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Je voulais en finir avec la COVID-19, pensant que ce ne serait qu'une mauvaise grippe. J'ai eu tort.

Je suis très reconnaissante d'être en vie, mais huit semaines après l'avoir contractée, je ne m'en suis toujours pas complètement remise.
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«Je veux juste en finir avec ça.»

J’avoue que cette pensée m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises en 2020, à partir du moment où j’ai vu le virus du SRAS-CoV-2 se propager rapidement en Chine. Avant même que des cas ne soient signalés dans mon pays, aux États-Unis, je me souviens avoir dit à mon mari que les gens n’y portaient pas attention. Il pensait peut-être que j’étais un peu paranoïaque, mais en tant que personne atteinte d’une maladie chronique - qui à l’époque se demandait s’il fallait ou non commencer à prendre des immunosuppresseurs - il me semblait important de garder un œil sur la situation.

C’était il y a plus d’un an. Une partie de moi voulait contracter le coronavirus pour pouvoir le vaincre et traiter mon arthrite rhumatoïde (qui n’est pas considérée comme un facteur de comorbidité) sans trop de crainte. Mais rien n’aurait pu me préparer à la réalité des symptômes «modérés» de la COVID-19.

Certaines personnes peuvent penser qu’il est inévitable de contracter ce virus, et nous ressentons tous une grande fatigue liée à cette pandémie. Dans ma communauté rurale, j’entends encore régulièrement les gens proclamer que le COVID-19 est un canular ou que c’est «juste une grippe».

Beaucoup affirment qu’ils n’ont pas besoin de suivre les mesures sanitaires parce que ce coronavirus «n’affecte que les personnes atteintes d’une maladie préexistante et les personnes âgées» (comme s’ils étaient en quelque sorte remplaçables?). J’entends les gens autour de moi exprimer plus de craintes par rapport au vaccin que par rapport à la COVID-19.

Bien que certaines personnes aient la chance d’avoir des symptômes légers (ou même d’être asymptomatiques), les symptômes dits modérés de la COVID-19 peuvent être tout de même pénibles et traumatisants, et les symptômes graves représentent une urgence. J’ai fait suffisamment de recherches pour les articles que j’ai eu à écrire pour connaître les dommages qu’il peut causer au corps et aux organes, en plus du risque d’éprouver des symptômes à long terme. Un nombre croissant de preuves démontrent que le virus peut causer une psychose chez certaines personnes.

Ma maladie a fortement progressé l’an dernier sans être traitée, et mon corps a commencé à montrer des signes de dommages articulaires permanents, qui sont irréversibles. C’est pourquoi une partie de moi a voulu «en finir» dans l’espoir que je ne vive pas une forme sévère du virus.

En fait, j’espérais que si je la contractais, la COVID-19 me donnerait l’impression d’avoir la grippe, étant âgée dans la trentaine et n’étant pas considérée comme une personne à haut risque.

J’ai eu tort.

“Parfois, j'avais peur que mon corps perde la bataille. J'avais peur de m'endormir pour la nuit. Et si je me réveillais en suffoquant, ou si je ne me réveillais pas du tout?”

Bien que j’aie été prudente et que j’ai fait de mon mieux pour suivre les consignes sanitaires, j’ai contracté le coronavirus à la mi-décembre.

Combattre la COVID-19 a été complètement différent de ce que j’avais imaginé parce que les symptômes ne ressemblaient à rien de ce que j’avais connu dans le passé. Oui, il y avait de la fièvre, une toux creuse et inquiétante, des douleurs musculaires extrêmes et de la fatigue, mais c’était bien plus que ça... et ça ne ressemblait en rien à la grippe.

Ce à quoi je ne m’attendais pas, et rien n’aurait pu m’y préparer, c’est la douleur et la pression dans la poitrine et le sentiment persistant que je ne recevais pas assez d’oxygène. J’avais l’impression d’être déconnectée de mon corps, comme si je devenais folle. Je pouvais dire que mon corps s’activait à plein régime, alors qu’il luttait contre un envahisseur étranger et impitoyable.

Parfois, j’avais peur que mon corps perde la bataille. J’avais peur de m’endormir pour la nuit. Et si je me réveillais en suffoquant, ou si je ne me réveillais pas du tout? La COVID-19 n’est pas seulement une maladie physique, elle peut aussi causer beaucoup d’anxiété.

On m’a donné une brochure lorsque j’ai fait mon test de dépistage. Elle contenait une liste de signes à surveiller, énumérant des symptômes tels que des lèvres ou un visage bleutés, une incapacité à se réveiller ou à rester éveillé. Mes lèvres n’étaient pas bleues et je pouvais prendre une grande respiration, mais j’avais toujours l’impression que mon corps ne recevait pas assez d’oxygène. Je ne pouvais pas faire plus de quelques pas sans devenir extrêmement faible et étourdie, avec l’impression que le monde tournait autour de moi.

Je me sentais très malade, mais peut-être pas assez pour aller à l’hôpital. Je ne le savais pas non plus à ce moment-là, mais notre corps peut être en grand déficit d’oxygène sans ressentir les signes classiques comme l’essoufflement.

J’avais sous la main un médicament pour ma polyarthrite rhumatoïde et il m’a aidée à soulager temporairement mes symptômes. Mais la pression sur ma poitrine et mes difficultés à avoir suffisamment d’oxygène revenaient constamment, et je me suis demandée quels dommages cette inflammation constante pouvait causer dans mon corps.

Mon corps menait une guerre sans merci et, même si je dirais que je me sentais un peu mieux chaque jour, le stress du combat sur mon système immunitaire m’a fait développer un zona environ deux semaines après avoir contracté la COVID-19. Le zona était pénible, mais pas aussi effrayant que le coronavirus.

Nous entendons souvent parler des taux de mortalité liés à ce virus, mais ça ne dit pas tout. Il n’y a aucune garantie avec ce virus, et il n’y a aucun moyen de savoir avec certitude comment votre corps va y réagir. Ça ne signifie pas que nous devons vivre dans la peur, mais plutôt que nous devons vivre en tenant compte des autres, en faisant de notre mieux pour protéger les plus vulnérables et nous-mêmes. La COVID-19 ne doit jamais être considérée comme une grippe ou comme toute autre maladie connue des humains.

Je suis très reconnaissante d’être en vie, mais je ne me sens pas complètement «rétablie». À ce jour, huit semaines après avoir reçu un test positif, je ne peux toujours pas tenir sur un appareil elliptique plus de 10 à 15 minutes sans avoir de douleurs à la poitrine. Mon endurance a chuté de façon spectaculaire. Je lutte contre des douleurs thoraciques persistantes, l’essoufflement, la fatigue et d’autres symptômes étranges, comme la sécheresse de la bouche et l’insomnie. Malheureusement, avec la COVID, être «guéri» ne signifie pas toujours être «en bonne santé».

Pendant que notre famille était en quarantaine, une enfant de notre quartier voulait jouer avec notre fils, et elle a frappé à la porte sans relâche jusqu’à ce que mon mari crie que nous avions la COVID-19.

«La COVID, c’est faux!» a-t-elle répondu en criant.

«Non, ça ne l’est pas!» a répondu mon mari. C’est vrai, et pour beaucoup de gens, ça ne ressemble pas à la grippe. Je l’ai appris à la dure.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost États-Unis a été traduit de l’anglais.

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