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«Cuties»: une (fausse) controverse teintée de confusion?

Le film français a suscité la critique de milliers d'utilisateurs de Twitter, avançant qu'il fait l'apologie de l'hypersexualisation des préadolescentes.

Samedi dernier, le nouveau chef du Parti conservateur du Canada Erin O’Toole a publié un message sur Twitter dénonçant le film Cuties (Mignonnes), de la réalisatrice française d’origine sénégalaise Maïmouna Doucouré.

Le politicien affirme être «profondément troublé», parce que selon lui, «c’est de l’exploitation et c’est mal.»

Or, le long métrage aspire plutôt à dénoncer l’hypersexualisation des préadolescentes. Présenté en première au festival de films de Sundance 2019, il y a d’ailleurs remporté un prix de réalisation.

Il évoque l’histoire d’Amy, Parisienne de 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et la tyrannie de l’apparence et des réseaux sociaux, qui joue à plein chez les enfants de son âge. Elle intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives, à l’instar de celles de beaucoup de stars de la pop actuelle.

Malgré cela, M. O’Toole intégrait ainsi un mouvement qui a pris beaucoup d’ampleur récemment. Jeudi dernier, plus de 200 000 tweets ont utilisé le mot-clic #CancelNetflix pour appeler la population à boycotter le film, qui est diffusé sur la plateforme, et à carrément annuler leur abonnement à celle-ci. Ces milliers d’utilisateurs du réseau social estiment que le long métrage fait la promotion de la pédophilie.

Si les attaques sont venues de tous types d’internautes jeudi, y compris à gauche, le sujet a incontestablement rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain dont certains sont candidats au Congrès.

«La pornographie juvénile est illégale en Amérique», a tweeté DeAnna Lorraine, qui fut candidate républicaine en Californie pour un siège à la Chambre des représentants.

Bien avant la sortie sur Netflix, la campagne de promotion de la plateforme de diffusion a créé l’émoi il y a quelques semaines; elle montrait lesdites fillettes, en tenues ajustées, prenant des poses plutôt suggestives.

L’affiche originale produite pour la sortie française du film représentait plutôt les jeunes filles tout sourire, trottant dans la rue, lançant des confettis.

Après s’être fait reprocher de promouvoir la pédophilie, Netflix a présenté ses excuses et annoncé avoir retiré le controversé visuel de son site.

À la défense du film

Face à ce torrent de critiques, ils ont été quelques-uns jeudi à monter au créneau pour défendre le film, parmi eux la comédienne américaine Tessa Thompson (Creed, Avengers: Endgame), qui l’a trouvé «magnifique».

«Il permet à une nouvelle voix de s’exprimer», a-t-elle écrit sur Twitter, en référence à la réalisatrice Maïmouna Doucouré, qui «puise dans son expérience». «Je suis déçue par le discours actuel» qui critique le film, a-t-elle ajouté.

La principale intéressée a par ailleurs défendu son film lundi, devant un panel du festival de films de Toronto (TIFF); elle explique qu’elle a créé son film pour inciter au changement et à une prise de conscience sociale.

«C’est parce que j’ai vu tant de choses et constaté tant de problèmes autour de moi vécus par des jeunes filles que j’ai décidé de faire ce film et de sonner l’alarme, et d’affirmer que nous devons protéger nos enfants», a affirmé Maïmouna Doucouré lundi.

«C’est tellement important et nécessaire de créer un débat et d’essayer de trouver des solutions; pour moi en tant qu’artiste, pour les politiciens et les parents. C’est un vrai problème», a conclu la réalisatrice.

Avec l’Agence France-Presse

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