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«Dans l'intimité du pouvoir», de Dominique Lebel : le gouvernement Marois vu de l'intérieur

«Dans l'intimité du pouvoir» : le gouvernement Marois vu de l'intérieur
Courtoisie Boréal : Jean-René Parenteau

QUÉBEC – Fait inusité au Québec, le directeur de cabinet adjoint de Pauline Marois publie ses notes personnelles sur ses 18 mois au pouvoir. Le résultat est un livre pour initiés sur les dessous de la politique.

Homme à l’éternel nœud papillon, Dominique Lebel affectionne aussi les petits calepins noirs où il consigne des notes au quotidien. Ce sont ces fragments de la vie du gouvernement Marois qu’il publie dans son livre Dans l’intimité du pouvoir, qui paraît mardi chez Boréal.

«J’ai écrit le livre que j’aurais aimé lire, confie l’auteur. C’est un témoignage de mon expérience. Ce n’est pas une biographie de madame Marois. C’est la vision d’un conseiller politique très proche d’elle, dans une période quand même assez mouvementée.»

D’ailleurs, il n’a pas soumis son manuscrit à celle qu’il nomme «Madame» tout au long du récit, ni au PQ. Tout au plus a-t-il averti son ex-patronne de sa démarche. «Je crois que la relation de confiance était suffisamment établie pour qu’elle n’ait pas de craintes», dit-il.

Dominique Lebel a choisi de publier ses notes prises à chaud, plutôt que d’en faire le point de départ d’une analyse en profondeur des événements. «Je ne souhaitais pas faire un livre de science politique ou un livre d’analyse, explique-t-il. La forme d’un journal permet de présenter comment les événements arrivent vus de l’intérieur d’un cabinet de premier ministre.»

En effet, voir les noms défiler au cours d’une même journée donne parfois le tournis. Il y a notamment cette rencontre discrète au Club Mont-Royal avec seize gens d’affaires, dont Alain Bouchard (Couche-Tard), Michael Sabia (Caisse de dépôts) et l’avocat Marcel Aubut. Mais la rencontre la plus étonnante demeure sans aucun doute celle qui eut lieu entre Paul Desmarais fils et la leader souverainiste dans les bureaux montréalais de Power Corporation.

Et c’est sans compter les interventions quotidiennes auprès des ministres et des médias. «C’est la première chose qui m’a frappé : la différence entre le cabinet d’un ministre et le cabinet d’un premier ministre, dit celui qui a travaillé aux côtés du ministre Gilles Baril sous le gouvernement de Lucien Bouchard. Il faut maîtriser tous les dossiers, tous les jours, en même temps.»

Dans l’intimité du pouvoir n’a rien du règlement de comptes. Tout au plus, Dominique Lebel écorche-t-il au passage quelques ex-ministres. «Drainville a bien de la difficulté à ne pas faire savoir ce qu’il pense», écrit-il notamment.

La formule des notes laisse toutefois peu de place à la profondeur et à la mise en perspective. On passe rapidement sur les événements et le lecteur doit replacer lui-même les informations dans leur cadre historique.

Par exemple, la souveraineté est évacuée en quelques phrases de la prochaine campagne électorale. «Je ne crois pas que nous pourrons annoncer le tenue d’un référendum dans le prochain mandat», lance Pauline Marois. Qu’en pense l’auteur? Les gens autour de la table?

Un des événements auxquels l’auteur s’attarde un peu plus est le battage médiatique entourant la sortie du livre La bataille de Londres, où on apprend que le juge en chef de la Cour suprême aurait aidé le premier ministre Pierre Elliot Trudeau dans le rapatriement de la constitution canadienne. Le bureau de la première ministre a manœuvré pour forcer le fédéral à reconnaître ses torts, révèle Dominique Lebel. Toute une stratégie a été mise en place, dont une sortie de l’ex-premier ministre Lucien Bouchard dans les médias.

On aurait aimé avoir plus souvent accès à ces confidences de coulisses.

Parmi les autres moments marquants, notons la réaction du gouvernement à la tragédie de Lac-Mégantic. ««Elle rassemble, apaise. Nous sommes à vos côtés. Elle est première ministre. Peut-être pour la première fois», écrit-il au sujet de cet événement pourtant survenu près d’un an après l’élection de Pauline Marois.

Dominique Lebel explique en entrevue que Pauline Marois était beaucoup plus «aux commandes» de son gouvernement que la population semblait le croire. «Quand on arrive à Lac-Mégantic, c’est probablement une des premières fois dans le mandat où le public le réalise aussi», glisse-t-il.

Fait étonnant, Dominique Lebel évoque à peine l’attentat contre Pauline Marois le soir de son élection. «Je n’en parle pas pour une raison bien simple : elle n’en parle jamais, dit-il. Je ne me rappelle pas d’avoir eu une discussion avec elle à ce sujet.»

Dominique Lebel explique ce silence par une volonté de la première ministre fraîchement élue de passer rapidement à autre chose. Elle n’a évoqué les événements qu’une fois, à la date du premier anniversaire. Il ajoute : «Je ne sais pas si un jour elle va vouloir en parler.»

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