susceptibles de tomber gravement malades s’ils sont atteints, voire de mourir.

Plusieurs hypothèses ont déjà été mises en avant pour expliquer ce constat, mais une étude publiée ce mercredi 26 août dans la revue Nature vient apporter une nouvelle pierre à l’édifice. Selon celle-ci, la réponse immunitaire au virus varie selon qu’on soit une femme ou un homme, et celle-ci est plus faible pour le second.

Le docteur Iwasaki, l’un des auteurs de l’étude, explique au New York Times avoir analysé avec son équipe les réponses immunitaires de 17 hommes et 22 femmes, après leur admission à l’hôpital pour cause d’infection par le coronavirus. Ils ont pris soin d’exclure de leur étude des patients prenant des médicaments pouvant affecter le système immunitaire.

Lymphocytes T

Ce qu’ils ont découvert, c’est que l’activation des lymphocytes T, ou cellules T -des leucocytes jouant un grand rôle dans l’immunité du corps- était bien plus faible chez les hommes, et plus faible encore s’ils étaient âgés. Cette faible activation des lymphocytes T allait de pair avec un degré plus prononcé de la maladie.

“Lorsqu’ils vieillissent, ils perdent leur capacité à stimuler les cellules T. Si vous regardez, ce sont ceux qui n’ont vraiment pas réussi à fabriquer des cellules T qui ont été les plus mal en point”, souligne le docteur Iwasaki.

Chez les femmes en revanche, et même les très âgées, la réponse immunitaire était assez bonne.

L’une des raisons avancées par les chercheurs pour expliquer ce phénomène est que le corps des femmes est habitué à lutter contre les agents pathogènes pouvant menacer un potentiel enfant à naître ou un nouveau-né.

Les femmes développent des réponses immunitaires plus rapides et plus fortes, peut-être parce que leur corps est “truqué” pour lutter contre les agents pathogènes qui menacent les enfants à naître ou nouveau-nés.

Réflexes immunitaires

D’autres chercheurs avançaient plus tôt dans l’année que cette meilleure réponse immunitaire chez les femmes était liée aux œstrogènes, l’hormone sécrétée par les ovaires. Dans un entretien accordé à la BBC, Sabra Klein, du Département de microbiologie moléculaire et d’immunologie de la John Hopkins University School of Public Health, juge que “les œstrogènes peuvent stimuler des réflexes immunitaires importants pour éliminer une infection virale et bien répondre aux vaccins”.

“Diverses études sur des souris infectées par la précédente épidémie de SRAS ont démontré que l’oestrogène jouait un rôle dans la manière dont les souris femelles contrôlaient mieux l’infection que leurs homologues masculins”, relève Sabra Klein.

Comme l’expliquait en avril dernier le HuffPost Espagne, d’autres hypothèses pourraient expliquer pourquoi le coronavirus tue plus les hommes que les femmes. En Espagne, “les hommes ont une prévalence plus élevée de symptômes (fièvre et toux), de pneumonie, de maladies sous-jacentes (cardiovasculaire, respiratoire, diabète) et un pourcentage plus élevé d’hospitalisation, d’admission aux soins intensifs et de létalité que les femmes”, relevait ainsi un rapport de l’Institut de santé Carlos III.

Teresa Pérez Gracia, professeure de microbiologie à l’Université CEU Cardenal Herrera, soulignait que cela pouvait être “associé au fait qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans les groupes à risque, qui sont ceux qui ont des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que du diabète”. Dans ces cas, “la réponse inflammatoire est beaucoup plus importante et donc la maladie plus sévère”, précise-t-elle. En effet, on constate qu’“il y a plus de cas de pneumonie sévère avec syndrome de détresse respiratoire chez l’homme que chez la femme”. Si la réponse inflammatoire est beaucoup plus grande chez les hommes, la maladie est plus sévère et potentiellement plus létale.

Question du vaccin

À ce jour, il n’existe pas de consensus scientifique permettant d’affirmer de manière certaine pourquoi les femmes meurent moins de la COVID-19.

L’étude de Nature, si elle vient apporter une explication supplémentaire, a elle aussi ses biais, à commencer par le groupe d’individus étudié, très faible et constitué majoritairement de personnes âgées de plus de 60 ans.

Ses résultats permettent toutefois d’encourager les chercheurs à explorer cette piste pour la suite. Et ils permettent d’ores et déjà de poser de bonnes questions en ce qui concerne un potentiel futur vaccin contre le coronavirus. “Vous pourriez imaginer des scénarios où une seule injection de vaccin serait suffisante chez les jeunes ou les jeunes femmes, quand trois injections pourraient être nécessaires chez les hommes plus âgés”, indique ainsi Marcus Altfeld, immunologiste à l’Institut Heinrich Pette et au Centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf en Allemagne, auprès du New York Times. En juillet dernier, on estimait à 58% le nombre d’hommes parmi les personnes décédées du coronavirus.

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

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